Les neurosciences contre la douleur chronique : des travaux pionniers pourraient déboucher sur de nouvelles thérapies<!-- --> | Atlantico.fr
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Une femme se déplace dans les couloirs d'un EHPAD.
Une femme se déplace dans les couloirs d'un EHPAD.
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Épidémie silencieuse

Des chercheurs de l'Université de Californie ont obtenu, pour la première fois, des informations sur l'activité cérébrale lors d'épisodes de douleurs chroniques.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico: Des scientifiques ont réalisé une avancée significative en obtenant, pour la première fois, des informations sur l'activité cérébrale lors d'épisodes de douleur chronique. Quelle est l'importance de cette découverte pour les personnes souffrant de douleur chronique ? Quels enseignements pouvons-nous en tirer ?

Christophe de Jaeger : Les douleurs neuropathiques peuvent être extrêmement sévères et résistantes aux traitements conventionnels de la douleur. C'est donc une situation très difficile pour les patients. Cette équipe de chercheurs s'est intéressée à quatre patients, dont un ayant subi une amputation, et leur a implanté des électrodes dans différentes régions du cerveau, notamment dans le cortex cingulaire antérieur et dans le cortex orbitofrontal. Par la suite, ils ont demandé aux patients d'activer un enregistreur lorsqu'ils ressentaient de la douleur. Cette approche leur a permis de corréler et d'identifier les manifestations électriques corticales liées à la douleur. L'un des premiers avantages de cette découverte est d'établir un marqueur objectif de la douleur.

Pourquoi est-il crucial d'établir un marqueur objectif de la douleur ?

La douleur est, par nature, quelque chose de subjectif. Certaines personnes décrivent des douleurs insupportables pour une même pathologie, tandis que d'autres semblent plus résistantes. Cela dépend de nombreux facteurs tels que l'âge ou même des influences culturelles. La perception de la douleur est en fait une interprétation réalisée par le cerveau. Habituellement, nous utilisons l'échelle EVA pour évaluer la douleur de 1 à 10. Cependant, il est bien connu que celle-ci demeure très subjective. L'intérêt de ces travaux est donc de déterminer un signal objectif, tangible, qui ne dépend pas de l'interprétation individuelle. Un deuxième avantage est d'identifier des éléments sur les enregistrements corticaux qui pourraient annoncer la survenue de la douleur et son intensité, ouvrant ainsi la voie à la mise en place de stratégies thérapeutiques préventives. L'objectif futur est de parvenir à atténuer ou éliminer la douleur en stimulant des zones spécifiques du cerveau.

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Dans quelle mesure l'implantation de dispositifs à base d'électrodes peut-elle aider la médecine dans le traitement de la douleur ?

La douleur représente une véritable incapacité pour ceux qui en souffrent. De plus, il existe différents types de douleurs : artérielles, liées au cancer, etc. De nombreuses personnes pourraient bénéficier de l'implantation d'électrodes dans le cerveau afin de neutraliser ces douleurs, puisque beaucoup de patients ne trouvent pas de soulagement adéquat avec les traitements médicamenteux, qui peuvent également entraîner des effets indésirables. Trouver un moyen d'agir directement sur les centres de la douleur pourrait donc être une piste très intéressante. Cependant, cette méthode d'implantation d'électrodes au cœur du cortex cérébral reste complexe et nous en sommes encore aux prémices de la réflexion. Il faudra désormais effectuer des tests sur un plus grand nombre de patients souffrant d'autres types de douleurs. Aujourd'hui, l'objectif est d'explorer le fonctionnement cérébral en étudiant l'évolution des différents spectres afin de mieux comprendre les mécanismes neurocérébraux impliqués.

Actuellement, les défis consistent à implanter les électrodes au bon endroit tout en évitant les risques infectieux. Il est également essentiel que ces électrodes restent en place sans exposer le patient à des risques. Il n'est pas envisageable que demain des milliers de personnes portent de tels dispositifs, même si cela pourrait valoir la peine s'il s'agit du seul moyen de se débarrasser d'une douleur réellement invalidante. 

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