Les Suisses refusent le Smic à 3300 euros mais préservent jalousement la recette de leur réussite économique <!-- --> | Atlantico.fr
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Les Suisses ont repoussé à une écrasante majorité (près de 80% des votants), l’instauration d’un salaire minimum à 4000 francs suisses.
Les Suisses ont repoussé à une écrasante majorité (près de 80% des votants), l’instauration d’un salaire minimum à 4000 francs suisses.
©REUTERS/Denis Balibouse

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Incroyable mais Suisse. La population de la confédération helvétique a massivement voté contre l’instauration d’un smic à 4000 francs suisses, soit 3300 euros... Pour des Français, cela va paraître farfelu. Ce qui l’est moins, c’est que la Suisse affiche une insolente santé économique. Les outils de cette réussite n’ont rien de secret.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Par un referendum comme ils en ont l’habitude, les Suisses ont repoussé à une écrasante majorité (près de 80% des votants), l’instauration d’un salaire minimum à 4000 francs suisses, comme le souhaitaient les syndicats. Les raisons de ce refus, qui serait complètement incroyable chez nous, sont expliquées par tous ceux qui s’y opposaient, de façon très simple. La majorité des Suisses a refusé la une mesure administrative qui auraient pu contraindre les employeurs et par conséquent freiner leur business et, qui sait, détruire des emplois.

Comme  l’Allemagne, le Suisse a peur de toutes les mesures qui pourraient entraver la liberté du chef d’entreprise. Les partis de droite et du centre, les employeurs et les agriculteurs ont été les premiers à se dresser contre ce type de mesures et ils ont réussi a entrainé avec eux une majorité de Suisses.

Si la votation avait été réussie, le Suisse aurait eu le salaire minimum le plus élevé de la planète à 3300 euros, pour 42 heures de travail hebdomadaire, et pas 35 heures.

Ceci dit, il y a une autre raison pour laquelle cette décision n’a pas obtenu de majorité, c’est que les salariés payés au Smic sont peu nombreux en Suisse. Ils ne l’étaient pas assez pour former une majorité.

Il faut dire que les rémunérations sont extrêmes élevées en Suisse. Un enseignant par exemple touchera en moyenne entre 7 000 et 8 000 euros bruts par mois. Un débutant dans l’enseignement touchera autant qu'un professeur de lycée en fin de carrière.

La Suisse n’aura donc pas le salaire minimum le plus élevé du monde, mais reste le pays où la situation économique est la plus prospère. Les recettes de cette prospérité ne relèvent en rien du miracle. D’où l’intérêt de savoir le pourquoi et le comment.

Premier point, pendant très longtemps, la richesse suisse a été liée à la prospérité de son industrie financière. Les banques et les sociétés d’assurance qui n’avaient pas d’inclination particulière pour leur pays d’origine sont venues en Suisse attirées par les techniques bancaires, la fiscalité light,  et un droit du travail tout sauf laxiste. Pendant très longtemps le suisse a aussi servi de blanchisserie à des capitaux dont l’origine était douteuse : l’argent de commissions occultes, la drogue, la politique, etc. Aujourd’hui, c’est fini. Le gouvernement suisse a décidé de jouer la transparence et il a demandé aux banques de faire de même. La Suisse a perdu une partie de ses capitaux mais a pu en partie restaurer son image.

Deuxième point, le rôle majeur est la compétitivité de l’industrie. Les couts salariaux sont très élevés mais ces salaires ont été, très peu chargés. Il existe dont une compétitivité naturelle sur le cout de fabrication.

Troisième point, l’état d’esprit est évidemment différent. Les entreprises privées sont au cœur du dispositif national. Tout est fait pour que le chef d’entreprise ait une liberté de mouvement totale.

Quatrième point, la fiscalité. Les Suisses ont compris que l’acte de création d’une  industrie impliquait de disposer d’une liberté totale. Il faut donc que l’environnement soit stable et durable. On touche là au cœur du modèle allemand, qui va débarquer en fin de semaine à Paris. De l’avis des économistes qui participent  beaucoup à l’élaboration d’un plan de redressement, on pourrait évidemment augmenter le salaire direct des français de la production mais à la condition que cette augmentation soit compensée par une baisse des charges sociales.

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