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Les entreprises françaises n'ont pas besoin d'être nationalisées, elles ont besoin d'être revigorées !
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Politique industrielle

Si nationaliser les entreprises en difficulté n'est pas une solution pour la France, il appartient néanmoins aux pouvoirs publics de leur insuffler un nouveau dynamisme.

Olivier  Dassault

Olivier Dassault

Olivier Dassault est un homme politique français, fils de Serge Dassault. Il est actuellement député LR de la première circonscription de l'Oise et Président du conseil du groupe Dassault.

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Depuis que le tempétueux ministre du Redressement productif a annoncé que la nationalisation du site de Florange, dont ArcelorMittal veut se séparer, était une option, l’opinion publique est troublée et ne sait plus sur quel pied danser.

Le doute s’instille dans les consciences, la confiance s’effrite chez les entrepreneurs, et le crédit de l’Etat fond comme neige au soleil. Que nous sommes loin de ce qui a fait les fondements de notre politique industrielle !

Profitant de l’élan des Trente glorieuses, la France avait su saisir sa chance. Sous l’impulsion visionnaire et volontariste de de Gaulle et Pompidou, des aménagements d’envergures et de grands programmes industriels furent lancés. En quelques années seulement les télécommunications et l’informatique prirent un essor considérable et les infrastructures de transport furent décuplées. La plupart de ces programmes, les plus emblématiques, comme le TGV, font encore notre fierté et sont les éléments de notre attractivité.

Ne nous y trompons pas : savoir attirer en France les investissements étrangers, tant en capitaux qu’en matière grise, est  un enjeu stratégique. Il faut offrir à ceux qui font le choix de la France un environnement global de nature à les séduire. En l’espèce, la concurrence est rude, les dirigeants publics n’hésitent pas à se faire les avocats des atouts de leurs pays ; les Britanniques étant d’ailleurs très doués à ce jeu-là au contraire des Français.

Mais l’attractivité n’est pas qu’une affaire de paramètres, de considérations techniques, ou de règles financières et administratives. Cela dépend avant tout de la capacité d’un pays à instaurer un climat de confiance.

Or, nous sommes aujourd’hui en France face à un dérèglement climatique.

Mais de celui-là, le gouvernement, ne se soucie guère. D’atermoiements en hésitations, de déclarations hâtives en propos maladroits, le gouvernement use de vieilles recettes idéologiques  pour pallier au manque d’expérience de la conduite des affaires de l’Etat.

Combien de désillusions naîtront de ces promesses hasardeuses ? Déjà les propos faciles de l’équipe gouvernementale ont ouvert la porte aux revendications et plusieurs autres entreprises en difficulté ont demandé elles aussi à rentrer dans le giron de l'Etat.

C’est le cas chez Petroplus. La raffinerie de Petit-Couronne est à la recherche d'un repreneur depuis le début de l'année, sans qu’à ce jour les pouvoirs publics n’aient pu aider à une solution. Certaines voix se sont déjà élevées à gauche pour demander à l'Etat de racheter la raffinerie. Il en est de même à Saint-Nazaire, aux chantiers navals STX où le carnet de commandes est vide

Et demain, à qui le tour ? Le groupe Doux ou Fralib, filiale d’Unilever ? Va-t-on considérer que l’élevage de volaille ou la production de thé sont du domaine stratégique et régalien de l’Etat….

Le rôle d’un chef d’Etat c’est de voir un peu plus loin, de déterminer un cap, et de tenir bon quoi qu’il arrive. Il est fort dommage que le pouvoir actuel ne fasse pas preuve, à défaut d’imagination, d’un peu plus d’audace.

L’audace, ce serait celle de remettre en œuvre une idée qui a été amorcée : doter la France d’une véritable capacité d’investissements stratégiques.

Avec la création du Fonds stratégique d’investissement (FSI), adossé à la Caisse des Dépôts et Consignations et puisant dans les ressources de l’Agence des participations de l’Etat, la France faisait le choix de se positionner en amont, dans une situation de régulateur autant que d’amortisseur en cas de crise, avec une capacité certaine d’intervention financière et stratégique, au service des entreprises. A juste titre, certains observateurs y ont vu l’embryon d’un fonds souverain à la française. Certes, notre pays ne dispose pas de ressources naturelles ou d’excédents de change lui permettant de constituer un fonds à la manière de la Norvège ou des Etats du Golfe. Mais, selon le slogan bien connu, en France on n’a pas de pétrole mais on a des idées.

La principale étant de permettre à nos partenaires sur la scène internationale de se joindre à nous, de manière mesurée et minoritaire, sous la forme d’un fonds de fonds souverains,  pour prendre des participations dans des entreprises clefs, relancer le cercle vertueux de la demande, solidifier les comptes et les facultés d’investissements productifs et, à terme moderniser et structurer des filières.

Les hauts-fourneaux de Florange sont l’exemple type de la situation dans laquelle ce mécanisme prend tout son sens et pourrait démontrer son efficacité.

Pour l’heure, dans cette affaire, ce n’est que du coup par coup. Les tenants de la nationalisation demandent à l’Etat d’interférer avec la concurrence dans la configuration du marché de l'acier. Ils font fausse route, car ils perdent de vue une notion capitale : l'Etat doit défendre l'intérêt général.

Au lieu de brandir la menace obsolète de la prise de contrôle autoritaire par l’Etat d’une entreprise en difficulté, sans autres perspectives qu’un sauvetage temporaire, pour ensuite tenter de revendre à un hypothétique nouvel opérateur privé l’entreprise sinistrée, il appartenait aux pouvoirs publics de constituer un tour de table  permettant d’insuffler un nouveau dynamisme à l’entreprise et aux repreneurs possibles de faire des offres.

Evidemment, cette vision moderne, pragmatique et efficace du capitalisme d’Etat suppose une ligne directrice : c’est-à-dire ni plus ni moins qu’une politique industrielle.  

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