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Les think-tanks : source de renouveau pour la politique française ?
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Politique

Cercles de réflexion largement répandus aux Etats-Unis depuis des décennies, les think-tanks commencent à voir le jour en France. Mais pour contribuer à rénover en profondeur le paysage politique français, ces boîtes à idées doivent se développer, pour influer. Reste à définir avec quels moyens ils vont le faire.

Geneviève Bouché

Geneviève Bouché

Geneviève Bouché est consultante.

Elle est spécialiste de l'innovation et des nouveau médias. Elle est l'auteur de Je vais monter ma boîte (Editions d'organisation). Elle est vice-présidente, en charge des études, du think tank Le Club Jade.

 

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Les citoyens vivent à leur manière les décisions incompréhensibles prises à l’encontre des corporations, des générations ou des valeurs de la République. Ils veulent comprendre, réfléchir et contribuer, mais ne savent ni comment ni où le faire.

Dans les partis politiques ? Non, ces écuries d’élus ne sont pas des lieux ouverts à la réflexion. Ce sont des lieux de propagation d’une doctrine livrée « sous cellophane » aux militants, au rythme des échéances électorales.

Dans les loges maçonniques ? Pas plus : après avoir contribué à structurer une certaine pensée du Monde et de la Cité, elles sont aujourd’hui empesées dans leurs rituels désuets, embourbées dans des affaires, et en quête d’expansionnisme auprès de nouveaux membres, à tout prix.

Les bouleversements majeurs auxquels notre civilisation fait face nécessitent pourtant plus que jamais de la flexibilité de pensée, et de la diversité dans les méthodes d’émergence des idées … alors, les think tanks, pourquoi pas ?

Think-tank, une notion floue mais qui tend à s’imposer

Aux Etats-Unis, la notion de think tank englobe des instances de réflexion plus ou moins spécialisées et plus ou moins dotées de moyens financiers. Certaines font du lobbying, d’autres se concentrent sur des causes, d’autres sont organisées autour d’une personnalité politique. D’autres, encore, travaillent sur l’élaboration de nouveaux champs de vision socio-économique, en s’accordant une totale liberté vis-à-vis des doctrines politiques en place.

Depuis les années 1990, des instances similaires se développent en France avec la même diversité, mais avec moins de moyens, voire même pas de moyens du tout. Cette forme d’expression collective commence à susciter l’intérêt de certains partis politiques qui comptent y trouver à moindre coût d’idées et des talents, tant et si bien que la dotation de moyens devient une question, en dépit des restrictions budgétaires qui frappent toutes les dépenses collectives.

La question du financement des think tanks

Financer un think tank avec des fonds publics suppose des critères de qualification et d’appréciation des résultats obtenus. Les partis en place soutiennent ou font soutenir les think tanks qui leur sont proches. Quid des think tanks qui explorent des idées innovantes et donc éloignées des partis significatifs ? Le soutien via des fonds privés, en cette période de prédominance de la finance, apparaît comme une voie dangereuse, mais incontournable, donc à contrôler.

Tous les partis s’intéressent au « miracle des pays nordiques ». Celui-ci a été rendu possible grâce à la volonté d’agir ensemble, au mieux des intérêts de tous. Les consensus établis au fil du temps s’appuient sur des visions à 30 voire même 50 ans, c'est-à-dire complètement détachées des échéances électorales et des carrières individuelles.

La France dispose officiellement d’instances chargées de mener ce type de réflexion, comme par exemple le Conseil économique et social. Cependant, l’accès à ces instances est réservé à des personnalités cooptées, développant ainsi une consanguinité avec les porteurs de doctrines déchues : le mur de Berlin est tombé et Wall Street ne saurait poursuivre éternellement son rythme mortifère. En effet, la guerre économique, expérimentée pour la 1ère fois à grande échelle, montre ses limites : devenir le maître du monde en captant tous les profits s’avère une idée infantile. La consommation n’est pas une fin en soit, le travail non plus, surtout lorsque l’une et l’autre de ces activité se mettent à contenir, non plus du plaisir, mais du danger. Qui souhaite devenir de roi d’un peuple miséreux zonant sur une terre dévastée ?  

Diversifier les think tanks français : une nécessité

Les think tanks américains s’interrogent sur la manière de sélectionner leurs membres : le cercle efficace ne doit pas être trop fermé ni trop ouvert. Cependant, en multipliant le nombre de think tanks et surtout en favorisant leur diversité, il est possible de se doter, à l’échelle nationale, d’un vaste laboratoire d’idées qui permette de croiser les travaux académiques et les retours d’expérience des citoyens responsables.

Si la France veut reconquérir son statut de pays attractif, nous devons favoriser l’éclosion de think tanks diversifiés, accessibles et centrés sur des problématiques de long terme. Il est nécessaire de leur accorder un minimum de moyens. Il est normal de leur demander un minimum de résultats. A nouvelle époque, nouvelles solutions.

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