Le Bangladesh, dernier exemple en date des gros ratés des nouvelles routes de la soie chinoises<!-- --> | Atlantico.fr
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Des journalistes passent devant une photo montrant le président chinois Xi Jinping, lors d'une visite au Musée du Parti communiste chinois, à Pékin, le 25 juin 2021.
Des journalistes passent devant une photo montrant le président chinois Xi Jinping, lors d'une visite au Musée du Parti communiste chinois, à Pékin, le 25 juin 2021.
©NOEL CELIS / AFP

Objectifs prioritaires

Alors que la Chine projetait de relancer les anciennes routes de la soie, les autorités chinoises envisageraient de ne plus financer des projets ferroviaires au Bangladesh. La Chine souhaite-t-elle réellement poursuivre son projet de routes de la soie ?

Barthélémy Courmont

Barthélémy Courmont

Barthélémy Courmont est enseignant-chercheur à l'Université catholique de Lille où il dirige le Master Histoire - Relations internationales. Il est également directeur de recherche à l'IRIS, responsable du programme Asie-Pacifique et co-rédacteur en chef d'Asia Focus. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur les quetsions asiatiques contemporaines. Barthélémy Courmont (@BartCourmont) / Twitter 

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Atlantico : Le projet chinois visant à revitaliser les anciennes routes de la soie semble avoir du plomb dans l’aile pour la Chine. Le géant asiatique, plus gros investisseur au Bangladesh en 2019 loin devant le Royaume-Uni, envisage de ne plus financer des projets ferroviaires dans la région. Pourquoi la Chine se retire-t-elle de ce projet ? Est-ce un problème seulement économique ?

Barthélémy Courmont : Le Bangladesh a rejoint la BRI (Belt and Road Initiative, ndlr) en octobre 2016, à l’occasion d’une visite de Xi Jinping. Les projets annoncés étaient alors pharaoniques, à hauteur de 25 milliards de dollars, et inscrits dans le corridor Chine-Myanmar-Inde (BCIM) avec notamment un projet de route reliant Kunming en Chine à Calcutta en Inde et traversant le pays. De nombreuses infrastructures étaient inscrites au programme, notamment des ponts et des lignes ferroviaires. Ces projets avaient été progressivement revus à la baisse, autour de 10 milliards de dollars, l’attention étant portée sur le Myanmar d’une part, et les problèmes dans la région de l’Arakan, frontalière du Bangladesh, d’autre part, réduisant les perspectives de projets transnationaux. Avec la crise politique que traverse la société Birmane depuis février dernier, ce sont tous les projets du corridor qui sont potentiellement menacés. Mais cela ne signifie pas que le Bangladesh n’intéresse plus la Chine, qui restera sans doute le principal investisseur. Ce sont les projets transnationaux qui souffrent des crises politiques dans la région et d’un contexte défavorable. 

Cet événement est-il un cas isolé ou le projet pharaonique chinois ralentit-il ?

Ce n’est pas un cas isolé. Avec les effets de la crise sanitaire, la Chine doit repenser la BRI en identifiant les projets prioritaires. C’est une BRI 2.0 à laquelle nous assistons désormais. De nombreux projets vont en faire les frais. Difficile de mesurer les effets à ce stade, mais les corridors « secondaires » risquent d’être les principales victimes de ces réajustements. Nous pouvons donc parler de ralenti, même si cela ne signifie pas que les projets laissés de côté seront définitivement abandonnés. Des continents comme l’Afrique ou l’Amérique latine pourraient voir plusieurs projets être mis entre parenthèses, de même que les projets transnationaux dans les zones mal sécurisées et où le retour sur investissement est jugé faible.

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À terme la Chine souhaite-t-elle poursuivre son projet de route de la soie ? Quel est son intérêt à poursuivre une telle infrastructure ?

Les dirigeants chinois ont annoncé leur volonté de poursuivre son projet de BRI, même si nous voyons qu’il est réorganisé. Ce projet pharaonique, le plus important dans l’histoire de l’humanité, est une indispensable à la Chine, qui doit se projeter et alimenter la mondialisation pour maintenir une croissance forte et assurer ses exportations. Pékin a compris que le développement des pays les moins avancés et fournis en infrastructures lui offrira des avantages considérables face à la concurrence. La BRI permet aussi de désenclaver les provinces chinoises de l’ouest, qui sont les moins avancées du pays. Enfin, c’est Xi Jinping lui-même qui revendique la paternité de ce projet, et un renoncement serait donc un aveu d’échec pour le président chinois.

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