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La probabilité d’une crise majeure se renforce de jour en jour.
La probabilité d’une crise majeure se renforce de jour en jour.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Entre la Grèce et le marché obligataire, la montée du populisme et l’explosion de la majorité de gauche, la France voit se rapprocher à vitesse grand V un risque de crise majeure.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les spécialistes des marchés et les politologues sont pour une fois d’accord. Le risque d’une crise grave pour le printemps de l’année prochaine se renforce en Europe et en France. Peut-être avant. Nous courons trois risques de crise à la fois.

Premier risque de crise : une crise financière à l’intérieur de la zone euro. La zone euro ne fera pas de miracles si la majorité politique en Grèce tourne le dos aux engagements de redressement. Le prochain gouvernement s'assiera sur ses obligations budgétaires et, du même coup, il oubliera la moitié de ses créanciers. Or, les créanciers de la Grèce, ce sont les épargnants grecs. Mais les dettes grecques ont été surtout financées par des banques européennes ainsi que par le budget communautaire. Si la Grèce refuse d’honorer ses engagements, elle met à mal l’équilibre de la zone euro, comme en 2011. Mais cette fois-ci, il est peu probable que les contribuables allemands acceptent de faire un échéancier.

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Le problème, c’est qu’aujourd’hui la Grèce n’est pas le seul maillon faible de la zone euro. L’autre maillon faible, c’est évidement la France qui ne remplit pas ses engagements budgétaires et qui tire aussi sur le crédit de l’Europe.

La chute d’un des pays de la zone euro, ou même l’éclatement de la zone euro, entrainerait l’effondrement économique de l’Europe du Sud, dont la France, qui ne tiennent aujourd’hui que par la solidarité européenne et par la force des pays de l’Europe du Nord.

Deuxième risque de crise : une crise obligataire liée à la hausse des taux d’intérêt. Cette fragilité de la zone euro est aggravée aujourd’hui par le risque d’une remontée des taux d’intérêt.Tous ces pays ont été perfusés avec de l’argent à coût nul ou presque, compte tenu des excès de liquidités.

Ces excès de liquidités ont perturbé tous les systèmes économiques en les exonérant de prendre en compte la gestion des risques. Un taux zéro agit comme de la morphine et, contrairement à ce que l’on croit, cela n’encourage pas l’investissement puisque ça ne promet aucun rendement. C’est vrai dans tous les pays en Europe et au Japon, qui est en dépression depuis 15 ans en dépit d’une overdose de liquidités. C’est moins vrai aux USA et en Grande Bretagne, où l’effet de richesse lié au renchérissement des actifs dope un peu les machines économiques mais sont souvent guettées par les bulles.

Toujours est-il que beaucoup de banques centrales ont annoncé un changement de politique monétaire qui se traduira par une remontée des taux et une raréfaction de la création monétaire.

Le plus spectaculaire changement se prépare au Japon où le premier ministre a annoncé qu'il fallait désormais changer d’attitude et s’attaquer aux structures et à l’offre des entreprises. Enfin, la baisse du prix du pétrole va commencer à gêner les pays pétroliers et assèche leurs fonds souverains. Tout cela, c’est de la liquidité en moins. La banque européenne, si généreuse soit-elle, ne pourra pas compenser le tarissement des flux orientés vers les pays où les taux sont plus importants. Toujours est-il qu'une hausse des taux d’intérêt aurait des effets catastrophiques sur le financement des États européens les plus endettés.

Troisième risque de crise : une crise politique. L’effondrement de la majorité actuelle entrainerait de fait un changement de gouvernement. Le retour d’une gauche dure stopperait les apparences de réformes et nous fermerait la porte des marchés financiers. L’hypothèse d’une dissolution rendrait la France ingouvernable, avec une droite républicaine incapable de proposer un projet alternatif qui serait compatible avec les obligations européennes et un Front National qui sortirait en situation de tout bloquer. Dans tous les cas de figure, les marchés se bloquent.

Certains peuvent toujours dire qu'ils s’en fichent. Sauf qu’ils n’expliquent pas comment ils financent le fonctionnement de l’appareil d’État et les retraites. Dans tous les pays du monde, il n’y a que deux moyens pour financer cela : l’impôt ou l’épargne.

Il n’y a pas un seul "irresponsable politique" qui serait capable de nous expliquer comment on fait, dans une démocratie, pour vivre ensemble sans les impôts de ceux qui travaillent où l’épargne du plus grand nombre. Ni Jean-Luc Mélenchon, ni Marine Le Pen n’ont d’explications et de solutions.  

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