Le modèle du bocage vendéen : cette France périphérique qui va magnifiquement bien<!-- --> | Atlantico.fr
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Une femme passe devant des affiches de campagne du président et candidat Emmanuel Macron et de la candidate Marine Le Pen à Mulhouse, le 21 avril 2022
Une femme passe devant des affiches de campagne du président et candidat Emmanuel Macron et de la candidate Marine Le Pen à Mulhouse, le 21 avril 2022
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Exception vendéenne

Au second tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron est arrivé largement en tête en Vendée, un territoire rural dont on aurait pu s’attendre à ce qu’il vote Marine Le Pen. Comment expliquer cette exception ?

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Au second tour de la présidentielle, Emmanuel Macron arrive largement en tête en Vendée, un département relativement rural dont on aurait pu s’attendre à ce qu’il vote Marine Le Pen, pourquoi n’est-ce historiquement pas le cas ? 

Philippe Crevel : Il y a plusieurs raisons. Économiquement, le territoire se porte bien. Le chômage y est faible voire nul, son tissu économique est dense. Le territoire a joué la carte de la valeur ajoutée, en particulier dans le secteur nautique. Son industrie agroalimentaire est performante et son tourisme, celui de la côte ouest et l’attractivité du Puy du Fou, est dynamique. Le contexte économique est donc porteur. Les emplois génèrent des rémunérations correctes. Au niveau social, c’est un territoire d’entraide et de solidarité, l’esprit vendéen. Cela évite l’isolement. C’est également une région catholique, comme le reste de l’Ouest de la France. Sans doute que certaines valeurs entrent en contradiction avec Marine Le Pen.

Comment se matérialise la solidarité en Vendée ? 

Elle est liée à un capitalisme familial, les entreprises croisent les participations. Quand une entreprise est en difficulté, les autres lui apportent du soutien par des commandes. Cela produit une vraie solidarité économique. Cela rappelle un peu ce que l’on observe autour du bassin de Stuttgart en Allemagne. C’est presque une forme de régionalisme économique qui fait travailler les entreprises locales mais au service d’une exportation en Europe.

La Vendée est-elle une exception de la France périphérique ?

On voit que la Bretagne, qui était également une région pauvre pendant des décennies, qui a voté socialiste longtemps, a aussi voté majoritairement Emmanuel Macron. Le seul département plutôt de droite, le Morbihan, a été rejoint par les autres. Mais c’est peut-être parce que la Vendée, comme les départements bretons, ne sont peut-être plus des départements de la France périphérique. Les Pays-de la Loire sont une des régions avec la plus forte croissance en France. Nantes est une ville dynamique, il y a Rennes plus au nord. La Rochelle est une ville à la fois industrielle et touristique. La Vendée est à côté de tout cela et bénéficie de l’effet d'entraînement. Elle a dans le même temps conservé un réseau de villes dynamiques autour de La Roche-sur-Yon qui évitent la marginalisation du territoire : Les Sables-d’Olonne, Cholet, Les Herbiers, etc. C’est cet écosystème particulier qui est célébré. C’est un exemple de développement malgré l’absence d’une ville centre.  

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Mais qu’est-ce qui pourrait sauver la France périphérique ?

La Vendée est-elle pour autant parmi les gagnants de la mondialisation ?

Elle a en tout cas réussi à l’apprivoiser et en tirer profit. Elle a joué sur son image de marque, sa culture, mais également la haute technologie. Sa filière industrielle moderne lui a permis de se positionner au niveau mondial. L’industrie représente 32 % en Vendée contre une quinzaine dans le reste du pays.

Comment le territoire a résisté aux récents évènements, notamment la crise sanitaire ? 

Un territoire qui vit en partie du tourisme et de l’industrie nautique n’a forcément pas connu ses meilleures heures pendant la crise sanitaire. Mais ils ont bénéficié des aides de l’Etat et avaient avant la crise des marges solides qui lui ont permis de résister. Par ailleurs, il y a malgré tout une diversité des activités qui a permis de limiter les effets de la crise. 

Quels sont les problèmes actuels de la Vendée ?

La Vendée a, en quelques sortes, des problèmes de riche. Ce département auparavant pauvre manque désormais de personnel formé pour faire face à la demande. Ils ont un besoin d’apport de main d’œuvre de qualité.  La Vendée a aussi besoin d’être mieux reliée aux autres territoires, à commencer par Nantes et Bordeaux.

Y-a-t-il des leçons à tirer du modèle vendéen à la lumière de la présidentielle ? 

Le principal enseignement est qu’il n’y a pas de fatalité. Grâce au travail et la volonté des élus, la Vendée est devenue un des départements les plus dynamiques de France. Les conditions de vie y sont agréables : des emplois de qualité, de l’agrément, un réseau d’entreprises, une qualité d’éducation reconnue à l’échelle internationale, etc. 

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