Les quatre risques qui menacent la planète selon le FMI<!-- --> | Atlantico.fr
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L’activité économique mondiale n’a pas retrouvé la stabilité qui était la sienne avant 2008.
L’activité économique mondiale n’a pas retrouvé la stabilité qui était la sienne avant 2008.
©Reuters

Espoirs douchés

Le FMI a encore jeté un froid sur l’économie mondiale lors des assemblées générale de printemps. Le FMI a révélé que la crise financière de 2008 était sans doute terminée mais que les mutations qui s’annoncent obligent les économies à s’adapter de façon permanentes pour échapper au déclin.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les prévisions et des perspectives qui sont sorties en fin de semaine des ordinateurs du FMI à l’occasion des assemblées générales de printemps tracent comme chaque année, les grandes lignes d’évolution de l’économie mondiale. On peut ne pas être d’accord avec les conclusions ou les enseignements, on est obligé de scruter les faits à la loupe, car les faits sont têtus. Dans la montagne de chiffres et de constats, il faut absolument retenir quatre phénomènes. Quatre risques que court l’économie mondiale.

1e risque : le ralentissement. Si la crise financière de 2008 est maintenant effacée dans de nombreux pays, l’activité économique mondiale n’a pas retrouvé la stabilité qui était la sienne et donne déjà des signes de ralentissement. La croissance sera sans doute moins forte en 2016 qu’elle ne l’a été en 2014 et 2015… Phénomène paradoxal quand on sait que beaucoup de ressorts sont tendus. Le pétrole n’a jamais été aussi peu cher et l’argent est quasiment gratuit. La seule explication que donnent les économistes du FMI, porte sur un déficit de l’investissement dans les entreprises.

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Les économies modernes n’investissent pas assez dans l’avenir. Pourquoi ? Parce que les décideurs sont en majorité des seniors, les populations vieillissent et les conditions ne sont pas réunies pour garantir la sécurité des activités et la stabilité à long terme des écosystèmes. Entre le terrorisme, l’incertitude écologique et la confrontation des égoïsmes nationaux, les facteurs de désordre sont nombreux. Ajoutons à cela que les taux d’intérêt très bas ne favorisent pas l’investissement. Le risque n’est plus rémunéré. En plus, et pour beaucoup, le relèvement inéluctable des taux provoquera s’il est brutal, une catastrophe auprès de ceux qui ont beaucoup emprunté. Donc tout le monde se met aux abris. En dépit des potentialités offertes par la révolution technologique…

2e risque, les émergents. Il y a désormais de graves fissures dans les Bric... Les pays émergents sont tous en phase de ralentissement.La Chine a vu le volume de son commerce baisser de façon inquiétante. Les exportations ont chuté, les importations aussi. Ce qui inquiète fortement les autorités chinoises qui voient là, l’amorce d’un changement de modèle avec le risque de ne pas savoir en maitriser tous les effets sur le plan interne.

En bref, la Chine enregistre une baisse spectaculaire de son activité liée à la chute des prix des matières premières. Le moteur de l’exportation est fatigué et la demande intérieure n’a pas pris le relai. Les connaisseurs de la Chine savent que ce pays a besoin d’une croissance supérieure à 8 % l’an pour absorber les populations qui arrivent des campagnes attirées par les lumières de la ville. En dessous de 8%, Pékin vit en risque de "tien an menh" qui avait causé un véritable traumatisme dans la classe dirigeante chinoise qui craint en permanence une explosion sociale. Les autres émergents sont en mauvais état, le Brésil est au bord de la récession. La Russie est en récession malgré les déclarations optimistes de Vladimir Poutine la semaine dernière.

3e risque, l’Europe. L’Europe n’a pas retrouvé sa place dans le concert économique mondial, pour une seule et unique raison, son modèle socio-économique n’est pas adapté aux contraintes de la mondialisation ; le poids considérable de ses dépenses sociales alourdit ses frais généraux et sclérose les structures de ses économies. Ce n’est pas vrai de tous les pays européen, mais c’est vrai de la plupart, notamment de la France. D’où la dénonciation du ministre allemand de l’économie, Wolfgang Schauble qui reprochait vendredi à la France ne pas pouvoir se reformer. Et c’est vrai que la démocratie qui fonctionne le plus souvent au clientélisme n’incite pas les politiques à être très courageux. Qu'ils soient de droite ou de gauche, les hommes politiques cherchent surtout à être réélus plutôt qu'à réformer la France contre le peuple. Peut-être faut-il s’appeler De Gaulle, Churchill ou Kohl pour lever cette contradiction entre l’intérêt immédiat d’un électorat versatile et l’intérêt à long terme du pays. Toujours est-il que beaucoup de vieilles démocraties européennes sont bloquées.

Mais au-delà des difficultés à reformer, la démographie vieillissante accroit encore plus les dépenses de fonctionnement improductives. Le modèle est financé de plus en plus par endettement. C’est supportable tant que les taux restent très bas, mais ça sera explosif, le jour où, les taux redeviendront normaux et c’est inéluctable. Les épargnants qui financent les dettes ont besoin de revenus, donc d’une rémunération positive ou alors il faudra accepter de ruiner les rentiers ; ce qui parait difficile parce qu'ils sont nombreux et ils votent. 

La seule solution pour protéger ce modèle social européen serait de retrouver de la compétitivité (hors coût), et surtout d’harmoniser l’espace européen autour d’une politique commune à l’image de ce qui existe aux Etats-Unis. Le jour où on saura les fabriquer, les Etats Unis d’Europe sauront se protéger et redevenir une des zones les plus prospères du monde. La population représente un marché de 250 millions de consommateurs, à haut pouvoir d’achat, de quoi faire vivre une industrie forte et consolidée. Pour certains c’est le seul projet d’avenir qui vaudrait la peine d’être construit. Pour beaucoup c’est évidemment utopique et pour d’autres absolument pas souhaitable. 

4e risque, l’euphorie monétaire. La banque mondiale et le FMI reconnaissent que la planète  est sorti de la crise grâce à un afflux de liquidités dispensées par les banques centrales, la FED, la banque d’angleterre , la banque du japon et de Chine, puis désormais la BCE. Cet afflux d’argent a permis aux différents Etats d’éviter des restructurations qui auraient été socialement insupportables. Mais cet argent ne s’est toujours pas investi dans l’économie réelle comme il aurait dû. Ni en investissement industriels, ni en demande.  Il s’est cristallisé dans les actifs financiers qui connaissent aujourd hui des bulles inflationnistes. Les banques centrales voulaient relancer l’inflation dans les circuits économiques ; pour l’instant l’inflation s’est arrêtée sur les marchés financiers. L’industrie financière en a profité. L’euphorie s’est propagée sur toutes les bourses occidentales. Apres les avertissements du FMI, cette euphorie s’est un peu calmée vendredi soir. Tout le monde va désormais chercher l’atterrissage en douceur avec des taux d’intérêts qui remonterait calmement. Personne n’a dans le monde véritablement trouvé la solution.

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