Prévention
Le vaccin contre le papillomavirus ne permet pas seulement de réduire les risques de cancer du col de l’utérus. Et pas seulement chez les filles
Selon une étude récente présentée au congrès annuel de la Société Américaine d’Oncologie, le vaccin contre le Papillomavirus diminue également les risques de cancers de la tête et du cou de l’oropharynx liés au HPV, à plus forte raison chez les hommes.
Antoine Flahault
Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine.
De quelles manières la vaccination contre le HPV bénéficie-t-elle aux hommes, et quels types de cancers sont les plus impactés ?
On avait l’habitude de considérer que la vaccination des garçons à l’adolescence était purement altruiste, pour diminuer le risque du Papillomavirus ultérieurement chez sa partenaire féminine si elle n’était pas protégée elle-même. On voit que cet aspect de la vaccination des garçons persiste bien sûr, mais qu’en plus les garçons ont un bénéfice direct de la vaccination car ils se trouvent protégés contre tous les cancers liés au Papillomavirus et qui peuvent les atteindre comme les femmes. On parle ici de cancers ORL et ceux de l’anus.
Quelles preuves soutiennent l'efficacité du vaccin contre le HPV dans la prévention de cancers autres que ceux affectant le col de l'utérus ?
Les preuves des bénéfices de la vaccination contre le Papillomavirus (HPV) viennent d’une étude récente présentée au congrès annuel de la Société Américaine d’Oncologie qui se tient actuellement à Chicago. Cette étude porte sur plus de 3,4 millions de citoyens nord-américains âgés de 9 à 39 ans conduite entre 2010 et 2023 dont la moitié a été vaccinée contre le Papillomavirus. Il y avait autant de femmes que d’hommes inclus dans l’étude. Les patients vaccinés, hommes et femmes, ont vu une réduction importante du risque de cancers liés au Papillomavirus.
Comment la perception et l'acceptation du vaccin contre le HPV ont-elles évolué avec la sensibilisation croissante à ses bienfaits pour les deux sexes ?
Cette étude est majeure, tant par son ampleur que par la portée de ses résultats. On avait montré depuis longtemps le bénéfice individuel direct de la vaccination chez les jeunes adolescentes vis-à-vis de l’infection génitale à Papillomavirus et contre le cancer du col de l’utérus qui reste une grande cause de mortalité partout dans le monde où les femmes sont insuffisamment vaccinées. On n’avait pas encore démontré avec autant de force scientifique le bénéfice individuel direct chez les garçons. La couverture vaccinale contre le HPV peinait à croître chez les adolescents dans tous les pays du monde (seulement 11% de garçons vaccinés contre le HPV en France). On a désormais un argument de santé publique puissant pour convaincre les adolescents (2 doses à 2 mois d’intervalle entre 11 et 14 ans, une 3ème dose six mois plus tard si commencée après l’âge de 15 ans) des deux sexes à se faire vacciner contre le Papillomavirus pour leur plus grand bénéfice direct. Le vaccin HPV peut drastiquement faire reculer tous les cancers liés au Papillomavirus dans les deux sexes. Ces cancers n’ont rien de plaisants, ils sont graves, invalidants, et causent des décès désormais évitables. Le vaccin est par ailleurs remarquablement bien toléré.
Extrait du livre d’Antoine Flahault, « Prévenez-moi ! Une meilleure santé à tout âge », publié aux éditions Robert Laffont
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