Le vin, ce fer de lance de l'économie française <!-- --> | Atlantico.fr
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Extrait de "Entreprendre dans le vin - Stratégies 360° pour réussir sur le marché mondial du vin", de Martin Cubertafond, publié aux Editions Eyrolles.
Extrait de "Entreprendre dans le vin - Stratégies 360° pour réussir sur le marché mondial du vin", de Martin Cubertafond, publié aux Editions Eyrolles.
©Reuters

Bonnes feuilles

C'est souvent une passion qui est à l'origine d'un projet dans le vin, mais, pour réussir, il est nécessaire de bien définir son positionnement et de trouver le modèle économique adapté à ses capacités financières. Extrait de "Entreprendre dans le vin - Stratégies 360° pour réussir sur le marché mondial du vin", de Martin Cubertafond, publié aux Editions Eyrolles (2/2).

Martin Cubertafond

Martin Cubertafond

Martin Cubertafond est consultant en stratégie et maître de conférences à Sciences-Po Paris, où il enseigne la stratégie de l’entreprise et donne, depuis 2006, un cours sur le marché mondial du vin.
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Le poids important du vin dans l’économie nationale

Le fer de lance de l’agriculture française

Le vignoble destiné à la production de vin occupe 780 000 hectares en France, soit 3 % de la surface agricole utilisée1, mais il produit 15 % de la valeur de la production agricole française2. Le vignoble produit donc 4,7 fois plus de valeur à l’hectare que la moyenne de la production agricole française.

Au sein de l’agriculture française, c’est également un secteur agricole en avance dans la transition vers l’agriculture biologique. Le vignoble certifié biologique est en forte augmentation et il représentait 65 000 hectares en 2014, soit plus de 8 % de la superficie en production. Grâce au nombre important de conversions à l’agriculture biologique effectuées depuis 2007, les objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement (6 % de la surface agricole utile) ont été atteints par la viticulture dès 2010, avec deux ans d’avance3.

En termes de commerce extérieur, le vin est, de loin, le leader de l’agriculture française. En effet, les exportations de vins représentaient 7,9 milliards d’euros en 2013 alors que les importations ne représentaient que 0,7 milliard d’euros. Le solde est donc de 7,2 milliards d’euros d’excédent pour la France. Parmi les autres produits agricoles et les industries agroalimentaires, le deuxième secteur est celui du blé tendre, loin derrière, avec un excédent de 4,2 milliards d’euros. Viennent ensuite les produits laitiers (3,3 milliards d’euros d’excédent) puis les spiritueux (2,6 milliards d’euros d’excédent). Le vin est donc le premier poste d’excédent commercial de l’agriculture française.

Le 3e poste excédentaire de la balance commerciale française

Comme le montre le graphique ci-dessous, l’excédent commercial de l’industrie du vin est en croissance ces dernières années : + 39 % entre 2004 et 2013, de 5,2 milliards d’euros à 7,2 milliards d’euros.

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Il ne s’agit donc pas d’un feu de paille ; cet excédent commercial est pérenne. La preuve en est que s’il a diminué en 2009 à la suite de la crise économique mondiale, il a cependant très rapidement – au bout de deux ans – retrouvé son niveau d’avant-crise.

L’excédent commercial est réalisé par deux types de vins : les vins de Champagne, qui représentaient 31 % de l’excédent en 2013, et les autres vins, qui en représentaient 69 %, soit plus des deux tiers.

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Le poids du vin dans la balance commerciale française est tel qu’il dépasse le seul cadre de l’agriculture. En effet, peu d’industries génèrent en France un tel excédent commercial : en 2013, seuls l’aéronautique et les parfums et cosmétiques dépassaient le vin.

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Le vin fait donc partie du trio de tête des industries générant le plus important excédent commercial. Si l’aéronautique est loin devant, il faut noter que les parfums et cosmétiques sont très proches (+ 1,4 milliard d’euros, soit + 19 %), mais qu’ils doivent se regrouper pour dépasser le vin. Les statistiques séparant les deux familles ne sont pas disponibles, mais il est fort probable que, prises séparément, elles laisseraient au vin la deuxième place1. Quant à l’industrie pharmaceutique, une des forces historique de l’économie française, elle apporte 2,7 milliards d’euros de moins aux comptes de la nation (– 38 %).

Par ailleurs, il faut noter que la performance de l’industrie aéronautique repose sur des entreprises de grande taille (Airbus, Snecma). Il en va de même pour les parfums et cosmétiques, qui comptent dans leurs rangs L’Oréal, un des leaders mondiaux du secteur ou, pour les industries pharmaceutiques avec les laboratoires Sanofi ou Servier. Le secteur vinicole français, quant à lui, compte des acteurs de taille importante dans le champagne (en premier lieu le groupe LVMH), mais très peu d’entreprises de grande taille dans les vins tranquilles (la part de marché cumulée des trois leaders est inférieure à 15 %). Pour les vins tranquilles, qui représentent les deux tiers de l’excédent, la grande performance des vins français repose donc sur une multitude de PME. Ainsi, si l’on regarde les entreprises qui fournissent à la France ses principaux postes d’excédent commercial, on va trouver les groupes Airbus, L’Oréal, Sanofi, LVMH et, au même niveau, une armée de PME vinicoles.

Un secteur qui génère de nombreux emplois

Le secteur du vin génère de nombreux emplois en France : des emplois directs, à la vigne et dans les caves, mais également des emplois indirects, chez les multiples fournisseurs de la filière.

La viticulture recouvre 780 000 hectares en France et la vigne est une culture qui demande beaucoup de main-d’oeuvre. Il y a ainsi 142 000 viticulteurs en France et 115 000 autres emplois directement liés au vin : les négociants, les emplois saisonniers, les salariés des organismes dont l’objet est le vin (coopératives viticoles, syndicats, interprofessions, lycées viticoles…), les cavistes, les salariés de la grande distribution ou encore les sommeliers. Cela représente donc au total plus de 255 000 emplois directement liés au vin.

Mais il faut également y ajouter les nombreux emplois chez les fournisseurs de l’industrie viti-vinicole. En effet, le vin génère de l’activité pour de nombreux secteurs : sans lui, par exemple, les entreprises de tonnellerie, de chaudronnerie, de logistique, de bouchons, de verre ou les imprimeries généreraient beaucoup moins d’emplois. Le nombre total d’emplois indirects liés à la production et à la commercialisation du vin en France est généralement estimé entre 250 000 et 350 000.

Au total, le nombre total d’emplois directs et indirects qui dépendent du vin est donc compris entre 500 000 et 600 000 en France1, soit environ 2 % des emplois (salariés et non salariés) du pays.

Ces emplois ont d’autant plus de valeur qu’il est, pour les emplois directs et pour une partie des emplois indirects, impossible de les délocaliser. En effet, l’entretiendes vignes, par exemple, doit par définition s’effectuer sur le lieu de production des raisins. De même ces emplois ne peuvent pas, pour leur grande majorité, être industrialisés : l’entretien de la vigne, la vinification (et même, dans certaines AOC, la récolte des raisins) nécessitent une intervention humaine.

Enfin, comme la viticulture biologique est en croissance en France et qu’elle nécessite plus de main-d’oeuvre que la viticulture ayant recours aux pesticides1, le nombre d’emplois directs générés par le secteur du vin devrait probablement augmenter dans les années à venir.

Extrait de "Entreprendre dans le vin - Stratégies 360° pour réussir sur le marché mondial du vin", de Martin Cubertafond, publié aux Editions Eyrolles, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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