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Les bébés islandais dorment dehors même sous la neige : que faut-il en retenir ?
©Reuters

Le bon froid

Depuis un siècle, les Islandais laissent leurs enfants dehors à l’heure de la sieste, et ce surtout par temps froid : bien emmitouflés dans des mitaines et des couvertures, l'air glacial renforcerait leur système immunitaire tout en les reposant plus efficacement.

Sauveur Boukris

Sauveur Boukris

Sauveur Boukris est médecin généraliste.

Enseignant à Paris, il participe à de nombreuses émissions de radio et de télévision sur les questions de santé. Il est l'auteur de plusieurs livres médicaux dont "Santé : la démolition programmée", aux Editions du Cherche Midi.

Il a écrit  "Médicaments génériques, la grande arnaque" aux Editions du Moment.

Son dernier livre s'intitule "La fabrique des malades" aux Editions du cherche midi.

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Atlantico : Peut-on établir un lien entre le froid et une meilleure résistance immunitaire ? Est-ce vrai uniquement pour les enfants ou l’ensemble de la population ?

Sauveur Boukris: Il n’existe pas d’étude à proprement parler mais l’expérience empirique nous apprend deux choses :

- D’une part, le froid a des effets positifs tant que le corps est bien couvert et que la température corporelle est bonne. Dans ce cas, il peut se révéler protecteur.

- D’autre part, si la température corporelle n’est pas assez élevée, alors le froid est dangereux et peut entrainer des risques cardiaques.

Les enfants bénéficient plus des effets positifs du froid dans la mesure où ils sont moins exposés par ailleurs à des facteurs polluants, comme l’air conditionné qu’on trouve dans les entreprises, les transports en commun. Les adultes sont plus souvent confrontés à de l’air recyclé et sont donc de base, plus fragilisés. Les enfants nés prématurés ou à fort potentiel allergique sont aussi plus sensibles aux pollens ou bactéries qui sont présents dans l’air. En revanche, le froid en lui-même n’est pas lié à une meilleure espérance de vie, puisqu’on ne constate pas dans les pays de l’est européen des moyennes en espérance de vie plus élevées qu’ailleurs. La santé est toujours multifactorielle, et une bonne hygiène de vie en générale est porteuse de résultat.

Dormir la fenêtre ouverte procure-t-elle les mêmes effets ? Constate-t-on aussi un meilleur repos ?

Dormir la fenêtre ouverte a des effets positifs si le corps est bien couvert. Il est en effet meilleur de dormir avec un pyjama sur soi et de laisser la fenêtre ouverte que de dormir torse nu avec un chauffage trop élevé ! L’air extérieur est plus sain que l’air confiné de l’intérieur, et surtout que l’air conditionné. Le chauffage assèche le nez, favorise les infections car il donne un terrain propice à la prolifération de bactéries. En revanche, une bonne aération permet de respirer plus librement et donc un meilleur sommeil.

Dans le cas des bébés Islandais, ils sont extrêmement couverts : laisser le corps dans le froid serait-il néfaste ?

C’est là la clé du problème : tant qu’on est bien couvert, alors on ne risque pas de souffrir du froid, et au contraire, il sera un allié dans la résistance du système immunitaire. En revanche, si le corps n’est pas assez couvert, alors on s’expose à des risques de bronchite, d’infarctus, d’hypothermie qui peuvent êtres très graves. Donc, il faut surtout veiller à être en mesure de préserver la température du corps. Les cas d'hypothermie, et notamment lorsqu'on est sans logement, peuvent entraîner la mort !

Dans le cas de grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille, peut-on aussi envisager de laisser les enfants dehors ou les effets de la pollution sont-ils trop néfastes ?

Dans les montagnes, on constate une meilleure qualité de l’air, c’est certain : moins de graminées, de pollens, moins de facteurs bactériens, donc l’air est plus sain, de même que dans les pays peu densément peuplé qui ont moins de facteurs polluants. Mais même dans des grandes villes, l’air extérieur est plus respirable que l’air intérieur. Donc on peut aussi laisser les enfants faire une sieste à l’extérieur, en veillant à ne pas les exposer à la fumée du tabac par exemple.

Enfin faire du sport dans le froid peut-il aider le système immunitaire à se renforcer ?

Si on est bien couvert, on est protégé, et faire de l’exercice physique dans le froid (un jogging, du vélo, du football…) augmente les capacités cardiaques et pulmonaires. En revanche, si une personne à risque cardiaque pratique une activité physique dans le froid, il augmente ses risques d’accidents, car le cœur travaille davantage dans le froid.

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