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La preuve par les partielles : LR est la seule véritable opposition en France
©SEBASTIEN BOZON / AFP

On vous explique

Le PS en errance, le FN et LFi à la traîne, une majorité présidentielle qui s'affaiblit sensiblement et des LR pour faire barrage : les enseignements des législatives partielles dans le Val-d'Oise et Belfort.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Tout d'abord, un grand passage obligé et nécessaire, s'attarder sur l'abstention massive dans les deux circonscriptions : 80% dans le Val-d'Oise et 70% dans le Territoire de Belfort. Nous sommes sur les hautes fourchettes de l'abstention sur des partielles. Il faut avoir ces éléments en tête car ils viennent relativiser les enseignements qui peuvent être faits.

En conséquence, les résultats sont surtout à interpréter comme la capacité relative des forces politiques à mobiliser ou pas ses noyaux durs électoraux et faire un peu mieux que ses concurrents.

Il y a plusieurs enseignements. Le premier : nous aurons les mêmes affiches de deuxième tour qu'en juin dernier. Dans les deux cas LREM/Républicains. Cela nous dit que le parti des LR aujourd'hui est en capacité de prétendre au statut de principal opposant parlementairement parlant. Même s'ils ont été affaiblis par la recomposition politique, ils restent une force politique avec laquelle il faut compter.

Puis si on regarde dans le détail, il y a la même affiche dans le deuxième tour mais un rapport de force qui se modifie assez nettement puisque dans les deux circonscriptions il y a un affaiblissement des scores de LREM avec -6,5 points dans le Val-d'Oise et -5 points dans le Territoire de Belfort, ce qui n'est pas rien.

On voit que sur la capacité à mobiliser ses noyaux durs, LREM/Modem n'est pas en capacité de mobiliser pleinement, ou en tout cas fait moins bien que les autres. C'est une érosion à surveiller même si elle n'est pas spectaculaire. Elle s'accompagne parallèlement d'une augmentation significative ou même très significative du score des Républicains (on reste dans un contexte avec un fort abstentionnisme alors cela reste à relativiser). Mais néanmoins le candidat de droite dans le Val-d'Oise prend 6 points rapport à 2017. On est maintenant à 29.3 contre 23.7 pour les LR.

Ce rapprochement est encore plus spectaculaire dans le Territoire de Belfort puisque le Modem passe de 31,8 à 26,7 et côté Républicain on passe de 23,7 à 39. Une progression de 15 points avec un sortant qui aborde le deuxième tour avec une avance de 12 points alors qu'il était devancé au score en 2017. Le rapport de force s'équilibre car la droite est parvenue à "moins mal" mobiliser son noyau dur. Cela peut s'expliquer par la structure même de son électorat puisque c'est un électorat plus âgé que la moyenne et on sait que cet électorat est plus participatif, ce qui peut faire la différence sur ce type de scrutin.

Cela montre qu'une partie de l'électorat de droite a toujours envie d'en découdre et ne se retrouve pas dans le macronisme, ce qui a été et est pourtant la stratégie de Macron et Philippe. Ces deux partielles montrent que la droite peut être en capacité de faire acte de résistance et donner du fil à retordre à la majorité présidentielle.

Autre enseignement, on est sur une amplification des tendances observées en juin dernier. Tendances, on l'a dit, avec une domination de LREM et une capacité de résistance de la droite. En juin dernier, La France insoumise comme le FN obtenaient des scores significativement inférieurs à ceux de Mélenchon et de Le Pen à la présidentielle avec une difficulté à mobiliser les électeurs. Il y a confirmation de ce phénomène. Si l'on prend LFi dans le Val-d'Oise qui était à 10% en en juin, ils sont à 11,5% aujourd'hui. Dans le Territoire de Belfort la candidate qui faisait 12,2% fait maintenant 11,5%. Une stabilité donc dans les deux cas, mais Belfort, il faut rappeler, est le fief du "chevenementisme" avec le candidat MRC qui s'était rallié à LFI. Le potentiel était de 9 +12 en juin et on arrive à 11,5% aujourd'hui. On peut donc penser que ce ralliement n'a été d'aucun apport ou au contraire que sans ce soutien, La France insoumise aurait fait un score encore plus faible. LFi pourra se rassurer en se disant qu'ils sont quand même troisièmes et qu'ils comptent dans le paysage politique mais force est de constater qu'il n'y a pas une dynamique qui serait en la faveur du parti de Mélenchon.

