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La révolution qui vient : la France enfin décidée à recourir à la flexibilité du travail
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Editorial

Après trois mois de négociations parfois tendues sur la réforme du marché du travail, les organisations patronales ont obtenu ce qu'elles souhaitaient : plus de flexibilité. Les entreprises en difficulté pourront conclure des accords d'ajustement du temps de travail et des rémunérations, pour deux ans au maximum.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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C’est déjà l’un des mots les plus importants en ce début d’année, même si François Hollande s’est bien gardé de le prononcer dans ses vœux aux forces vives. Car la flexibilité faisait partie de ces termes à l’odeur de soufre, comme s’il représentait aux yeux d’une grande partie des socialistes l’antichambre du chômage. Et pour en adoucir la résonance dans l’opinion, il a été associé, à l’issue d’un marathon épique entre partenaires sociaux, à une notion presque antinomique, celle de la sécurité de l’emploi, en forgeant un vocable nouveau, celui de "flexisécurité".

Derrière ce camouflage apparent se dessine pourtant le début d’une véritable révolution, largement saluée par la presse étrangère. Même si elle est entrée par la petite porte et avec un luxe de précautions, la flexibilité risque de faire rapidement des pas de géants. Renault vient d’en fournir une illustration, alors que l’encre du compromis était à peine séchée. Car le groupe se trouve dans une situation intolérable faute d’avoir pu procéder aux ajustements indispensables depuis le début de la crise. Les surcapacités représentent près du double de la production. Dès lors que le gouvernement mène la guerre contre les fermetures d’usines, il ne reste plus qu’à obtenir des salariés des concessions en matière de rémunération et de localisation pour abaisser les coûts. Renault mène ainsi le chantage auprès de ses personnels pour les rapprocher de la situation qui prévaut dans les usines espagnoles où les salaires vont être réduits de 25%. Et Carlos Ghosn n’a pas pris de gants avec l’Etat, pourtant actionnaire à 15%. Les représentants de la puissance publique au conseil d’administration n’ont même pas été consultés, alors qu’il annonçait une réduction des effectifs du groupe de 7 500 personnes. Un test crucial va ainsi se jouer. Pris de court, l’exécutif n’a pas réagi pour l’instant, signifiant une acceptation tacite, à l’inverse de l’attitude franchement hostile qu’il avait manifestée à l’égard de Peugeot. Du côté de PSA, on entend pourtant mettre aussi en œuvre la flexibilité en proposant un gel des salaires, un allongement de la durée du travail en cas d’augmentation de l’activité et une remise en cause des RTT. Et le mouvement devrait faire tâche d’huile.

Pourtant, les choses pourraient se corser au Parlement, où certains députés trouvent que l’on donne la part trop belle à la flexibilité : lorsqu’il faudra écrire la loi issue du compromis des partenaires sociaux, des amendements vont fleurir pour tenter de durcir l’aspect sécuritaire. Ce sera un combat d’arrière-garde, car les faits imposent de faire tomber les rigidités qui ont entrainé la disparition de 600 000 emplois industriels en dix ans. L’accord des partenaires sociaux a été bien perçu à l’étranger, les marchés financiers se sont calmés, ramenant les taux d’intérêt au niveau le plus bas, alors que la France sera avec 200 milliards le plus gros emprunteur de l’année. Il  faut agir vite, car la fenêtre de tir peut se refermer à tout moment en raison de l’instabilité internationale.

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