Les émissions de particules fines ont été divisées par 3 en 30 ans : une bonne nouvelle pour la santé, une moins bonne pour le climat ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L’exposition aux particules fines est beaucoup plus faibles en Europe qu’elle ne l’est en Chine ou en Inde par exemple.
L’exposition aux particules fines est beaucoup plus faibles en Europe qu’elle ne l’est en Chine ou en Inde par exemple.
©JOSEPH EID / AFP

ATLANTICO GREEN

Les émissions de particules fines impactent la santé des gens.

François-Marie Bréon

François-Marie Bréon

François-Marie Bréon est chercheur physicien au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. Il a participé à la rédaction du 5ème rapport du GIEC. Il est spécialiste de l'utilisation des données satellitaires pour comprendre le climat de la Terre. Membre du conseil scientifique de l'Association française pour l'information scientifique (Afis).

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Atlantico : Les émissions de particules fines ont été divisées par 3 en 30 ans. Vous avez expliqué que si c’est une bonne nouvelle pour la santé c’en est une moins bonne pour le climat, pourquoi ?

François-Marie Bréon : J’ai effectivement écrit, en un tweet lapidaire, que la diminution des émissions de particules fines et autres aérosols était une bonne chose pour la santé des populations concernées, mais une mauvaise chose pour le climat. La raison est que les particules diffusent la lumière solaire et en renvoie une partie vers l’espace, ce qui limite donc la quantité d’énergie solaire qui réchauffe la Terre.  Dans le dernier rapport du GIEC, il est indiqué que les gaz à effet de serre ajoutés par les activités humaines dans l’atmosphère sont responsables d’un réchauffement d’environ 1,5 degrés. Les aérosols refroidissent le climat d’environ 0,4 degrés (il y a une incertitude de quelques dixièmes de degrés sur ces deux chiffres). La combinaison des deux explique le réchauffement constaté de ≈ 1,1 degrés.
Attention, je n’en déduis certainement pas que la réduction des particules atmosphériques n’est pas une bonne chose. L’impact sur la santé me parait prioritaire

A quel point les conséquences pour la santé des particules fines sont-elles importantes ? Et pour le climat ?

Les particules fines ont un impact important sur la santé. Le bilan quantitatif est controversé, et je ne suis pas compétent pour dire qui a raison, mais on parle de plusieurs dizaines de milliers de morts chaque année en Europe. Bien évidement, l’impact est très hétérogène puisque l’exposition n’est pas la même à Paris et en Bretagne. Et encore, l’exposition aux particules fines est beaucoup plus faibles en Europe qu’elle ne l’est en Chine ou en Inde par exemple.
Les particules en suspension dans l’atmosphère qui sont générées par les activités humaines refroidissent le climat de quelques dixièmes de degrés, avec une meilleure estimation à 0,4 degrés selon le GIEC. Ce chiffre inclue l’ensemble des particules, et pas seulement les particules fines qui sont les plus nocives sur la santé. Cependant, les mécanismes d’émission sont les mêmes et il est difficile d’imaginer que on puisse se débarrasser des particules les plus fines et pas des autres.

Est-il possible de concilier les deux impératifs (santé et climat) sur ce sujet ? Si oui, comment ? 

Malheureusement non. Une réduction des émissions d’aérosols pour des objectifs sanitaire conduira à un un réchauffement supplémentaire. Il y a cependant des idées de « géo-ingéniérie » pour lesquelles on injecte des particules dans l’atmosphère pour refroidir le climat. Mais l’idée est d’injecter ces particules très haut dans l’atmosphère, bien au dessus des nuages. L’objectif premier est que ces particules restent longtemps dans l’atmosphère puisqu’elles ne seront pas lessivées par les pluies. Une autre conséquence est que ces particules n’auront pas d’impact sur la santé puisque elles seront bien au dessus de l’air que nous respirons.

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