Autre tendance à l'opposé de l'échiquier politique : la démotivation et la démoralisation qui se sont abattues sur l'électorat frontiste ne sont pas dissipées. Marine Le Pen a entamé une tournée des fédérations dans l'idée de regonfler le moral des troupes mais manifestement il est toujours en berne. En juin dernier, le FN dans le Val-d'Oise faisait 15,3, maintenant on est 10,1 soit 5 points de perdus. Dans le Territoire de Belfort on est passé de 17,5 à 10 points durant la même période.

Le Territoire de Belfort est toutefois spécifique et il faut nuancer cette perte de 7 points car en juin dans le cadre d'un accord imparfait entre le mouvement de Dupont Aignan et du FN, il n'y avait pas de candidat de Dupont-Aignan dans cette circonscription alors que maintenant il y en a un qui fait 3,8%. Maigre consolation pour le FN il gagne haut la main son duel avec les Patriotes de Florian Philippot puisque la candidate Sophie Montel fait 2%. L'érosion et le tassement spectaculaire observé jusqu'alors se renforce pour le FN dans ces circonscriptions. Il y a un vague à l'âme pour l'électorat frontiste qui ne s'est pas remis de sa défaite à l'élection présidentielle. On peut aussi noter qu'il ne souffre pas d'une concurrence avec un parti dissident. Pour les Patriotes de Philippot, même en ayant mis une candidate connue, la défaite de Sophie Montel montre bien que, malgré le fait d'avoir mis un candidat connu, cela ne prend pas auprès des électeurs.

Dernier enseignement de ce scrutin, la confirmation de l'extrême affaiblissement dans lequel a été plongé le PS. La recomposition politique avec l'émergence d'un bloc présidentiel LREM/Modem  avait fait deux victimes principales, les LR d'un côté et le PS de l'autre. On voit au nombre de députés sauvés par ces deux partis et aux performances de ces partis dans les partielles qu'il y a un mouvement qui est beaucoup plus affaibli que l'autre : le PS.

Dans le Val-d'Oise il fait 6,9% contre 5,5% en juin. Il arrive en cinquième position.

A Belfort il fait 2,6% alors qu'il faisait 9,1% en juin. L'érosion se poursuit et on aurait pu imaginer dans cette circonscription qu'une partie des voix du MRC aurait pu se reporter sur le PS mais il n'en a rien été. Dans cette circonscription, le PS arrive même en sixième position. A la fois en score comme en position, le PS est relégué dans la catégorie des petits partis. Et nous avons l'impression que les rôles se sont inversés avec La France insoumise.

Cette élection mesure surtout l'intensité du lien que tel ou tel parti entretient avec son noyau dur. Manifestement LREM fait des scores qui ne sont pas négligeables alors que l'on a beaucoup parlé du déficit d'implantation de cette nouvelle formation politique inhérente à sa jeune histoire et néanmoins ils sont en finale et pèsent localement.

Pour moi le principal enseignement de ce scrutin c'est qu'il apparaît que les LR ont retrouvé leur statut de principale opposition à LREM. Pendant la présidentielle à partir du moment où il a été plus ou moins clair que Macron allait gagner on disait que la principale opposante c'était Marine Le Pen et le FN. Pendant l'été après la contreperformance de Le Pen on a dit que la principale opposition c'est Mélenchon et maintenant après les législative et cette élection on peut dire que c'est la droite. Au contraire, La France insoumise et le FN, même s'ils n'ont pas disparu, ne sont pas dans une dynamique favorable.

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