« Le droit aux vacances pour tous » : François Ruffin voudrait « nationaliser » le droit au bonheur<!-- --> | Atlantico.fr
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©PHILIPPE LOPEZ / AFP

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François Ruffin veut faire du droit au bonheur une priorité. Il a raison, voilà qui va contribuer à son image de présidentiable. Personne ne résiste au bonheur. Sauf qu’il enfonce des portes ouvertes. L’essentiel des moyens qu’il propose existent déjà.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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François Ruffin et cinq de ses amis de gauche se proposent de lutter contre les inégalités sociales entre les français au moment du départ en vacances. En gros, pour le député de la France insoumise, chacun a « le droit au bonheur ». Apres six mois de lutte contre le projet retraite, après l’idée de promouvoir la semaine de 4 jours, puis de battre des records d’absentéisme au travail, il a donc présenté une proposition de loi octroyant « le droit aux vacances pour tous », parce que le sentiment de déclassement s’accroit aussi au moment du départ en vacances.

Il appuie son projet sur le fait que 40% des français ne partiront pas en vacances cette années ( plus que l’année dernières ) dont 3 millions d’enfants. Son objectif, faire partir en vacances 80 % de la population. Et pour cela, il propose de baisser le prix des transports, avec des trains à 1 euro, la gratuité des péages d’autoroute, le chèque-vacances  et la mise en service d’un pass-colo-verte  pour distribuer des voyages nature aux enfants. 

François Ruffin a évidemment raison. Quand on se découvre une ambition présidentielle ( et oui pourquoi pas lui ), tous les moyens pour se faire remarquer de son électorat sont bons. Le problème n’est pas que le projet soit particulièrement démagogique, le problème c’est qu’il ne connait pas ses dossiers puisqu’il enfonce des portes déjà ouvertes depuis des années et beaucoup grâce à ses amis de gauche et même du parti communiste.  

Le problème c’est qu’il propose une « nationalisation du bonheur » comme si ce droit d’être heureux devait être pris en charge par l'État. Même dans les  régimes très autoritaires, même Lénine n’avait pas osé jusque-là. Enfin bref. Le droit aux vacances appartient à chacun et à chacune. Reste que l’Eco-système et le service public peuvent participer à l’exercice de ce droit parce que certains n’en non pas les moyens.

Mais faut-il dans ce cas reprendre les recettes qui sont déjà disponibles depuis plus d’un demi-siècle.

Coté voyage, le train et les cartes de réductions existent déjà ça et s’ajoute au yeld management. En prime, le voyage en TGV n’est pas une obligation, ni un droit inviolable. Il existe des moyens de transport moins cher. Les TER , les flexi bus,… quant à l’idée de délivrer un chèque de 20 euros pour favoriser le co-voiturage. Le bla-bla car  n’a pas attendu les recettes de François Ruffin pour faire le plein. La moyenne des voyages en Blablacar est bien inférieur à 20 euros. Et l’internet regorge d’applications qui permettent de trouver la solution pas chère et efficace.

Côté hébergement, François Ruffin regrette que les hôtels soient chers mais pourquoi ne va-t-il pas en Airbnb. En camping ou en colocation. Beaucoup de génération sont parties en colonies de vacances et en sont revenus avec une réserve de souvenirs pour toute leur vie.

Le plus troublant dans la proposition de François Ruffin, c’est qu’elle en oublie tout ce que fait déjà l’Etat, tout ce que font les collectivités locales, les syndicats et les entreprises. Les initiatives privées qui sont proposées pas les entreprises ou dans les comites d’entreprise, en termes de colonies, de résidences et de voyages sont innombrables. Les projets développés par les organisations religieuses, les scouts de France, les éclaireurs et d’autres existent. Et font encore aujourd'hui découvrir la mer, la montagne ou la campagne. Erasmus organise pour les plus âgés des post ado, les visites et des séjours en Europe.

François Ruffin devrait feuilleter le catalogue de tout ce qui existe et qui marche plutôt bien avant de proposer le droit au bonheur sous le contrôle de l’État.

L'État contrôle déjà près de 60 % de la vie quotidienne des français puisque 60% du PIB est engouffré dans des dépenses publiques. Quand on s’arrête à la qualité des grands services publique (éducation nationale , santé ou sécurité et justice), on constate sans mal que ces grands services publics se sont pas une grande réussite. Il ne faut surtout pas confier à l’État le soin de gérer nos vacances. Les vacances, c’est la liberté. L’Etat, c’est la frustration.

Alors nationaliser le bonheur des vacances n’est peut-être pas la meilleure idée qu’ait pu avoir François Ruffin pour séduire les Français.

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