Le communisme, une idée d’avenir pour 29% des 18-30 ans : mais qui sont les responsables de ce naufrage ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Un manifestant tient un drapeau du Mouvement des jeunes communistes français (MJCF) lors d'une manifestation dans le cadre du 1er mai annuel, à Lille, en mai 2022.
Un manifestant tient un drapeau du Mouvement des jeunes communistes français (MJCF) lors d'une manifestation dans le cadre du 1er mai annuel, à Lille, en mai 2022.
©Denis Charlet / AFP

Idéologie

L’Ifop a mené une enquête auprès des Français pour L’Humanité afin de connaître leur rapport au communisme et au PCF. Les plus jeunes (29% des moins de 35 ans), les membres des catégories populaires (25%) et les plus pauvres (27%) considèrent le communisme comme une idée d’avenir.

André Sénik

André Sénik

André Sénik est agrégé de philosophie.

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André Sénik : Le fait de mesurer l’attractivité du mot communisme dans la France de 2023 prouve à lui seul qu’en dépit des connaissances désormais indiscutables sur les crimes liés à ce mot, le communisme n’a pas connu le sort du mot nazisme. En France, on peut se vanter impunément d’être communiste comme si de rien n’était.

Les réponses mesurées par les sondages dépendent du sens que les personnes interrogées donnent au mot communisme. Or ces sens peuvent être très différents.

Atlantico : L’Ifop a mené une enquête auprès des Français pour L’Humanité afin de connaître leur rapport au communisme et au PCF.Si une petite part de la population considère le communisme comme une idée d’avenir (19%), les plus jeunes (29% des moins de 35 ans) apparaissent davantage convaincus de cette affirmation. Comment expliquer la popularité du communisme chez les jeunes ? 

André Sénik : La tentation communiste chez les jeunes s’explique par le désir juvénile et simpliste de refaire le monde en faisant table rase par la violence du monde existant. La radicalité, le manichéisme et le fantasme de la toute-puissance immédiate sont des pathologies qui touchent plus de monde chez les jeunes que chez leur aînés.

On doit comprendre cette tentation totalitaire, et on doit surtout s’en protéger

Est-ce le même mouvement qui conduit à un regain de popularité du PCF et de son chef ?

André Sénik : Le récent et très relatif regain de popularité du chef du PCF s’explique par son look cool et par sa liberté de parole, qui sont rafraichissants comparés à la logorrhée incantatoire et irascible de Mélenchon. Mais ce style néo-communiste n’implique aucune dénonciation des crimes qui ont révélé la vraie nature du communisme.

Que nous apprend « l’univers évocatoire du communisme » sur la vision que nous avons, en France, de cette idéologie ?

André Sénik : La France n’a pas subi la réalité du communisme. Beaucoup de Français confondent encore l’idéal généreux qui fut celui des communistes de base chez nous (la fraternité et l’égalité réalisées), avec le programme totalitaire du communisme programmé par Marx et mis en pratique par ses héritiers partout et toujours. Bien des gens ici croient encore que le communisme de Marx a été trahi et n’a jamais été mis en pratique. 

La lutte des classes s’affirme comme un concept encore largement populaire : 83% estiment qu’elle est toujours une réalité, et même 78% des proches de Renaissance. Pourquoi ce concept est-il toujours si populaire ?

André Sénik : L’on confond la dimension conflictuelle qui est présente dans tous les rapports sociaux, avec le schéma marxiste qui réduit tous les rapports sociaux à un antagonisme irréductible. Cette vision manichéenne transforme la société pluraliste fondée sur la recherche de compromis mutuellement bénéfiques en théâtre de la guerre civile généralisée : les femmes contre les hommes ; les homosexuels contre les hétérosexuels, les classes populaires contre les élites, les non Blancs contre les Blancs, et ainsi de suite.

Faut-il s’inquiéter de la place que représente encore le communisme dans les esprits ?

André Sénik : Il faut s’en inquiéter et combattre l’idéologie communiste parce que sa vision radicalement antagoniste de la vie sociale s’oppose à la culture politique du compromis entre les composantes de la société, compromis qui est le principe de base de la démocratie dans les sociétés pluralistes.

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