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Le B de LGBT, mais c’est quoi donc ?
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Zone franche

L’hyper-segmentation dans la lutte contre les discriminations, c’est parfois difficile à suivre. C’est peut-être même un poil contre-productif.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Passant régulièrement devant le centre « LGBT » de la rue Beaubourg, à Paris, j’ai souvent été tenté d’en franchir le seuil. Oh, pas parce que je serais moi-même un homosexuel militant pour l’égalité des droits (je milite effectivement pour l’égalité des droits, mais c’est au nom de mes seuls principes). Non : il se trouve juste que j’ai toujours été très intrigué par le « B » (pour « bisexuels ») du sigle.

Qu’il faille lutter contre les discriminations que subissent lesbiennes et gays (les « L » et les « G »), certainement. Qu’il faille également se bagarrer pour qu’on lâche un peu la grappe des transsexuels (les « T »), absolument. Mais qu’il faille défendre les bisexuels en tant que tels contre qui que ce soit, ça me la coupe (la chique, hein…).

Sans aucun doute, les gens qui seraient tentés de discriminer un type ou une nana en fonction de ses orientations sexuelles ne retiendraient pas cette versatilité comme chef d’accusation ! A la limite, ils en feraient presque une circonstance atténuante ― une sorte de preuve de ce que la rédemption est possible…

J’ai d’ailleurs fini par satisfaire ma curiosité, un jour que j’avais du temps à perdre, en entrant dire bonjour aux occupants de ce local aux couleurs de l’arc-en-ciel pour leur soumettre ma question à 64 000 euros :

― Mais qui s’en prend donc aux bisexuels et contre qui les défendez-vous ?
― Ben… Contre les gens qui se rendent responsables de discriminations dans le cadre de la vie professionnelle ou sociale, pardi…
― Oui, d’accord, mais les bisexuels sont déjà couverts par la défense des gays et lesbiennes, forcément… Existe-t-il une discrimination spécifique des bisexuels contre laquelle il faudrait lutter ?
― Euh… Non… Enfin si… C’est le même combat, mais ce n’est pas exactement la même chose…
― Comment ça ?
― Voyez-vous, les bisexuels, ils ont en plus un problème avec les gays et lesbiennes qui ne les reconnaissent pas comme faisant réellement partie de la communauté homosexuelle puisqu’ils sont aussi hétérosexuels…
― Vous voulez dire que le « B » dans « LGBT » symbolise la défense des bisexuels contre les discriminations qu’ils subissent de la part des homosexuels standards qui rejettent leur orientation sexuelle ?
― C’est une façon un peu rapide de résumer, mais c’est ça…

Oui, c’est un peu rapide, surtout lorsqu’on fouille un peu et que l’on découvre que les relations entre homosexuels et transsexuels ne sont pas au beau fixe non plus (on parle de « transphobie »). Et que si les « B » et les « T » s’entendaient mieux entre eux (c’est pas gagné), ils feraient carrément front commun contre les « L » et les « G » (lesquels sont également un peu à couteaux tirés mais c’est encore une autre histoire) !

Hum, et le mouvement des juifs gays et lesbiens (qui ne mentionne ni les « T » ni les « B » dans son intitulé) ou celui des musulmans homosexuels (qui ne distingue même pas les « G » des « L ») ? Comment se situent-ils par rapport aux « B » ? Big mystère. Au final, la seule certitude que l’on puisse avoir, c’est que ceux qui n’aiment ni les « L », ni les « G », ni les « B », ni les « T » et encore moins les « J » ou les « M » sont nettement moins discriminants... Ça fait réfléchir.

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