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LR : vers une surprise dans l’élection du nouveau président du parti
©JOEL SAGET / AFP

Primaires bis repetita ?

L'élection du président des Républicains se déroule ce samedi. Ce scrutin reste indécis entre Christian Jacob, Guillaume Larrivé et Julien Aubert.

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Atlantico.fr : Le premier tour de l'élection du président des Républicains (LR) a lieu ce samedi. Beaucoup d'observateurs donnent Christian Jacob gagnant. Pourquoi, au regard de l'histoire de LR, l'élection n'est pas faite ? 

Maxime Tandonnet : Christian Jacob est donné comme le grand favori. Cependant, lors d’élections de ce genre, internes à un parti ou à un camp politique, l’expérience montre que rien n’est joué d’avance. Pourquoi ? Les électeurs ne vont pas, contrairement, à une élection nationale, chercher l’unité ou le consensus, le centre, ce qui rassure, mais au contraire, pencher vers les positions les plus nettes et les plus tranchées. Dès lors, tout peut basculer très vite. On se souvient comment Mme Alliot-Marie avait emporté la présidence du RPR contre M. Delevoye en 1999, M. Copé, avec des positions dures, contre M. Fillon en 2012. Dans un autre contexte, celui des primaires en 2016, c’est Fillon qui présentait le projet le plus radical qui a gagné contre M. Juppé pourtant grand favori, ou Hamon, le plus à gauche, contre M. Valls, lui aussi grandissime favori, pour le PS. Ce n’est pas le plus consensuel qui l’emporte, mais celui qui sait le mieux se singulariser et convaincre les militants ou les sympathisants par un discours idéologique. 

On estime qu'une participation de 50 000 adhérents serait déjà quelque chose d'extraordinaire. Avec ces chiffres, la prévision est-elle vraiment possible ?

Maxime Tandonnet : Elle est possible bien sûr, sur un échantillon représentatif, mais fortement aléatoire. 50 000 personnes forment un ensemble plutôt homogène sur le plan idéologique de personnes qui partagent des convictions en commun, une sorte de famille étendue et partageant un socle de croyances et d’espérances. Ce groupe, animé par une dynamique dominante peut facilement bouger  et basculer dans un sens ou dans un autre. Donc il est difficile d’anticiper sur les sensations qui peuvent l’entraîner et le pousser majoritairement, jusqu’au dernier moment d’un côté ou l’autre. Une vraie incertitude domine ce type de scrutin. 

Guillaume Larrivé et Julien Aubert n'incarnent-ils pas un renouveau idéologique qui a pu plaire aux militants LR, contrairement aux positions de Christian Jacob, et qui va jouer dans leur décision ?

Maxime Tandonnet : Tous deux, M. Larrivé et M. Aubert ont une posture très caractérisée sur le plan idéologique. Julien Aubert est avant tout sur une ligne « gaulliste sociale » et souverainiste. Guillaume Larrivé est sur un positionnement régalien, porté sur les sujets immigration et sécurité. Cela n’empêche pas Julien Aubert d’avoir pris lui aussi des positions très fermes sur l’immigration et Guillaume Larrivé de se rapprocher de certaines thèses gaullistes souverainistes. Le premier semble s’inspirer de Philippe Séguin et le second de Nicolas Sarkozy dont il fut un proche collaborateur. Tous deux renouent avec un positionnement comparable à celui de l’UDR et du RPR des années 1980. Or, il est probable que cette sensibilité est dominante chez les militants qui s’apprêtent à voter. Christian Jacob même s’il a beaucoup durci son discours sur les sujets régaliens, incarne une ligne plus centrale, chiraquienne ou juppéiste, notamment sur l’Europe. En tout cas, il est très intéressant de constater que cette élection va se jouer sur un débat d’idées et de convictions, et sûrement pas, pour la première fois depuis longtemps, sur le choix d’un champion pour être candidat à l’Elysée. Les sujets régaliens, en particulier l’immigration, la sécurité, le terrorisme, y ont pris une importance considérable. Les trois hommes sont irréprochables sur le plan de l’intégrité. En un sens, oui, cette élection est bien placée sous le signe du renouveau à droite. 

Jean-Sébastien Ferjou : Vers une surprise Julien Aubert à l'élection pour la présidence des Républicains ? Sur un électorat limité en nombre et en participation, les différentiels de mobilisation peuvent vite faire la différence. 

Même si les militants fidèles à Christian Jacob sont majoritaires dans les fédérations, on peut imaginer que la motivation à se déplacer pour un candidat qui ne propose pas vraiment un autre projet que la préservation du cartel électoral existant est (relativement) moindre. 

Au sein d'une droite déboussolée, tiraillée entre la nostalgie de Nicolas Sarkozy, le fantasme Marion Maréchal et le hold-up d'Emmanuel Macron sur une partie de son électorat comme de son ADN politique, les deux propositions de Julien Aubert et de Guillaume Larrivé de reconstruction pourraient faire la différence. 

Au terme de cette campagne interne passée sous les radars médiatiques, Julien Aubert semble avoir un peu plus gagné en densité aux yeux des militants comme des cadres que Guillaume Larrivé et se trouver plus proche du centre de gravité "gaullo-sarkozyste" du coeur de l'électorat. 

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