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La France est confrontée à une crise de la politique.
La France est confrontée à une crise de la politique.
©Thibault Camus / POOL / AFP

Sens de la politique

Penser la politique comme prise de pouvoir, c’est faire entrer l’homme ainsi que l’humanité dans une obscurité voire un obscurantisme.

Ludovic Trolle

Ludovic Trolle

Ludovic Trolle est président de l'IEPM (Institut Ethique et Politique Montalembert).

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Nous vivons une crise de la politique et de la société. Rien d’étonnant à cela. Ce n’est pas l’homme vivant, éveillé qui nous guide mais l’homme endormi, ignorant parfois malintentionné. Il est possible de sortir de cette crise et de retrouver l’homme vivant, éveillé. Pour le comprendre, je vous propose de réfléchir sur le sens profond de la politique.

Le sens de la politique.

Il y a deux manières de considérer la politique et de faire de la politique, la manière ordinaire et la manière éclairée.

La manière ordinaire de faire de la politique est la façon matérialiste et athée. Elle repose sur trois éléments : un présupposé fondamental, un mode d’action lié à ce présupposé et une idéologie comme conséquence de ce présupposé.

Le présupposé fondamental est celui-ci. Dans un monde où tout est exclusivement matériel, la transcendance n’existant pas, l’homme doit être réduit à sa dimension animale. Comme l’animal, il obéit à la séduction et à l’intimidation. Quand on le sait, on peut le conditionner afin de le mener où l’on veut. Diriger les hommes, les gouverner aujourd’hui, c’est les traiter en objet sans conscience.

Cette façon de gouverner, a été celle des tyrans à Athènes et à Rome, lesquels ont suivi les conseils des sophistes. À Rome, souvenons-nous, pour diriger le peuple le mot d’ordre était Panes et circenses, du pain et des jeux ! Cette vision cynique de la politique, on la retrouve plus tard chez Machiavel pour qui la réalité se ramenant à la nature et la nature à la guerre, la politique se ramène exclusivement à la guerre.Elle a été celle d’Hitler, du communisme et de tous les régimes totalitaires. C’est celle qui est actuellement en vigueur à travers la propagande de l’idéologie dominante qui a cours sur les réseaux sociaux et dans certains médias, lesquels véhiculent une idéologie du politiquement correct à l’aide de l’intimidation, c’est clairement le cas du « Wokisme ».

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Le mode d’action lié à ce présupposé repose sur trois éléments : le relativisme, le mécanisme et l’opportunisme.Priorité numéro un de la politique ordinaire : éliminer toute éthique de la vie politique et pour cela faire la chasse à tout ce qui pourrait ressembler à un présupposé spirituel, transcendant et moral.Quelqu’un avance-t-il l’idée d’un présupposé spirituel, moral ou transcendant ? On lui ferme immédiatement l’accès à la pensée et à la parole en le ramenant à ce qui se fait, ce qui plaît et ce qui marche. Ainsi, voulons-nous être éthique en politique ? Pour faire taire le malheureux qui a osé prononcer ce terme obscène on lui fait remarquer que le contraire se fait que ça marche et que ça plaît. Dans le premier livre de La République, c’est exactement ce que Thrasymaque explique à Socrate. Une fois la morale mise par terre par le relativisme, on peut passer à la deuxième étape à savoir le mécanisme. Si, pour diriger l’être humain comme on le veut, il importe d’en faire un animal, pour diriger la vie comme on veut il importe de la ramener à un mécanisme sur la base d’un raisonnement simple : en mécanique tout se compose, se décompose et se recompose.Pour la vie, il en va de même. Tout doit se composer, se décomposer et se recomposer. Il y a un intérêt à cela. Imaginons que le monde devienne une machine où tout se compose, se décompose et se recompose automatiquement. Tout se met à marcher tout seul. On est dans un monde « idéal » pour le pouvoir. Quand on est dans un monde humain où pour diriger, il faut que la volonté de celui qui commande s’affronte à la volonté de ceux qui obéissent, les choses sont plus difficiles. Rien n’est simple. Ramenons le monde des hommes à la machine. Finies les contraintes provoquées par la liberté de conscience et la volonté individuelle.

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Dans ce monde sans morale et sans conscience, il devient alors possible de passer à la troisième étape, l’opportunisme. Il devient possible de faire ce que l’on veut en se saisissant des occasions qui se présentent afin de composer avec elles au mieux de ses propres intérêts.

Le résultat de cette vision fondée sur le relativisme, le mécanisme et l’opportunisme se traduit aujourd’hui par l’idéologie dominante à savoir le fatalisme, le pragmatisme et l’utilitarisme.Le fatalisme. Nous vivons dans un monde où la matérialité, l’animalité et la force dominent. On en vient fatalement à penser que, pour l’emporter dans ce monde et le dominer il n’y a qu’une solution : la matérialité, l’animalité et la force. De sorte qu’un cercle vicieux s’en suit : la matérialité, l’animalité et la force se mettent à appeler sans fin la matérialité, l’animalité et la force afin de lutter contre la matérialité, l’animalité et la force. Dans ce fatalisme, tout étant enchaîné à la matérialité, l’animalité et à la force, il n’y a qu’une seule solution ; le pragmatisme, c’est-à-dire la justification de l’adaptation à un monde aveugle au nom d’un pseudo réalisme. Le non-être étant devenu l’être, on donne l’impression d’être dans l’être en étant dans le non-être.

Il y a la politique courante, celle décrite par Machiavel, celle de la lutte pour le pouvoir à travers les manœuvres politiciennes, politiques, sociales, médiatiques, culturelles et idéologiques. Il y a toutefois une autre politique possible, la politique éclairée.Il s’agit d’une autre politique, d’une anti-politique qui repose sur trois éléments.

D’abord, un changement de paradigme. Tout le paradigme de la tyrannie et du totalitarisme est fondé sur un élément : la réalité est uniquement fondée sur la matérialité, l’animalité et le rapport de force. À ce paradigme il convient d’en opposer un autre. L’homme est certes pris dans la matérialité, l’animalité et les rapports de force, mais il est appelé à vivre et à faire vivre autre chose. Quand l’homme est pensé dans la matérialité, l’animalité et le rapport de force, il n’a plus d’avenir. Il est simplement bon à tenter de survivre dans ce système en tournant en rond. Quand il est pensé comme étant appelé à autre chose, il a un avenir.

Ensuite, une direction.L’homme, comme tout d’ailleurs, vient d’une source extrêmement belle, profonde et élevée. Ce à quoi il est appelé, c’est à rencontrer cette source et à la vivre. Vivre dans la vérité selon Vaclav HAVEL. Cette rencontre s’appelle la connaissance, la connaissance étant non pas un acte intellectuel réservé à une élite, mais une rencontre, une communion, une participation d’être à être avec cette source.

Enfin, un projet. Construire la cité des hommes, c’est construire la cité de la connaissance à travers l’enseignement, c’est-à-dire la transmission du sens de l’être qui est la source de toute chose.

Penser la politique comme prise de pouvoir, c’est faire entrer l’homme ainsi que l’humanité dans une obscurité voire un obscurantisme. Penser la politique de façon éclairée, c’est penser l’homme et l’humanité comme entrée dans la connaissance. Attention, dans notre monde, on parle souvent d’éducation et de culture. Ce n’est pas la connaissance. La connaissance va bien au-delà de l’éducation et de la culture.

L’IEPM, tout le long de l’année reviendra sur ce sujet avec diverses contributions pour rendre pratique, cette politique « éclairée ».

Ludovic TROLLE

Président IEPM

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