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Le paradoxe Macron : les enseignements d'une victoire très large mais d'une adhésion fragile
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Macron président

Emmanuel Macron a été élu avec 66.1% des voix contre 33,9% pour Marine Le Pen. Un deuxième tour dont on peut déjà tirer les enseignements.

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

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François  Krauss

François Krauss

Directeur des études à l'IFOP

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Quels sont les principaux enseignements que l'on peut tirer de ces résultats

Jean-Daniel Levy : Le premier enseignement que l'on peut tirer c'est qu'il y a la victoire d'une personne qui était inattendue il y a un an dans le cadre de toutes les enquêtes. Une personne inconnue sans formation politique qui a su  mettre en cohérence une partie des attentes des FR qui attendaient que le président soit jeune parle a la gauche et a la droite, qu'il soit à l'écoute et avec une expérience du public mais aussi du privé.

Ensuite il faut retenir que malgré tout il y a un fort progrès du Front National entre le premier et le deuxième tour. Pour la première fois le FN passe la barre des 10m des électeurs et avec un front républicain qui a volé en éclat puisque l'on peut voir le progrès par rapport à 2002.

Il faut aussi noter que l'électorat s'est moins déplacé au deuxième tour par rapport au premier tour notamment parce qu'ils ont rencontré des difficultés a devoir choisir entre deux programmes qui ne leur convenaient pas. Nous sommes face à un électorat qui a plus voté contre Marine Le Pen que pour Emmanuel Macron en tant que tel et que la mobilisation autour du projet est bien moins forte autour d'Emmanuel Macron qu'autour de Marine Le Pen. Cela peut poser un problème pour le prochain président.

Le quatrième point, nous sommes face a des électeurs qui ont voté massivement blanc ou nul. Ils envoient un message avec ce geste, celui de ne se retrouver dans aucun des programmes des deux candidats.

Combien d'électeurs sont concernés par le vote blanc ou nul et que peut-on déduire lorsque l'on fait la comparaison avec les précédentes élections ?

Il y a environ 4 millions d'électeurs. C'est sans commune mesure avec ce que l'on a pub voir par le passé avec près de 8% de l'électorat qui a voté blanc ou nul. C'est bien plus important que les 5% de 2012 qui était déjà un score important. Dans ce contexte, cet électorat est plutôt mobilisé, plutôt présent, qui croit que la politique est quelque chose d'important et qu'il faut se déplacer pour aller voter mais qui, lorsqu'ils sont çà gauche considèrent Emmanuel Macron comme trop libéral et lorsqu'ils sont à droite rattachent Emmanuel Macron au projet et aux orientations de François Hollande.

Concernant l'abstention, on atteint un niveau record, pratiquement celui de  1969 au deuxième tour de la présidentielle avec un électorat plutôt populaire qui se divise entre les voix de Jean-Luc Mélenchon au premier tour ainsi que des votes de François Fillon au même moment.

Quels enseignements peut-on déjà tirer de la cartographie du vote ?

François Krauss : On a clairement le clivage du premier tour qui se retrouve. L'opposition entre les métropoles, les centres-villes connectés, le milieu de la mondialisation contre le milieu rural et les zones éloignées des centre-ville.  On voit que le score de Marine Le Pen est de 42% dans les communes rurales et 21% en agglomération parisienne. C'est un rapport du simple au double qui illustre bien le clivage entre les gagnants les perdants de la mondialisation, les zones périphériques et les centres-villes des grandes métropoles. Ce clivage n'est pas applicable qu'à la France, on le retrouve aux Etats-Unis avec l'élection de Trump, pour le Brexit ou encore aux régionales ou aux européennes.

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