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Le nucléaire, c’est l’avenir
©JEFF PACHOUD / AFP

Bonnes feuilles

Jean de Kervasdoué publie "Les Ecolos nous mentent !" aux éditions Albin Michel. S'appuyant sur des exemples concrets, Jean de Kervasdoué montre à quel point la doxa verte voit tout en noir, de façon quasi dépressive, ce qui a pour conséquence de culpabiliser la société mais aussi de restreindre chaque jour un peu plus nos libertés. Extrait 2/2.

Jean de Kervasdoué

Jean de Kervasdoué

Jean de Kervasdoué est un économiste de la santé français, titulaire de la chaire d'économie et de gestion des services de santé du conservatoire national des arts et métiers (CNAM)et membre de l’Académie des technologies. Il a été directeur général des hôpitaux.

Ingénieur agronome de l’Institut national agronomique Paris-Grignon il a également un MBA et un doctorat en socio-économie de l’Université de Cornell aux Etats-Unis. Il est l'auteur de Pour en finir avec les histoires d’eau. Imposture hydrologique avec Henri Voron aux Editions Plon et vient de publier Les écolos nous mentent aux éditions Albin Michel. 

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Le premier dogme de l'écologie est le rejet du nucléaire. Cette croyance fondatrice remonte à l'époque où les Grünen de l'Allemagne de l'Ouest étaient financés par les fabricants de lignite de l'Allemagne de l'Est afin de permettre à l'URSS de rattraper son retard en la matière. Le dogme s'est étendu à la France où, pour attirer les voix des écologistes, les partis au pouvoir depuis deux décennies inventent en matière de sécurité des centrales des normes aussi coûteuses qu'extrêmes et réduisent la contribution de cette source d'énergie au mix électrique. La fermeture de la centrale de Fessenheim l'illustre. Peu importe que cela soit coûteux et écologiquement discutable, étant donné que cette fermeture accroît les rejets de gaz à effet de serre en France et en Allemagne. Prétendre « décarboner » une énergie électrique qui l'est déjà est une politique étonnante, sauf si l'on rejette à tout prix les centrales nucléaires.

Par essence, l'énergie est puissance et donc danger, qu'elle soit concentrée dans un stère de bois, une chute d'eau, une tonne de charbon, un baril de pétrole, une batterie au plomb ou quelques grammes d'uranium. Les dangers pour ceux qui la produisent ou la manipulent ne sont pas de même nature, il convient donc d'en connaître les risques et les bienfaits, car la production d'énergie électrique est un sujet politique majeur.

[…]

En 2019, évaluant les conséquences du tsunami de Fukushima, Matthew Neidell et une équipe publient une analyse au titre sibyllin : « Soyez prudent avec le principe de précaution. Preuve tirée de l'accident nucléaire de Fukushima Daiichi » ; son contenu s'éclaire dans The Economist du 9 novembre 2019, qui, résumant cette étude, demande, à propos de Fukushima : « Est-ce que les mesures de sécurité ont plus tué que le désastre qui les a déclenchées ? » La réponse est clairement oui ; la précaution peut être mortelle !

21 000 résidents de la zone de Fukushima furent évacués de force, sur décision des pouvoirs publics. 2 000 sont morts du seul fait de cette évacuation, pour diverses raisons : stress, suicide, arrêt de traitements médicaux… En outre, l'accident sur la centrale a entraîné une forte hausse du coût de l'électricité, toutes les autres centrales nucléaires ayant été fermées au Japon. Entre 2011 et 2014, 1 280 personnes sont mortes de froid (il ne s'agit pas d'une estimation mais d'un recensement) faute d'accès économique à l'électricité. Absolument aucun décès n'a été comptabilisé du fait de l'exposition aux rayonnements ionisants. Les 21 000 décès de Fukushima viennent de la noyade par le tsunami. La prétendue « catastrophe nucléaire de Fukushima » a fait zéro mort du nucléaire.

Ce ne fut pas le cas à Tchernobyl. Vingt ans après le drame, en 2006, l'OMS8 estimait que le nombre de décès directement dus à la catastrophe était inférieur à 80 personnes dont 50 personnes chez les 240 000 « liquidateurs » envoyés sur le site par leur hiérarchie, au mépris du risque vital, et qui furent donc très fortement exposés aux radiations (il y eut au total 530 000 liquidateurs !). On a déploré aussi 6 000 cas de cancers de la thyroïde chez 2 millions d'enfants de Biélorussie, de la Fédération de Russie et d'Ukraine. Ils furent traités par ablation de la thyroïde et prescription à vie de thyroxine. Ce traitement n'est pas bénin, mais il leur a sauvé la vie (le nombre de décès dus à un cancer de la thyroïde chez ces enfants de l'époque est de 9). On n'a pas distingué, dans cette zone, d'augmentation significative des cancers du sein et des leucémies chez la population la plus irradiée et, contrairement à ce qui a été dit et montré par des images qui proviennent de montages frauduleux, on n'a pas observé non plus de malformations congénitales. Il y eut même, en 1987, soit un an après la catastrophe, une baisse des morts par leucémie en Ukraine. La communauté internationale a en effet aidé ces malades à être correctement pris en charge très rapidement.

