Le logement pourrait être à l’origine de la prochaine crise sociale dans notre pays<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Tribunes
Des immeubles d'habitation à Paris
Des immeubles d'habitation à Paris
©JOEL SAGET / AFP

Crise du logement

En effet, le secteur de l’immobilier locatif se trouve devant une série de contraintes qui imposent d’avoir un débat démocratique, et que des arbitrages politiques clairs soient rendus. Nous sommes devant un baril de poudre qui se remplit progressivement, à bas bruit, et n’attend plus qu’une étincelle.

Benjamin Nicaise

Benjamin Nicaise

Benjamin Nicaise est président de Consultim Groupe

Voir la bio »

Le point majeur est le grave déficit de l’offre. La France ne construit pas assez de logements neufs pour satisfaire la demande. Nous sommes actuellement à 400 000 logements construits par an, alors qu’il faudrait, au moins, être à 600 000. Cela amène une hausse des prix et des loyers qui provoque une éviction des plus fragiles. Ils sont relégués dans logements dégradés et dans des zones mal desservies en tout, ou doivent sacrifier d’autres postes de dépenses pour conserver un logement convenable et bien situé. Leur équilibre financier est à la merci du moindre choc, par exemple une hausse des prix de l’énergie comme celle que nous vivons en ce moment. Cela génère un malaise social, qui s’est largement exprimé lors du mouvement des Gilets jaunes, et qu’il faut traiter structurellement, et pas uniquement avec quelques aides publiques améliorant ponctuellement le pouvoir d’achat.

Le problème va être aggravé par une vague dont bien peu anticipent le choc, celle de la rénovation énergétique. Le combat climatique impose de réduire les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre des logements. C’est indispensable, et la France s’est dotée d'objectifs et d’outils ambitieux, comme par exemple le nouveau diagnostic de performance énergétique, qui entre en vigueur en 2022. Mais cela va représenter un coût très important pour les ménages, avec des contraintes souvent très peu anticipées par les propriétaires, qu’ils soient bailleurs ou occupants. Pour un nombre important de logements, des travaux coûteux seront à faire dans un délai contraint, sous peine de se retrouver dans l’illégalité, et donc dans l’impossibilité de louer. Il faudra donc engager une dépense non prévue, et trouver les entreprises pour faire les travaux dans les temps, ce qui n’a rien d’évident, vu la situation du marché !

À Lire Aussi

Présidentielle 2022 : le logement, une grenade dégoupillée au cœur de la campagne ?

Le risque est de détourner les français de l’investissement dans l’immobilier locatif, alors même que nous n’avons jamais eu autant de besoin de financement dans ce secteur !

Il est donc essentiel que ce sujet soit inscrit à l’ordre du jour de la campagne présidentielle, et du programme des candidats, car des choix politiques majeurs doivent être tranchés.

Il faut un engagement fort à booster la construction de logements neufs. Le prochain président ne pourra pas se contenter de gérer la pénurie en attendant l’explosion sociale. Entre la décision de construction, et la remise de clés, il peut s’écouler quelques années. Il faut donc anticiper, et nous savons qu’il est déjà un peu tard pour réagir.

Pour construire davantage, il faudra libérer du foncier, ce qui suppose d’articuler cette politique avec celle, tout aussi légitime et nécessaire, de lutte contre l’artificialisation des sols. Si les surfaces dédiées au logement n’augmentent pas ou peu, il faudra trouver des solutions pour les utiliser plus efficacement. Mais cela se heurte à la préférence, profondément ancrée chez les Français, pour la maison individuelle avec jardin. 

Les besoins de financement d’une politique ambitieuse du logement sont importants, et ne pourront venir uniquement des budgets publics. L’épargne des ménages devra être mobilisée, ainsi que les investisseurs institutionnels, qui ont déserté le secteur depuis longtemps, du fait de sa complexité et de sa faible rentabilité. Acheter son logement ou investir dans l’immobilier sont des choix qui participent à la constitution d’un patrimoine en vue de la retraite. Cette aspiration des français, devenue une ardente nécessité devant la baisse des taux de remplacement, doit être encouragée dans l’intérêt de tous.

En tant que professionnels de l’immobilier, nous estimons de notre devoir de lancer une alerte. Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre cinq ans de plus, pour traiter ce sujet à haut risque social. C’est maintenant qu’il faut donner une impulsion politique forte, et lancer les chantiers qui vont desserrer l’étau.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !