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Alexis Karklins-Marchay publie « Pour un libéralisme humaniste » aux éditions Les Presses de la Cité.
Alexis Karklins-Marchay publie « Pour un libéralisme humaniste » aux éditions Les Presses de la Cité.
©ERIC CABANIS / AFP

Bonnes feuilles

Alexis Karklins-Marchay publie « Pour un libéralisme humaniste » aux éditions Les Presses de la Cité. Le libéralisme est en accusation. De nombreuses voix, à gauche comme à droite, appellent désormais à abandonner les idées « libérales ». Et si la solution ne venait pas de la « sortie » du libéralisme mais plutôt de sa réinvention ? Un libéralisme différent. Humaniste et éthique. Extrait 1/2.

Alexis Karklins-Marchay

Alexis Karklins-Marchay

Alexis Karklins-Marchay est chargé d'enseignement en finance à l'ESCP et à l'université de Caroline du Nord (États-Unis). Franco-américain, Alexis Karklins-Marchay est diplômé de Paris-Dauphine. Il est l'auteur de plus d'une centaine d'articles de finance, d'histoire et d'économie ainsi que d'ouvrages de théorie économique et de littérature.

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Le libéralisme, dont la valeur cardinale réside précisément dans le respect des libertés fondamentales de chaque être humain, est l’un des grands systèmes de pensée politique et économique contemporains. Largement dominant depuis plus de deux siècles dans le monde occidental où il est apparu, il a été adopté à divers degrés au cours des dernières décennies par d’autres nations sur tous les continents. Et ce, sans doute, parce qu’il a démontré ses bienfaits, tant sur le plan politique avec la généralisation de la démocratie que sur le plan économique avec sa capacité à créer des richesses collectives. De fait, jamais dans l’histoire de l’humanité, l’accroissement des libertés politiques individuelles et la progression du pouvoir d’achat et de l’espérance de vie n’ont été aussi forts que ceux observés depuis la fin du XVIIIe  siècle dans les nations ayant évolué vers le libéralisme. S’il existe des pays qui sont parvenus à faire cohabiter des formes de liberté économique avec un régime politique autoritaire, il n’est en revanche aucune démocratie qui ne soit pas libre économiquement. La corrélation entre la liberté économique et le revenu par habitant est d’ailleurs toujours encore largement vérifiée, comme le montrent différents classements internationaux. Oui, le libéralisme a largement fait ses preuves depuis deux siècles.

Malgré les réussites spectaculaires et les progrès indéniables des nations libérales, le libéralisme, au moins dans sa dimension économique, fait aujourd’hui l’objet de violentes critiques. L’échec flagrant et les horreurs des régimes socialistes, les impasses de l’idéologie communiste ainsi que la chute du mur de Berlin en 1989 auraient pu laisser croire qu’il ne serait jamais remis en cause, que sa supériorité sur les autres systèmes était acquise. Il n’en est rien. Depuis son retour au tournant des années 1980, grâce aux politiques conduites par Margaret Thatcher puis Ronald Reagan notamment, le libéralisme fait l’objet d’une détestation profonde de la part d’une partie des citoyens du monde. Qualifié fréquemment de « néolibéralisme » par ceux qui le contestent, il fait face à diverses accusations. Il y a près d’un quart de siècle, le pape Jean-Paul II blâmait déjà le système « néolibéral » dans une exhortation apostolique, Ecclesia in America (1999), au motif que celui-ci faisait référence à une conception purement économique de l’homme et considérait le profit et les lois du marché « comme des paramètres absolus au détriment de la dignité et du respect de la personne et du peuple », accroissant par conséquent le nombre de pauvres.

Toutes les études statistiques de l’époque montraient pourtant que la pauvreté tendait à régresser sur la planète depuis plusieurs décennies. Mais qu’importent les chiffres ! Les propos du chef de l’Église catholique résonnèrent fortement, rejoignant ceux des opposants à la mondialisation libérale. Parmi eux, il faut citer les mouvements altermondialistes, qui ont largement contribué à dénoncer ce néolibéralisme et les préconisations auxquelles il est associé. En particulier celles qui sont regroupées sous la formule dite du « consensus de Washington »  : dérégulation de l’économie, libéralisation du commerce international, privatisations, baisse des impôts pour les entreprises et les hauts revenus, ou encore réduction des dépenses sociales. Clamant qu’« un autre monde est possible », les altermondialistes et leurs critiques de l’idéologie dominante ont rencontré un véritable écho planétaire. La crise économique de 2008-2009 et ses conséquences n’ont fait qu’accentuer ces critiques, visant particulièrement le coût social des politiques libérales et la financiarisation de l’économie.

Le libéralisme est désormais attaqué de toutes parts, tant par les nationalistes que par les mouvements d’inspiration socialiste ou écologiste. Dans de nombreux pays, le « néo-libéralisme », sans qu’il soit toujours clairement défini, est devenu un terme connoté négativement. Pour un sociologue aussi influent que Pierre Bourdieu (1930-2002), il s’agirait d’une utopie qui prétend s’appuyer sur les sciences économiques et qui reposerait sur un principe d’exploitation sans limite, renforçant ceux qui dominent déjà les rapports de production : financiers, dirigeants, actionnaires, politiques conservateurs et même les sociaux-démocrates, « convertis aux démissions rassurantes du laisser-faire ».

Ce point de vue a été largement repris par l’ensemble de la classe politique française. Le terme de « libéral » est ainsi utilisé par tous les partis, de droite comme de gauche, comme une insulte. Dans un pays qui considère trop souvent l’État comme le « sauveur » ou, a minima, le recours, qui fustige et jalouse la réussite comme le remarquait déjà en son temps Balzac, qui voit beaucoup de ses intellectuels manifester de l’hostilité envers tout ce qui se rattache de près ou de loin à cette philosophie, qui associe mécaniquement le libéralisme au « modèle américain », il n’est pas surprenant de trouver aussi peu de figures politiques se revendiquer ouvertement « libérales ». Il est d’ailleurs déconseillé de le faire d’un point de vue électoral, à moins de vouloir se « suicider »… Il suffit de rappeler comment, au premier tour de l’élection présidentielle de 2002, Alain Madelin, l’un des rares candidats libéraux assumés, n’obtint que 3,91 % des suffrages, soit à peine plus d’un million de voix. Cinq fois moins qu’un certain Jacques Chirac, autre candidat de droite, lequel rejetait le qualificatif de « libéral ».

Pourquoi une telle détestation ?

Extrait du livre d’Alexis Karklins-Marchay, « Pour un libéralisme humaniste », publié aux éditions Les Presses de la Cité

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