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Les Etats-Unis autorisent le lancement d’une variété de moustiques armés pour combattre les maladies que transmettent leurs congénères
©Pixabay / Wikilmages

GI Bzzz

L'Agence de Protection de l'Environnement des Etats-Unis vient d'autoriser la diffusion de moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia dans plus d'une vingtaine d'états. Ces insectes ont été conçus par la start-up MosquitoMate pour éliminer une espèce de moustique proche de celle du moustique tigre.

Yvon Perrin

Yvon Perrin

Yvon Perrin est entomologiste médical, spécialisé dans la lutte contre les moustiques. Il est ingénieur d’études au Centre National d’Expertise sur les Vecteurs (CNEV) et à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) de Montpellier.

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En quoi consiste la stratégie de diffusion de moustiques par la Start-up MosquitoMate et pourquoi est-elle prometteuse ?
La stratégie consiste à infecter des mâles d’Aedes aegypti au laboratoire avec la bactérie Wolbachia, puis de les relâcher dans la nature pour qu’ils rentrent en compétition avec les mâles sauvages. La fécondation des femelles sauvages (non infectées par la bactérie) avec les mâles infectés va créer ce qu’on appelle une incompatibilité cytoplasmique, et empêcher toute descendance. En effet, il faut savoir que les femelles moustiques ne s’accouplent en général qu’avec un seul mâle dans toute leur vie, et conservent leur sperme dans des spermathèques. Cette technique présente plusieurs avantages : tout d’abord elle est très sélective puisqu’elle ne vise qu’une espèce de moustiques, contrairement aux insecticides qui vont tuer tous les insectes impactés et peuvent avoir un impact sur la santé ou l’environnement. Cette technique limite aussi le risque d’apparition de résistance par rapport aux insecticides.

La diffusion de tels organismes OGM ne peut-elle pas avoir des conséquences inattendues et néfastes comme la perturbation d'autres espèces ou la création d'organismes nuisibles ultra résistants ?

Je ne sais pas si l’appellation OGM est valide étant donné qu’on ne modifie pas le génome du moustique. Concernant cette technique, je n’y vois pas de conséquence néfaste spécifique (en dehors de celles inhérentes à toute méthode de lutte) étant donné que les femelles s’accouplant avec des mâles infectés n’ont pas de descendance. Un risque possible est, en cas d’élimination réussie, la libération d’une niche écologique pour une autre espèce, comme le moustique tigre par exemple, mais cela n’est pas lié à la technique elle-même. Le risque de résistance existe tout de même, puisqu’on risque de sélectionner les femelles ayant une « préférence » pour les mâles sauvages, et ainsi rendre la technique inefficace. Enfin, cette technique peut présenter des coûts élevés, étant donné qu’ils faut lâcher beaucoup plus de mâles infectés que ceux présents naturellement. Ce type de technique est sans doute plus efficace dans des milieux fermés comme les îles, où le risque de recolonisation est plus faible.

Peut-on imaginer à terme, par ces grands remplacements, éradiquer des maladies comme la fièvre jaune, la dengue, le Zika ou encore le paludisme ?

L’éradication de ces maladies est un immense challenge, notamment car il existe pour chacune un réservoir animal (généralement les grands primates) sur lequel il est difficile d’intervenir. La technique la plus efficace reste généralement la vaccination, comme on l’a vu pour la fièvre jaune, et peut-être bientôt pour la dengue. Quoi qu’il en soit, l’élimination de ces maladies ne pourrait reposer sur une seule technique, mais sur la combinaison la plus rationnelle possible des différents outils existants. On parle alors de lutte intégrée.

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