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Les élections législatives vont être le théâtre d'alliances stratégiques entre certaines formations politiques.
Les élections législatives vont être le théâtre d'alliances stratégiques entre certaines formations politiques.
©Sameer Al-DOUMY / AFP

Tentation

Aux élections législatives, ne soutenons que ceux qui ne trahiront pas demain ! La confiance des Français sera le corollaire de la fidélité de nos candidats à des principes clairs.

Bernard Carayon

Bernard Carayon

Bernard Carayon est ancien député du Tarn, maire (LR) de Lavaur, Avocat au barreau de Paris. 

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Le duel du second tour des élections présidentielles ressemble, comme la fois dernière, à un psychodrame assez ridicule. Le « théâtre de l’antifascisme » que décrivait Lionel Jospin[1] est à l’œuvre. Il faut « faire barrage » ! Et qu’importe que la troupe soit hétéroclite au point de rassembler islamo-gauchistes, wokistes, communistes et les bonnes consciences libérales et centristes, « les voix ne se pèsent pas, elles se comptent », selon la formule de Clémenceau. Qu’ils se rassurent, s’ils ne simulent pas l’angoisse, Emmanuel Macron sera évidemment réélu. S’il était battu, j’en prends le pari, je lui offre une caisse d’un excellent Gaillac.

Mais j’aurais apprécié que les mêmes expressions outragées soient adressées au candidat Mélenchon dont on feint d’oublier les références marxistes et la promotion de régimes politiques, qui de Cuba au Venezuela, ont fait du crime contre la démocratie et les droits humains, leur philosophie et leur pratique du Pouvoir. Mais l’histoire de la lâcheté des républicains de droite comme de gauche à l’égard des avatars du communisme est trop ancienne pour que les mauvaises habitudes s’interrompent : le « parti de l’étranger » n’est d’ailleurs pas seulement celui des dictatures…

Que Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour aient rassemblé plus d’un Français sur deux est un avertissement singulier pour ceux qui ont oublié que l’essence de l’engagement démocratique était la défense des intérêts nationaux, le respect de la volonté populaire et la protection des plus faibles.

Or le quinquennat d’Emmanuel Macron aura précisément démoli ces trois piliers, laissant un champ de ruines. Face aux ultras, il propose une grande coalition avec ceux qui l’ont combattu, souvent avec acharnement, en fait, un parti unique incarnant le bien, le beau, le vrai, le juste, le Progrès, l’ouverture : le monopole, en somme, de la morale et de l’esthétique.

Insupportable exercice de domination auquel, en « gaulois réfractaire », je ne peux souscrire, laissant donc aux mélenchonistes la gaité d’assurer la réélection inéluctable du représentant des gens heureux. Voter blanc, c’est crier « je ne suis pas dupe ; gérez vous-même les drames dont vous êtes la cause ».

Depuis de longues années, la droite n’est plus la droite, et je sais bien, qu’en dépit d’efforts et parfois d’artifices, cela dure depuis bien longtemps : je n’ai pas la plume assez cruelle pour entrer dans les détails.

La fusion des gaullistes et des centristes que je dénonçais déjà il y a 25 ans (2) a été mortifère. Une alliance de second tour suffisait, pour peu qu’on ait eu un candidat, en l’espèce Jacques Chirac, susceptible de mobiliser, dès le premier, un Français sur trois. Jean-Louis Debré avait raison de rappeler à l’époque que le vrai clivage est entre ceux qui ne se résignent pas à ce que la France ne soit plus leur horizon et les autres, cherchant dans l’Europe un substitut plus chic que l’instinct cocardier. Depuis nous avons soumis nos convictions sur l’État, la Nation, l’immigration, le partage de la valeur économique, la défense de nos intérêts industriels dans la guerre économique à des alliances entre notables, gagées sur des arithmétiques grotesques. La droite a abandonné le peuple à Maastricht, l’a contourné après le référendum de 2005, ne l’a pas écouté quand il se faisait, peu à peu, exclure des fruits de la croissance et des banlieues populaires par des hommes en qamis et des femmes voilées de noir.

C’est cela qui n’est pas moral.

Nous avons même perdu jusqu’à notre style ! L’art oratoire qui enflammait nos rassemblements avec Philippe Seguin, Charles Pasqua et quelques autres a été supplanté depuis longtemps par quelques artistes issus de la concurrence.

C’est vrai que lorsque l’on se contente de s’assigner comme objectifs « politiques » le respect de critères européens de déficit, la réduction de la dépense publique quand l’État est à genoux, et la compétitivité des entreprises quand la prime, partout dans le monde, est à la puissance et à la souveraineté technologique, il ne faut pas s’étonner de n’intéresser plus personne.

À mes amis, je dis, allez au peuple ! Il ne s’encombre pas, lui, des circonvolutions politiciennes quand il fait ses choix aux élections municipales. Pourquoi réussissons-nous à tenir nos engagements dans nos communes, et si peu à Paris ?

À mon parti, j’ajoute : aux élections législatives, ne soutenons que ceux qui ne trahiront pas demain ! La confiance des Français sera le corollaire de la fidélité de nos candidats à des principes clairs. Faîtes signer un engagement sur l’honneur de refuser toute participation à cette coalition gouvernementale qui mijote à feu doux – sauf si nous gagnons ces élections ! – toute allégeance à une majorité parlementaire macroniste, tout vote du budget qui signerait une alliance d’intérêts et non de convictions.

Ce n’est pas difficile d’être honnête, le « meilleur des investissements en politique », disait de Gaulle.

C’est plus compliqué de mentir ou de tricher avec la réalité.

Il nous faut, nous qui venons d’une France qui ne plie pas, qui ne connait pas d’« accommodements raisonnables » avec les adversaires de nos intérêts nationaux, « le courage, la force et la foi », comme y invitait, en 1942, André Zirnheld, l’auteur de la « Prière du parachutiste », les combattants de la France libre.

En juin donc, boutons les macronistes hors d’une assemblée qui est d’abord nationale !

Bernard Carayon

Avocat au barreau de Paris

Maire de Lavaur

Ancien député (RPR puis UMP) du Tarn


[1] France Culture, Répliques, 29 septembre 2007

(2)  Dans un article paru dans le Figaro en août 1997 : « La droite doit être la droite »

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