Loi sur le harcèlement sexuel : bienvenue dans la République des Catwomen<!-- --> | Atlantico.fr
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Avec l’arrivée de Valérie Trierweiler, les Catwomen ont officiellement inauguré leur règne : celui des femmes impétueuses, qui prennent le pouvoir et l’assument avec une manifeste répulsion pour la virilité.
Avec l’arrivée de Valérie Trierweiler, les Catwomen ont officiellement inauguré leur règne : celui des femmes impétueuses, qui prennent le pouvoir et l’assument avec une manifeste répulsion pour la virilité.
©DR

Miaou

La nouvelle loi sur le harcèlement sexuel a été publiée lundi au Journal officiel. Une publication qui met fin à une période de vide juridique et protège les femmes. Mais quid des hommes et de l'égalité des citoyens devant la loi ?

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Certains d’entre nous se souviennent qu’en 2004, la superbe Halle Berry a incarné une agressive et dominatrice Catwoman, d’ordinaire personnage secondaire de la série Batman. Elle y portait une tenue de cuir, avec un masque à oreille de chats, et apparaissait comme la renaissance triomphante d’une femme soumise dans une vie précédente.

Pour les vieux matous que certains d’entre nous sont, ce spectacle d’une femme féline bardée des fétiches du sado-masochisme est un spectacle divertissant, à la limite du convenable et du polisson. Pour les hommes à tendance un peu soumise, la Catwoman constitue une version aboutie de la perfection féminine, à la fois protectrice et castratrice, douce et impitoyable. Pour d’autres, enfin, la majorité sans doute, Catwoman est une vision caricaturale de la femme, qui ne correspond pas à l’aspiration à l’égalité des sexes dont ils sont porteurs.

Chacun y reconnaîtra la sienne.

Le plus plaisant est que la France, depuis le 6 mai 2012, est devenue sans que nous ne nous y attendions vraiment un refuge rêvé pour les Catwomen, une sorte de royaume fétichiste.

Nous en avions une préfiguration avec la candidature de Ségolène Royal, en 2007. Mais préfiguration seulement, car le personnage se drapait volontiers dans la blancheur candide d’une Jeanne d’Arc justicière, là où Catwoman assume une dimension obscure.

Avec l’arrivée de Valérie Trierweiler, les Catwomen ont officiellement inauguré leur règne : celui des femmes impétueuses, qui prennent le pouvoir et l’assument avec une manifeste répulsion pour la virilité, quand elles ne glissent pas vers une agressivité toute féline vis-à-vis de leurs homologues.

De ce triomphe de la dominatrice, le débat parlementaire sur le harcèlement sexuel nous a donné de superbes exemples. Certains esprits naïfs pouvaient en effet imaginer que la loi était la même pour tous et ne visait pas expressément telle ou telle catégorie de la population. Cet universalisme n’a manifestement plus cours dans la République des Catwomen.

La présentation du texte à l’Assemblée Nationale par Christiane Taubira en a donné les premiers coups de semonce, avec cette phrase étrange en conclusion : « Nous sommes en réalité amenés à nous interroger sur le pouvoir instauré à l’échelle individuelle par un ordre social, politique et économique masculin dans une société sexuellement hétéronormée. » En français contemporain, j’ai cru comprendre que cela signifiait : pourquoi les hommes sont-ils encore dominants à la maison, alors qu’ils ont perdu le pouvoir dans la cité ?

Mais le festival a véritablement pris son envol avec les déclarations de la ministre des Droits de la Femme, Najat Vallaud-Belkacem : « Parce que cette loi sur le harcèlement sexuel est une des toutes premières de la législature, elle porte un message très fort. Le harcèlement est un fléau social. Il prend ses racines dans une culture de la domination masculine dont certaines manifestations deviennent intolérables et ne doivent plus être passées sous silence. »


Plus loin : « Le harcèlement, comme toutes les violences faites aux femmes, pèse sur les victimes et met plus largement en cause l’ensemble du fonctionnement de notre société. »

Et encore : « Il nous faut remonter à 2000 et à la grande enquête nationale sur les violences envers les femmes pour avoir quelques éléments démontrant la fréquence de ces agissements et soulignant l’ampleur de l’occultation des faits chez les victimes. Nous allons prochainement, je m’y engage, renouveler cette enquête, mais nous ne disposons pas aujourd’hui de données suffisamment récentes. »

Soyons clairs ! Je n’ai aucune forme de pitié pour les petites frappes qui profitent de leur position de force pour exercer des menaces sur des femmes, pour les angoisser, ou pire, pour leur imposer des agissements ou des comportements intimes.

Mais enfin, nous sommes en République, et rien ne justifie qu’une loi sanctionnant le harcèlement sexuel donne lieu à un tel détournement de ce qu’est une loi en général : une norme applicable à l’ensemble de la société, et pas seulement à la moitié de la population.

Le harcèlement sexuel est pourtant un sujet consensuel : personne ne le défend - je veux dire aucun démocrate. Pourquoi le transformer en un règlement de compte contre une société de la domination masculine, alors qu’en principe, les femmes harcelantes sont visées par le texte tout autant que les hommes harcelants ? Pourquoi réclamer une enquête nationale sur le seul harcèlement dont les femmes sont victimes, et ne pas chercher à faire la lumière sur toutes les formes de harcèlement sexuel ?

Cette question n’est pas qu’une affaire de symbole. Il serait intéressant de savoir, par exemple, combien de juges femmes accordent le droit de garde des enfants... aux femmes, dans les divorces, tout en déplorant régulièrement le manque d’implication des pères.

Car la République des Catwoman est bien l’espace de l’injonction paradoxale : d’un côté, une grande dénonciation de la domination masculine. De l’autre, une longue plainte contre la perte de l’autorité paternelle, ou le manque d’implication des pères dans l’éducation des enfants.

Et si nous revenions à notre République de l’égalité quelque soit le sexe ?

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