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Le progrès social, inhérent à la culture bonapartiste, peut résoudre la crise sociale en mettant en exergue l’innovation écologique et la création d’emplois verts.
Le progrès social, inhérent à la culture bonapartiste, peut résoudre la crise sociale en mettant en exergue l’innovation écologique et la création d’emplois verts.
©FRED SCHEIBER / AFP

Progrès et alternatives crédibles

L’urgence écologique pousse certains militants à mener des actions liberticides. Il convient de trouver une politique écologique permettant à la France d’exercer une autogouvernance, d’être maître de sa stratégie en matière de réduction de son impact environnemental.

Ferréol Delmas

Ferréol Delmas

Ferréol Delmas est le Directeur du think tank « Ecologie responsable ».

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Sébastien Laye

Sébastien Laye

Sebastien Laye est chef d'entreprise et économiste (Fondation Concorde).

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L’écologie bouleverse collectivement notre rapport à l’essence de nos existences. Au-delà, elle percute nos habitudes, nos modes de vie et nos schémas intellectuels. La rapidité avec laquelle ce sujet a pris du poids dans notre quotidien (même si des lanceurs d’alerte existent depuis longtemps) est impressionnante et devrait continuer à gagner en puissance. Pourtant, l’urgence écologique pousse aussi certains, sous ce prétexte climatique, à mener des actions liberticides : blocage de routes, destruction de biens et jets de peinture sur des œuvres d’art notamment. Le citoyen classique, qui vote, qui contribue au fonctionnement de la Cité en payant ses impôts et est attaché à l’ordre, ne peut – à juste titre- cautionner ces actions violentes. On voudrait nous réduire à cedilemme entre l’ écocide et leliberticide ?

Répondre à la crise écologique et sociale

Dans cette même veine, tout un courant se structure autour d’un autoritarisme écologique. Comme le présente le journal Libération dans un article de 2019, il faudrait « accepter que la liberté s’arrête là où commence la planète. » Les courants de la gauche très libertaires, soi-disant héritiers des Lumières, de mai 68, parangons du principe « jouir sans entrave » se retrouvent désormais, en 2022, les farouches défenseurs de mesures portant atteinte à la liberté. Déjà, en 2015, Gilles Boyer, député européen et ancien conseiller d’Edouard Philippe, dans son ouvrage Un monde pour Stella, imaginait le travail d’un économiste, en 2045, dont la mission serait de réfléchir, à une nouvelle gouvernance pour sauver l’espèce humaine : « Face à l’urgence, des mesures s’imposent à tous dès le 1er septembre de cette année, notamment la limitation stricte des naissances à une par femme dans le monde entier (…). Ces mesures peuvent sembler autoritaires et brutales. Elles nous sont imposées par notre laisser collectif depuis décennies. » Ce qui était une dystopie en 2015 semble aujourd’hui devenir une réalité. Les thèses malthusiennes sur la régulation des naissances ont un écho important notamment dans la jeunesse, avec même, en 2017, lors de la COP23, un manifeste de 15 000 scientifiques qui préconisait de limiter les naissances pour éviter « de grandes misères humaines. » Cette violence ne cesse de grandir, dans les milieux radicaux, pour faire entendre la voix de la décroissance économique.

Des principes de gouvernements applicables à l’écologie

Il est donc primordial de répondre à une double urgence. Tout d’abord, d’apporter une solution efficace à la crise écologique en appliquant un certain nombre de solutions concrètes et courageuses. Ensuite, d’être ferme face à la violence en faisant comprendre que jamais l’écologie ne sera un argument laissé à des marginaux souhaitant « un grand soir vert ». Pour défendre une vision positive de l’écologie tout en assurant l’ordre dans notre société, nous pourrions appliquer les principes du bonapartisme à la cause environnementale. Il est nécessaire de préciser que le bonapartisme, dans notre propos ne consiste bien sûr pas à remettre sur le trône un héritier impérial avec un programme vert mais bien à remettre au goût du jour de grandes leçons de gouvernance héritées du bonapartisme. De Gaulle en son temps, Pompidou et bien avant lui Napoléon III et Adolphe Tiers ont puisé dans le bonapartisme, grand courant politique français, les réponses aux crises institutionnelles.

La crise actuelle est prégnante. Elle se manifeste dans le ressentiment des Français envers le politique, la méfiance dans les élus et la peur du lendemain : selon un sondage de l’IFOP publié en août 2022, 67% des Français déclarent ressentir de la peur face à l’avenir. Par ailleurs, pour plus d’un Français sur cinq, les problématiques environnementales provoquent des remises en question dans différentes dimensions de leur vie, tout particulièrement chez les jeunes. Les moins de 35 ans sont presque deux fois plus nombreux que la population générale à déclarer que la crise climatique impacte leur désir d’enfant (42% des moins de 35 ans contre 22% de la population générale). Ces fameux préceptes bonapartistes, déclinables en notre temps, sont une réponse à ces désillusions.

Souveraineté, indépendance et progrès écologiques

Le premier principe applicable est celui de la souveraineté populaire. L’ensemble des citoyens doivent pouvoir choisir leur politique écologique. Les référendums portent essentiellement sur le domaine régalien. Jamais un tel type de consultation n’a été posé sur le souhait des Français en matière environnementale. Face aux radicalités, il semble important de montrer que nos compatriotes sont attachés à une écologie responsable et à visage humain. Quid également des référendums locaux sur l’installation (ou pas c’est le jeu du suffrage universel) d’éoliennes ?

Le deuxième principe est celui de l’indépendance nationale. Dans ce cadre, il convient de trouver une politique écologique permettant à la France d’exercer une autogouvernance, d’être maître de sa stratégie en matière de réduction de son impact environnemental. A propos de ce volet de l’indépendance, la question du nucléaire est évidemment centrale. Avoir la main sur son énergie, c’est avoir une force de frappe énergétique importante. A titre d’illustration, un réacteur de 900 MW produit chaque mois 500 000 MWh, ce qui correspond à la consommation d’environ 400 000 foyers (plus d’un million d’habitants). Grâce au nucléaire, la France peut avoir une maîtrise totale de sa filière, de la conception, à la fabrication des combustibles, sans oublier le recyclage. C’est enfin, pouvoir compter sur l’une des sources d’électricité les moins coûteuses à produire, permettant à la France d’avoir un prix de l’électricité parmi les plus bas d’Europe.

Enfin, le progrès social, inhérent à la culture bonapartiste, peut résoudre la crise sociale en mettant en exergue l’innovation écologique et la création d’emplois verts. Loin d’un mythe, il s’agit d’une réponse ferme aux adeptes de la décroissance. Selon un rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), ce sont 24 millions de nouveaux emplois qui seront créés d’ici 2030 dans le secteur vert. La France doit être pionnière en la matière en investissant massivement dans les métiers liés à la gestion des ressources (comme la production des énergies ou de l’eau), à l’agriculture en circuit-court, à la rénovation énergétique des bâtiments, dans les entreprises nouvelles liées à l’écologie et au numérique mais bien sûr aussi dans les métiers de la protection de la nature et du traitement des déchets. 

Ferréol Delmas est le Directeur général du think tank « Ecologie responsable ».

Sébastien Laye est entrepreneur et directeur de recherches économiques à l’Institut Thomas More.

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