LR : les vieilles haines recuites de la droite resurgissent<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy prend la parole lors d'une réunion de campagne avec Valérie Pecresse, le 6 octobre 2014, à Vélizy-Villacoublay.
Nicolas Sarkozy prend la parole lors d'une réunion de campagne avec Valérie Pecresse, le 6 octobre 2014, à Vélizy-Villacoublay.
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

2022

A quelques jours du meeting décisif de Valérie Pécresse à Paris, la campagne présidentielle à droite est marquée par le ralliement d'Eric Woerth et de Natacha Bouchart (maire LR de Calais) à Emmanuel Macron, par le silence de Nicolas Sarkozy et par des tensions entre Patrick Stefanini et Rachida Dati.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Si un meeting ne fait pas une élection, celui que Valérie Pécresse organise ce dimanche au Zénith à Paris, prend pourtant la tournure d’un moment de vérité pour la candidate LR. Elle joue en effet très gros, car à ce stade, sa campagne ne « décolle » pas. Les derniers sondages la placent derrière Marine Le Pen qui conserve la deuxième place derrière Emmanuel Macron et au coude à coude avec Erice Zemmour. La candidate LR stagne autour de 15% d’ intentions de vote, et elle est confrontée à une nouvelle série de défections dans son camp, cette fois en faveur d’Emmanuel Macron.

Après Eric Woerth et l’ancienne ministre Catherine Vautrin qui ont rejoint le camp d’Emmanuel Macron, c’est la maire LR de Calais Natacha Bouchart (- vice-présidente du Conseil Régional des Hauts de France dirigé par Xavier Bertrand) qui crée la surprise en, souhaitant qu’Emmanuel Macron « soit réélu », ce qui revient à appeler à voter pour le président de la République (- lorsqu’il sera candidat), en avril prochain. A ces défections viennent s'ajouter les rumeurs autour du scepticisme de Nicolas Sarkozy sur ses chances de gagner la présidentielle. L’ancien président qui reçoit beaucoup dans ses bureaux, se garde bien de démentir les propos peu flatteurs sur Valérie Pécresse qui se retrouvent dans la presse, rapportés par ses interlocuteurs. « Manque d’empathie », « inexistante » sont les qualificatifs le plus souvent rapportés, mais aussi manque de vision, de projet.

Mais en attendant une éventuelle clarification, les critiques se portent sur l’entourage de la candidate, phénomène bien connu dans une campagne qui connait quelques difficultés ; en l’occurrence elles visent sont directeur de campagne, Patrick Stefanini. Celui-ci est  auréolé d’une réputation de « faiseur de rois », pour avoir dirigé la campagne victorieuse de Jacques Chirac en 1995, co-dirigé celle de 2002, et dirigé la campagne victorieuse de Valérie Pécresse en Ile-de-France en 2015. Il a également été le directeur de campagne de François Fillon en 2017, qu’il a quitté après le refus du candidat à la présidentielle de se retirer après sa mise en examen. Il a fait l’objet d’un flingage en direct par la maire du 7e arrondissement qui reproche  à la campagne de « partir dans tous les sens » et  a qualifié Patrick Stefanini de « loser ». Entre  Rachida Dati et  Patrick Stefanini, l’inimitié est ancienne.

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En 2012, Rachida Dati n’a pas digéré que François Fillon se parachute dans la deuxième circonscription de Paris (- englobant le 7e arrondissement  qu’elle visait alors. Et si Patrick Stefanini n’était pas en première ligne à l’époque, il incarne pour elle la tendance non sarkozyste de LR, autrement dit celle des chiraquiens versus les balladuriens dont Nicolas Sarkozy était le chef de file. Une grande partie des députés avaient à l’époque soutenu Edouard Balladur… Ce clivage ne s’est jamais résorbé au sein du parti LR. Valérie Pécresse revendique sa filiation « chiraquienne », et Nicolas Sarkozy, dont elle a été la ministre, lui reprocherait aujourd’hui d’en faire trop étalage. Billevesées ? La politique est aussi faite de « sensibilités ». Le PS  s’est nourri pendant des années des oppositions entre mitterrandistes et rocardiens, puis entre jospinistes et fabiusiens. Pour LR aujourd’hui c’est une question de survie. L’ancienne UMP est coincée entre l’extrême-droite doublement incarnée par Eric Zemmour et Marine Le Pen et Emmanuel Macron qui entend balayer tout le spectre politique jusqu’à l’extrême gauche. Le Président de la République qui engrange des ralliements de gauche (-celui de François Rebsamen, le maire de Dijon est imminent ! ), comme de droite. Les « Marcheurs » savourent ces ralliements qui viennent grossir les rangs de la majorité présidentielle. Depuis 2017, nombre de personnalités de LR ont déserté le parti, à commencer par l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Ces départs ont eu lieu au fil des mois, après la formation du gouvernement d’Edouard Philippe, avec Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. De nouveaux ralliements à Emmanuel Macron sont attendus dans les prochains jours. Provoqueront-ils une inexorable glissade de la candidature Pécresse ? Ou auront-ils un effet nul sur l’électorat ? La réponse est en partie dans le discours que Valérie Pécresse doit prononcer au Zénith ce dimanche. Ce jeudi soir, Valérie Pécresse, qui a été désignée Personnalité Politique de l’année par le Trombinocope, a comparé la campagne présidentielle à la guerre des Etoiles, s’attribuant le titre du « Retour du Jedi ». Ses partisans en attendent la preuve ce dimanche.

Anita Hausser et Jean-François Gintzburger ont publié « Gérald Darmanin, Les secrets d’un ambitieux » aux éditions de l’Archipel

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