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Le moral des Français est bon, mais prudence et vigilance restent de mise
©ALAIN JOCARD / AFP

Atlantico Business

En dépit de toutes les incertitudes, les frustrations et les polémiques politiques, les Français gardent le moral. L’économie va mieux mais tout cela reste fragile.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Alors que le pass vaccinal est devenu obligatoire, que les contaminations ne diminuent pas, et que la situation économique paraît encore fragile et vulnérable, les Français ont gardé le moral. Les enquêtes d’opinion et les analyses économiques montrent que les Français supportent une situation qui reste compliquée. Les Français, dans leur grande majorité, assument la situation sanitaire et supportent les mesures de restrictions. 

Sommes-nous véritablement résilient ou complètement désabusés ?

On attribue à Talleyrand un trait du caractère français qui n’a jamais paru autant d’actualité. Talleyrand disait : « Quand les Français se regardent, ils se désolent, quand ils se comparent, ils se consolent. ».  

Les enquêtes d’opinion le montrent, nous sommes souvent en colère et pessimistes mais finalement, nous arrivons à supporter la situation sanitaire et la situation économique. Alors nous n’avons pas le choix certes. Mais beaucoup ont craint des résistances et des refus d’obéir, notamment autour de la question du vaccin et du passeport. Les menaces de désordre ont été prises au sérieux. 

Mais globalement, la majorité des Français a été très disciplinée. Très résiliente. 

Les dernières enquêtes sur le moral des ménages réalisées par l’Insee portent sur décembre et montrent que la confiance des ménages français s’est accrue en décembre par rapport à novembre. Alors que la 4e vague pouvait nous faire croire à des difficultés nouvelles.  

En fait, les Français ont, semble-t-il, compris depuis le mois de décembre que la situation sanitaire pouvait s’améliorer et ils ont compris que le gouvernement avait la possibilité de prendre des mesures d’allègement sur notre vie quotidienne.

Le taux de vaccination les a rassurés.

Le testing massif a révélé un taux de contamination record mais assez peu d’entrées à l’hôpital, ce qui les a également rassurés.

Du côté de l’activité, les Français ont compris que l’économie était repartie très vite et très fort avec des mutations digitales qui se sont accélérées. Avec une prise de conscience accrue des problèmes climatiques. 

Alors sur l’économie, les chiffres sont nombreux qui attestent de l’amélioration. La plupart des indicateurs sont au vert : la croissance, la consommation et l’investissement progressent très vite. Le seul moteur qui marche mal est le moteur de l’exportation parce que le commerce mondial est encore très paralysé par la pandémie. 

Mais la plupart des secteurs français fonctionnent bien : le bâtiment, le commerce, la banque et l’assurance, les industries mécaniques et même le tourisme intérieur. Ça travaille et ça télétravaille. 

Ce qui souffre le plus, c’est l’évènementiel, les industries de la culture et du spectacle, le tourisme d’affaires, les voyages aériens… Ajoutons à cela l’automobile qui a passé une mauvaise année parce que la mutation électrique a moins de succès qu’on pensait et surtout parce que les usines sont bloquées, faute de composants qui eux sont coincés du côté de la Corée du Sud ou de Shenzhen. 

Le problème est que si les ménages ont globalement le moral, beaucoup continuent de se plaindre pour des vraies raisons, mais aussi parce que le ressenti de la situation est parfois plus douloureux que la réalité.  

Sur le pouvoir d’achat par exemple, la grande majorité des Français considèrent qu’il a baissé. Globalement, ce n’est pas vrai, le pouvoir d’achat a même beaucoup augmenté depuis 10 ans.

Mais dans la vie quotidienne, il y a des prix courants qui ont beaucoup augmenté, l’énergie et le logement. Et pour certaines franges de l’opinion, ces factures sont devenues insupportables. 

Une enquête récente d’Opinion way montre qu’en 2021, une année forte sur le front de l’activité, 57% des Français pensent que leur pouvoir d’achat a baissé. Même ressenti si on prend des échelles de mesures sur le long terme. Or globalement, le pouvoir d’achat n’a pas baissé, mais le logement a augmenté, les carburants ont augmenté et le budget communication internet (téléphone, plateforme streaming) a augmenté en hypothéquant une partie du budget mensuel de la famille. Cette part de dépenses contraintes mange et ampute le pouvoir de dépenser.

Donc le ressenti va alimenter le débat sur le pouvoir d’achat. 

Selon l’Insee, l’emploi est d’ailleurs une source d’inquiétude bien moindre qu’avant. D’abord parce que globalement la situation s’est beaucoup améliorée. L’année 2021 a été une très bonne année en termes d’emploi. Nous sommes globalement au taquet. Dans le commerce, le bâtiment, la restauration, le digital et même l’industrie, on cherche à embaucher mais on ne trouve pas. Donc normalement, on devrait être au plein emploi avec des salaires qui pourraient monter.  

Mais alors qu'on cherche près d’un million d’embauches, on a près de 4 millions de chômeurs de longue durée qui auront du mal à trouver un job parce qu’ils n’ont aucune des caractéristiques du job. Donc problème d’adéquation et de formation grave, problème d’éducation. Problème aussi d’habitudes qui font que ces gens-là sont découragés. 

Il y a surement des solutions, mais elles ne sont pas évidentes. Donc il faut aider les chômeurs de longue durée, revoir la politique de formation, et sans doute relocaliser des industries qui sont parties dans les pays émergents, même si pour des questions de prix ça va être compliqué. 

Pendant cette campagne présidentielle, le moral des Français peut profiter à l‘équipe sortante, c’est ce que disent les sondages. La vraie question est de savoir si ce moral va durer. Le moral est un état très fragile, et très vulnérable. Il dépend de l’évolution de la pandémie, il dépend de la perception qu’ont les Français des difficultés qu'on pourrait avoir après Covid, parce qu'il faudra bien payer les factures de la dette et des déficits. 

Mais le moral dépend aussi de la campagne présidentielle. La gauche n’existe plus, la droite est très fracturée. Cette situation alimente un climat qui peut être très orageux. Le débat présidentiel qui devrait servir à préparer l’opinion à des réformes nécessaires, tourne en rond sur des querelles d’ego et s’éternise sur les questions de sécurité et d’immigration.  Ces questions sont importantes mais pas au point d‘occulter les autres débats. 

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