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Loi El Khomri : quand les malheurs de Manuel Valls font le bonheur d'Emmanuel Macron
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Atlantico Business

Valls assume ses erreurs et prend tous les coups ? Emmanuel Macron qui avait été mis à l'écart est protégé.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Revers de l'histoire. Manuel Valls avait empêché son ministre de l'Economie de présenter un Macron II, une loi de libération des opportunités de croissance, ceci pour éviter qu'il ne lui fasse trop d'ombre. Le résultat c'est que la loi Macron II est devenue la loi El Khomri mais dont les paroles et musiques ont été écrites par Matignon et du coup le Premier ministre se retrouve en galère.

Emmanuel Macron lui s'est retrouvé contraint de faire le service minimum sur l'air de "si vous m'aviez laissé faire la pédagogie de cette réforme, ça se serait peut-être mieux passé".

Valls rame en public, c'est l'affront. Macron rigole en catimini, c'est la revanche.

Le projet de loi de réforme du droit du travail n'est pas complètement sauvé. Le front syndical est durement fracturé, c'est vrai. Les étudiants ont été achetés, et l'opposition de gauche semble un peu refroidie.

Cela dit, il va falloir passer le projet au Parlement, assumer les amendements, vérifier au Conseil d'Etat si tout est conforme, et bousculer tout le monde pour que la mayonnaise prenne avant l'été.
Pas facile, alors Manuel Valls a fait à la demande du président de la République quelques concessions de poids (sur les licenciements, le contrat de journée) mais jusqu'alors l'essentiel a été préservé.

Il a certes, fallu aussi sortir le carnet de chèques pour financer l'aide aux étudiants (presque 500 euros par mois jusqu'à 26 ans, pas mal) et cerise sur le gâteau annoncer une revalorisation du salaire des fonctionnaires. Ça permet de faire taire l'UNEF, la CGT et Fo. L'addition est lourde mais c'est le prix à payer pour éteindre l'incendie.

Côté patronal, on joue le jeu. Pierre Gattaz grogne mais au fond il sait que ses entreprises ont gagné en flexibilité.

Politiquement, difficile d'évaluer l'impact de ce psychodrame. Mais les dirigeants de gauche, le Président et son Premier ministre sont tellement bas dans les sondages qu'ils peuvent difficilement décrocher encore plus.

Ceci étant, dans le détail, on va sans doute constater que François Hollande va mieux s'en sortir que Manuel Valls.
Le Premier ministre a pris en charge le texte. Il a utilisé son ministre du Travail mais il est le véritable auteur de la loi. Ce faisant, il a fait trois erreurs de poids.

Un, il a pris la responsabilité de présenter un texte dont il savait qu'il serait transgressif des valeurs de la gauche historique d'où la sortie de Martine Aubry qui a légitimé les frondeurs.

Deux, il n'a pas fait le travail de négociation préalable et il a menacé tout le monde de passer en force, contre l'avis du président de la République.

Trois, il a profité de ce texte de loi pour essayer de couper les ailes de son ministre de l'Economie qui prenait trop d'espace médiatique sur un créneau qui était le sien et sur lequel il pensait prospérer.

Ces trois erreurs ont été fatales. Manuel Valls s'est retrouvé en galère, obligé de revenir sur ses projets et obligé surtout d'accepter la médiation de la CFDT.

Manuel Valls va donc sortir de cette épreuve assez abîmé. En revanche cette galère aura permis de renforcer la crédibilité de deux hommes qui se retrouvent dans une position plus que confortable.

Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT ressort comme l'homme qui a réussi à sauver la loi El Khomri sans hypothéquer son crédit de syndicaliste réformiste. Au contraire. Vis à vis de ses adhérents, du patronat et des dirigeants politiques il sort de cette épreuve avec une autorité renforcée. Le ministre du Travail, c'est lui.

Emmanuel Macron ayant été gentiment évincé de la rédaction et de la présentation du texte, il s'est retrouvé exonéré de toute responsabilité dans le cafouillage de la préparation, et il est épargné des critiques qui tombent sur l'équipe des dirigeants. Manuel Valls voulait le tuer ou le paralyser sur la course à la social-démocratie, il l'a involontairement conforté dans son ambition. 

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