Le FMI alerte le monde sur les risques économiques de la guerre au Proche-Orient. Réaction attendue de la BCE, qui se réunit aujourd'hui à Athènes<!-- --> | Atlantico.fr
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Les milieux économiques commencent à s'inquiéter parallèlement des conséquences économiques sur l'activité, non seulement au Proche-Orient.
Les milieux économiques commencent à s'inquiéter parallèlement des conséquences économiques sur l'activité, non seulement au Proche-Orient.
©Andrew CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Atlantico Business

Pour la première fois, le FMI n'écarte pas la perspective d'une nouvelle crise énergétique. Si l'Iran entre en guerre aux côtés du Hamas contre Israël, le FMI n'exclut pas une récession au niveau mondial. La réaction de la BCE, dont le conseil se réunit aujourd'hui à Athènes, est très attendue.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Depuis une semaine, les milieux économiques, déjà traumatisés par la gravité de la tragédie infligée aux civils, commencent à s'inquiéter parallèlement des conséquences économiques sur l'activité, non seulement au Proche-Orient, mais aussi dans tous les pays occidentaux. La remontée des prix des carburants et du gaz n’a d’ailleurs pas échappé aux automobilistes depuis une semaine. 

Au même moment, le FMI est sorti de son silence, à Marrakech lors d'une réunion régionale il y a deux jours, à Washington hier. On s'attend désormais à des réactions des banquiers centraux. La Réserve fédérale américaine se déclare très vigilante, et du côté des Européens, on estime que ces événements peuvent obliger la Banque Centrale à modifier son agenda sur la politique monétaire. Christine Lagarde, qui préside un conseil aujourd'hui à Athènes, ne pourra pas éviter de donner la position de la BCE.

Les experts du FMI se sont mis au diapason de la majorité des économistes, qui estiment que cette guerre entre Israël et le Hamas vient s'ajouter aux facteurs d'incertitude qui pèsent désormais sur le monde. Le Fonds Monétaire International affirme qu'il s'agit d'un « nouveau nuage dans un horizon déjà peu ensoleillé pour l'économie mondiale ».

Première raison d'inquiétude : le prix du pétrole et du gaz. Dès lors que la stabilité de la zone n'est pas garantie, la région est l'une des plus gros producteurs de pétrole du monde, notamment l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, le Qatar. Dès lors que ces pays producteurs ont des liens avec des courants terroristes du Hamas et du Hezbollah, le niveau de production pétrolière est en jeu. Entre la réduction des livraisons, les possibles accidents et la spéculation des intermédiaires, on est entré dans une période d'instabilité des cours.

Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI, qui estime avant tout « déchirant de voir des civils innocents mourir », mais considère aussi qu'il y a des craintes sérieuses d'une majoration des prix. Le monde occidental, qui n'est pas encore sorti de la guerre en Ukraine, n'avait pas besoin d'un nouveau front au Proche-Orient.

Les pays de la zone, dont les populations locales sont déjà en grande difficulté, voient leur activité soit complètement bloquée, notamment dans les territoires de Palestine, soit fortement perturbée en Égypte et en Jordanie.

Deuxième raison majeure d'inquiétude, c'est le risque d'une entrée en guerre de l'Iran, qui soutient le Hamas et le Hezbollah. Dans ce cas, dit-on au FMI, c'est le monde entier qui serait touché, avec au mieux une récession internationale. Dans ce cas, les livraisons de pétrole, qui passent à 60% par le détroit d'Ormuz, seraient bloquées complètement, et les flux commerciaux dans le monde seraient arrêtés. C'est un scénario très sombre que les dirigeants d'entreprises multinationales ne veulent pas créditer. Néanmoins, beaucoup y travaillent au cas où.

D'autres experts énumèrent les forces de rappel qui pourraient empêcher cette « récession mondiale » et rappellent que beaucoup de pays n'ont aucun intérêt à un bouleversement mondial. La Chine a besoin de stabilité et surtout de retrouver un niveau de croissance qui lui permette de répondre à ses besoins internes, ce qui n'est pas le cas. En Europe, on a besoin de créer de la richesse pour répondre à la pression des pays de l'Est. Dans les grands pays producteurs de pétrole, on a besoin de vendre le pétrole pour amasser du cash pour financer les investissements de l'après-pétrole. Aucun intérêt à enflammer le système, et pourtant, l'hypothèse d'une généralisation du conflit circule rapidement.

Pour les banquiers centraux, ces hypothèses-là ne peuvent que remettre en cause leur schéma de restauration d'une politique monétaire plus restrictive. Alors qu'ils travaillent tous à une régulation de l'inflation par une hausse des taux, en espérant ne pas freiner l'activité économique, la situation qu'appréhende la directrice générale du FMI les obligera à mettre tout en œuvre pour éviter une récession mondiale. Le calendrier de gestion des taux d'intérêt que devait présenter Mme Lagarde en sera peut-être affecté. Au mieux, on devrait entendre aujourd'hui la présidente de la BCE, Christine Lagarde, encore plus prudente que d'habitude.

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