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Les terres rares, personne ne les connaît mais tout le monde en a besoin : pourquoi les pays développés se livrent une guerre sans merci pour elles
©REUTERS / David Becker

Tout ce qui est précieux ne brille pas forcément

L'approvisionnement des terres rares pose problème ; mais comme elles jouent un rôle fondamental à la fois dans notre quotidien et dans la haute technologie, les pays développés sont prêts à (presque) tout.

Vous n'en avez peut-être jamais entendu parler, mais elles sont partout : dans les téléphones portables, les avions, les téléviseurs, les écrans plats, les câbles, etc. Les "terres rares", au sens strict, sont un groupe de 17 métaux dotés de propriétés exceptionnelles. Et plus encore que l'or ou le platine, ces ressources représentent un enjeu économique des plus considérables... et font l'objet d'une lutte sans merci.

Dans son livre The Elements of Power ("Les éléments du pouvoir"), David S. Abraham, spécialiste de l'analyse des risques et des ressources stratégiques, décrit cette lutte comme une "guerre pour le tableau périodique des éléments". L'approvisionnement des terres rares, vous l'avez deviné, pose problème ; mais comme elles jouent un rôle fondamental à la fois dans notre quotidien et dans la haute technologie, les pays développés sont prêts à (presque) tout.

(Crédit : Reuters / Toru Hanai)

Contrairement à ce que leur nom suggère, ces métaux ne sont pas particulièrement rares. En revanche, ils sont très difficiles à extraire et à raffiner. Leur extraction est très polluante, et se produit généralement dans des conditions dramatiques, en Chine et en Afrique. 

La vraie rareté, pour Abraham, serait plutôt celle des "métallurgistes qualifiés", parce que ces métaux nécessitent une étape chimique avant d'être utilisables. Sans véritable encadrement technique, les situations comme celles racontées par Le Monde pourraient se multiplier : "en Chine, un lac est ainsi devenu radioactif après les traitements exigés pour isoler le néodyme, un aimant indispensable à nos chers téléphones".

Ces métaux rares sont également essentiels dans le domaine de la haute technologie militaire. Par exemple, le F-35, nouveau bébé du Pentagone, est l'avion le plus cher du monde (quoiqu'il soit déjà très critiqué). Pour sa construction, il a fallu utiliser notamment les métaux suivants : yllium, gallium, lithium, tantalum. Mais ces ressources-là, le Pentagone ne les possède pas. En effet, malgré tous leurs efforts, les Etats-Unis sont particulièrement dépendants de la Chine en la matière : 98 à 99% de la production mondiale de terres rares provenait de l'empire du milieu en 2014, lequel s'est assuré d'un quasi monople.

Pourquoi la Chine possède-t-elle un pareil monopole alors que ces métaux sont présents un peu partout dans l'écorce terrestre, et qu'ils sont si essentiels ? Pour des questions de normes. Les mines, concentrées vers la Mongolie intérieure, sont très gourmandes en main-d'oeuvre ; l'extraction est coûteuse (40 dollars le kilo en moyenne, d'après Les Echos), et génèrent des émissions toxiques et radioactives que la législation occidentale ne tolère pas. La Chine, moins regardante, est donc seule sur le bateau, et elle avait décidé il y a quelques années d'imposer des quotas d'exportation, pour faire pression sur ses adversaires.

Le Figaro raconte que les pays occidentaux ont découvert un peu tardivement la position dans laquelle ils se trouvent, lors du conflit entre la Chine et le Japon sur la souveraineté des îles Senkaku : "La Chine, alors qu'elle venait de renforcer ses quotas à l'exportation, avait décidé de cesser ses exportations de terres rares vers le Japon, dont l'économie dépend fortement de ces ressources. En peu de temps, le prix de certaines terres rares s'était envolé de près de 2000%. En réaction, les Etats-Unis, l'Union européenne et le Japon avaient déposé une plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui condamna les pratiques chinoises par deux fois en 2014. La fin des quotas chinois à l'exportation, annoncée début janvier 2015, pouvait donc augurer de fortes opportunités pour les pays occidentaux."

Mais le problème est loin d'être réglé. Les pays occidentaux souhaitent se libérer du levier chinois - toujours présent dans les droits de douane à l'exportation. Ainsi, il y aurait une cinquantaine de projets en cours de développement hors de Chine. Deux gisements sont en activités à l'heure actuelle, l'un à l'ouest de l'Australie, Mount Weld, l'autre en Californie, Mountain Pass (ce dernier avait été arrêté en 2002 parce qu'il n'était plus rentable). Seulement, Les Echos remarquent que "la baisse continue des prix des terres rares depuis deux ans rend cependant la tâche plus difficile à l'industrie occidentale. Cette dernière ne se porte pas au mieux : en Bourse, les actions de Lynas, qui exploite Mount Weld, et de Molycorp, qui exploite Mountain Pass, sont au plus bas. 

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