Depuis juillet 2003, l'Académie de médecine considère que l'électricité nucléaire « s'avère avoir le plus faible impact sur la santé par kilowattheure produit par rapport aux filières utilisant des combustibles fossiles, les biomasses ou l'incinération des déchets, […] ou même les énergies éolienne et photovoltaïque ». L'article de Markandya et Wilkinson publié par The Lancet en 2007 indique que la mortalité à court terme par unité d'énergie est 467 fois moins importante pour le nucléaire que pour les centrales à charbon. Ceci sans évoquer la mortalité qui serait liée à la pollution atmosphérique (si l'on en tient compte, il faut multiplier par un facteur de 10). Quant au gaz, considéré comme énergie « propre », le rapport est de 1 à 40. Enfin, Kharecha et Hansen ont calculé que le remplacement du charbon, du fuel et du gaz par le nucléaire a déjà « économisé » 1,84 million de morts prématurées dans le monde de 1970 à 2010, dont 290 000 en France, et aussi évité l'émission de 64 milliards de tonnes de CO2 !

En janvier 2012, l'Académie des sciences confirme que « les centrales nucléaires sont aujourd'hui le seul moyen de produire massivement de l'électricité concentrée, permanente et sans émission de gaz à effet de serre ». Elle souligne aussi que « quatre décennies d'expérience ont montré que l'impact sanitaire du nucléaire est bien moindre que celui d'autres sources principales d'énergie, le charbon en particulier ».

Enfin, une gestion des déchets nucléaires est possible. Actuellement, la totalité de l'électricité nucléaire française est produite par la fission d'un gramme d'uranium par habitant et par an. Soit 67 tonnes d'uranium fissionnées par an pour 67 millions de Français, ce qui représente un volume global de moins de 4 mètres cubes. Beaucoup moins que le volume d'une petite voiture. Sans entrer ici dans les détails, il a été montré à maintes reprises que la solution est de les stocker en copiant la nature et donc trouver pour ces déchets un réceptacle qui garantisse une étanchéité compatible avec le retour à la radioactivité ambiante. L'argilite à l'est du Bassin parisien, aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, possède les propriétés requises. Le choix du site souterrain de Bure est donc approprié, comme le confirment des essais conduits sur place depuis quinze ans. On ne voit pas comment les éléments radioactifs qui y seraient enfouis pourraient remonter à la surface dans des dizaines de milliers d'années, mais de toute façon leur dangerosité aura alors disparu. La radioactivité décroît avec le temps et se confondra avec la radioactivité naturelle ambiante du sol, qui contient en moyenne 3 grammes d'uranium par tonne de terre et jusqu'à 20 grammes dans les régions granitiques (Massif central, Bretagne, Alpes).

Le risque nucléaire est avant tout un risque politique :

– il y a un lien entre le nucléaire civil et la prolifération des armes atomiques ;

– les installations civiles peuvent être sensibles au terrorisme ;

– la gestion des déchets radioactifs suppose une stabilité sociale qui seule garantit leur non-dissémination.

Chacun mesure, à la lecture de la presse, que les centrales construites par l'empire soviétique faisaient courir à l'époque, et font toujours courir aujourd'hui, un risque écologique et un risque sanitaire aux habitants de l'ex-Union soviétique.

Avant que l'on se soucie du réchauffement de la planète, on pensait que la différence entre la pollution du charbon et celle de l'atome était essentielle, sur le plan écologique, car celle du charbon ne se répercutait pas, a priori, sur les générations futures. Il était également admis que la question de la gestion des déchets nucléaires n'était pas résolue et que celle de l'énergie produite grâce au charbon l'était – en oubliant que la poubelle du charbon était et est toujours l'atmosphère. La combustion du charbon sans résidu produit du gaz carbonique invisible, inodore et non toxique, mais il accroît l'effet de serre. Cette pollution n'était pas prise en compte, parce que invisible.

Dans le cas du nucléaire, il s'agit de quelques centaines de tonnes, et dans celui du CO2, de plusieurs milliards de tonnes par an. Soulignons en outre que la pollution par le charbon est systématique. Toutes les fois que brûle du charbon, du gaz carbonique s'échappe, alors que la pollution ionisante du nucléaire civil n'est heureusement qu'accidentelle et les accidents rarissimes. En fait, à ce jour, seul Tchernobyl a tué à cause des radiations ionisantes.

Il n'existera jamais une source d'énergie sans inconvénients écologiques et sanitaires. Le risque de non-pollution absolu n'existe pas. Surtout quand la source d'énergie est abondante, donc bon marché, ce qui est le cas du charbon et de l'électricité nucléaire. Depuis la fin du XVIIIe siècle l'industrie du charbon a été pour l'espèce humaine des milliers de fois plus mortelle, plus dangereuse et plus polluante que ne l'a été le nucléaire. Cela dit, le charbon a été la source de la révolution industrielle des XIXe et XXe siècles. Donc la source de tout notre bien-être actuel, de notre richesse et de la qualité de nos vies. La page de charbon se tourne, celle du nucléaire, plus encore que celle des énergies renouvelables, s'ouvre.

©Albin Michel 2021

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Extrait du livre de Jean de Kervasdoué, "Les Ecolos nous mentent !, Le véritable état des lieux de la planète", publié aux éditions Albin Michel.

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