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Les problèmes de peau seraient les seuls symptômes pour plus d’un contaminé par la Covid-19 sur cinq, selon une étude britannique.
Les problèmes de peau seraient les seuls symptômes pour plus d’un contaminé par la Covid-19 sur cinq, selon une étude britannique.
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Impact pour les patients

D'après une étude du British Journal of Dermatology, 17% des cas positifs à la Covid-19 ayant répondu à une enquête en ligne ont signalé des éruptions cutanées comme premier symptôme et 21% comme le seul signe clinique de la Covid-19.

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

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Atlantico : Selon une étude du British Journal of Dermatology, 17 % des cas positifs au SRAS-CoV-2 ayant répondu à une enquête en ligne ont signalé des éruptions cutanées comme premier symptôme et 21 % comme le seul signe clinique de la CoVid-19. Ces chiffres relativement élevés sont-ils surprenants ? Avait-on déjà des témoignages de symptômes dermatologiques ?

Stéphane Gayet : La CoVid-19 est indiscutablement une maladie infectieuse systémique ou encore multisystémique, ce qui signifie qu’elle concerne l’ensemble des organes, et de leurs tissus, du corps. Ce caractère diffus de l’infection virale est essentiellement dû à la richesse de l’endothélium vasculaire (la fine couche tissulaire qui tapisse la face interne de tous les vaisseaux sanguins) en récepteurs ACE-2, qui reconnaissent et fixent les virions (particules virales) du SARS-CoV-2. En réalité, ces récepteurs ACE-2 sont présents sur de nombreux tissus de revêtement (ou tissus de surface) qui tapissent un grand nombre d’organes. Mais les muqueuses des voies aériennes supérieures (rhinopharynx, oropharynx) et inférieures (arbre trachéobronchique : trachée, bronches et bronchioles) d’une part, ainsi que les endothéliums vasculaires d’autre part, sont les tissus les plus riches en récepteurs ACE-2. Ce qui fait dire que la CoVid-19 est principalement une maladie infectieuse respiratoire et une vascularite (ou angéite) diffuse infectieuse.

Il n’est donc pas étonnant que l’infection des microvaisseaux de la peau produise des manifestations cutanées.

Chaque spécialité médicale, dans ce contexte d’épidémie durable, cherche à s’illustrer dans ce domaine, c’est bien naturel.

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Cette étude britannique a été réalisée au Royaume-Uni grâce à deux sources d’informations : une enquête déclarative conduite auprès de plus de 330 000 personnes qui utilisent l’application anglaise « étude des symptômes et des signes de la CoVid-19 » et une enquête en ligne également déclarative, portant sur plus de 11 500 personnes, et concernant spécifiquement les manifestations cutanées de la CoVid-19 (cette deuxième enquête offrant l’avantage de permettre aux répondants de fournir à la fois du texte et des photographies).

Étant donné le caractère déclaratif et grand public de cette étude, les données obtenues sont à prendre avec précautions.

Et ces chiffres sont en effet surprenants (de la même façon que lorsque les néphrologues nous disent que les atteintes rénales au cours de la CoVid-19 sont, contrairement à toute attente, fréquentes) ; ils sont d’autant plus surprenants qu’il s’agirait des premières manifestations somatiques (chez 17 % des personnes ayant présenté des manifestations cutanées) et parfois même des seuls signes cliniques (une manifestation cutanée objective n’est pas un symptôme, mais un signe physique, car on peut la constater visuellement) chez 21 % des personnes ayant présenté des manifestations cutanées.

Il n’en reste pas moins vrai que les manifestations cutanées au cours de la CoVid-19 sont connues depuis le début de l’épidémie et ont bien sûr déjà fait l’objet d’un nombre significatif de publications scientifiques.

Aussi surprenants que soient ces résultats, on est obligé de les prendre en considération en attendant de les étudier avec précision.

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Comment se manifestent ces troubles cutanés ? Et comment les traite-t-on ?

Plusieurs manifestations cutanées sont décrites au cours de la CoVid-19. Elles n’ont pas toutes la même valeur sémiologique (la même valeur en tant que signe réellement attribuable à la maladie virale). En effet, certaines d’entre elles peuvent être des réactions allergiques médicamenteuses et d’autres des manifestations cliniques dues à une co-infection bactérienne intracellulaire (à mycoplasme, notamment). Dans la première hypothèse, ce n’est pas au paracétamol bien sûr auquel on pense, mais à des antibiotiques donnant fréquemment des signes cutanés, ainsi qu’à des médicaments antiinflammatoires ou à d’autres antalgiques que le paracétamol. Il faut avoir à l’esprit que l’automédication n’est pas rare en Grande-Bretagne. Dans la deuxième hypothèse, on sait à présent que les co-infections à bactéries intracellulaires sont très fréquentes au cours de la CoVid-19, singulièrement à mycoplasme pneumonique, à chlamydia pneumonique ainsi qu’à d’autres bactéries proches de ces deux-là. Or, ces infections bactériennes peuvent donner des manifestations cutanées.

Les lésions cutanées les plus fréquemment observées au cours de la CoVid-19 sont de quatre types :

1. Des engelures (rougeurs foncées, en relief et douloureuses, sur les extrémités : doigts, orteils, voire visage) ; elles persistent de l’ordre de deux semaines.

2. Des papules (petites taches rouges en relief sur le thorax, l’abdomen ou les membres ; ni douloureuses ni prurigineuses : pas de démangeaisons) ; elles persistent également de l’ordre de deux semaines.

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3. De l’urticaire (petites formations pâles et en relief, prurigineuses : démangeaisons) ; elle ne persiste que moins d’une semaine.

4. Du purpura pétéchial (très petites taches de couleur rouge foncé, persistantes si l’on appuie) ; elles ne disparaissent pas véritablement, mais changent lentement de couleur jusqu’à ne plus se voir ou presque ; c’est indolore et non prurigineux.

Ces différentes manifestations cutanées ne demandent pas de traitement. Toutefois, quand une urticaire est trop gênante (prurit important, insomnie), elle peut être soulagée par un médicament antihistaminique.

Désormais, un changement inhabituel de l’état de notre peau doit-il nous alerter sur une possible contamination ?

Ce n’est pas parce que les dermatologues s’investissent dans ces aspects sémiologiques (les symptômes et les signes cliniques) qu’il faut pour autant considérer que les manifestations cutanées de la CoVid-19 occupent une place importante dans le tableau clinique de la maladie.

Des engelures n’ont une valeur sémiologique que chez les personnes qui n’en ont pas habituellement. Une éruption cutanée (terme générique désignant l’ensemble des signes cutanés, excepté les engelures) n’a de valeur sémiologique qu’en dehors de toute prise médicamenteuse (y compris des huiles essentielles), de toute prise de complément alimentaire et de tout aliment inhabituel ou suspect.

Il faut rester raisonnable : la CoVid-19 reste principalement une infection aiguë virale atteignant d’abord et avant tout les voies aériennes supérieures et inférieures, puis l’ensemble du corps comme on l’a vu. L’absence totale de mal de gorge, de céphalées (mal de tête), de toux, de gêne respiratoire, de fièvre et de fatigue est vraiment peu fréquente.

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