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Les maladies sexuellement transmissibles reviennent en force en France (et résistent de plus en plus aux traitements)
©Wikimedia Commons

Liaisons dangereuses

Les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) signent depuis quelques années un retour en force sur la scène nationale et touchent de plus en plus de Français, dans l'indifférence des pouvoirs publics.

Roland  Viraben

Roland Viraben

Le Dr Roland Viraben est chef de service de dermatologie et médecine sociale au CHU de Toulouse, spécialiste dans le dépistage des MST.

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Atlantico : Les autorités fédérales rapportent qu'aux États-Unis, les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) se sont multipliées pour atteindre un nouveau record en 2014 (voir ici), qui n'a cessé de progresser l'année dernière. Constate-t-on une évolution similaire en France ? 

Roland  Viraben : Il y a bien une augmentation très nette depuis quatre ou cinq ans de personnes venant me consulter pour soigner une MST.

Entre 2012 et 2014, les gonococcies ont doublé en France, tandis que la transmission du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) est actuellement en très forte augmentation (+124 %) chez les jeunes gays de 15 à 24 ans.

Le cas le plus frappant est le retour en force de la syphilis - maladie sexuelle par "excellence" - qui avait quasiment disparue il y a une quinzaine d'années. Aujourd'hui, on enregistre une augmentation globale et constante des personnes touchées, dont une hausse de +50% des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes en 2014.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette nouvelle augmentation des MST en France. D'une manière générale, les campagnes de santé publique et de prévention ont été abandonnées, ce qui a entraîné une chute brutale de l'utilisation des préservatifs, toutes catégories de populations confondues.

Ensuite, les traitements pour soigner le VIH ont beaucoup progressé ces dernières années, ce qui fait que les Français ne voient plus cette MST comme une maladie mortelle, donc s'en protègent moins.

Concernant l'hépatite B, c'est surtout l'augmentation de la défiance des Français vis-à-vis des vaccins que explique la recrudescence de la maladie.

Y a-t-il des catégories de la population française qui sont plus exposées que d'autres à la transmission de MST ? 

Les hommes sont de manière générale plus touchés que les femmes par les MST. En effet, les homosexuels de sexe masculin ont encore des relations plus à risque que les autres catégories de population, tout comme les hommes célibataires.

Les pouvoirs publics doivent-ils s'inquiéter de la progression des MST en France ?

Oui, bien sûr, car contracter une MST peut être tout sauf anodin.

Concernant le VIH, les soins ont beaucoup progressé. Néanmoins, cette MST raccourcit encore la durée de vie de manière significative.

L'hépatite B peut aussi être une maladie mortelle quand elle se transforme en cirrhose ou en cancer du foie.

Quant à la syphilis, elle s'aggrave sérieusement sans traitement, via des atteintes cardio-vasculaires, nerveuses et articulaires. Elle augmente notamment sérieusement le risque de transmission du VIH et elle se complique chez les personnes séropositives par une évolution plus rapide et des complications neurologiques plus fréquentes. Moins souvent, la syphilis peut atteindre le cœur et les gros vaisseaux (aorte par exemple), entraînant une insuffisance cardiaque qui peut être mortelle.

Quels moyens pourraient être mis en place pour endiguer la propagation des MST en France ?

D'abord, il faudrait améliorer les données épidémiologiques sur la question, car les chercheurs ne sont pour le moment pas en mesure de quantifier pleinement l'ampleur du phénomène.

Ensuite, il faudrait relancer des campagnes de santé publique pour remettre le sujet des MST sur la table. On est passé du tout préventif au néant en quelques années.

Il faudrait aussi mieux former les médecins généralistes et les dermatologues au dépistage des MST.

Enfin, il faudrait redonner les moyens financiers aux centres de dépistage, qui n'arrivent plus à gérer toutes les demandes dans des délais respectables.

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