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Le pays où la croix est interdite mais la crucifixion autorisée
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Exécutions

Sept jeunes ont été exécutés le même jour en Arabie saoudite, après avoir été condamnés à mort par crucifixion. Finalement fusillés, leur supplice met en lumière des pratiques pénales d'un autre âge.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Mercredi dernier fut un jour particulier. Un jour où la croix était célébrée à Rome et où sept jeunes Saoudiens condamnés à la crucifixion ont été exécutés par balle. Drôle de coïncidence. Dans un cas, la croix symbolisait l’espoir d’un renouveau pour des centaines de millions de catholiques et dans l’autre le calvaire suprême.

Et pourtant tout avait été fait pour attirer l’attention de la communauté internationale sur le sort tragique qui guettait ces jeunes. Ils étaient accusés d’avoir effectué des cambriolages dans des bijouteries en 2004 et 2005. Arrêtés, torturés, privés du recours à avocat, ils ont été condamnés à mort, par un jugement sans appel, en 2009, par crucifixion.

Amnesty International et Human Rights Watch sont intervenus en écrivant directement au roi afin qu’il intercède en leur faveur pour qu’ils puissent avoir droit à un procès équitable et être représentés par des avocats. En vain. Après tout, à partir du moment où la société s’arroge le droit de juger, la contrepartie naturelle est le droit à la défense. Ce droit élémentaire leur a été refusé. Leurs aveux obtenus sous la torture ont scellé leur sort. Deux au moins étaient mineurs lors des faits reprochés. 

Et pourtant, la Convention relative aux droits de l'enfant que l’Arabie Saoudite a ratifié en 1996 dispose en son article 37(a) que les "États parties veillent à ce que nul enfant ne soit soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Ni la peine capitale ni l'emprisonnement à vie sans possibilité de libération ne doivent être prononcés pour les infractions commises par des personnes âgées de moins de dix-huit ans."

On a cru à un moment à la possibilité d’un nouveau procès. L’exécution a en effet été reportée d’une semaine. Hélas, ce n’était qu’un simple report. Pour la première fois, dans l’histoire du royaume cependant, l’exécution a été conduite par un peloton d’exécution et non pas par décapitation suivie de la crucifixion des corps démembrés. Voici la clémence qui leur a été accordée : fusillés et non décapités. Et encore, ce nouveau mode d’exécution est surtout motivé par le souhait de ne pas trop secouer l’opinion internationale. Semble-t-il dorénavant, l’exécution par peloton deviendra la règle. Le pays connait une pénurie de vocation pour la qualité de bourreau. En 2011, 76 personnes ont été décapitées. Certaines ont été crucifiées. Cette année le pays a exécuté 26 condamnés, en comptant ces sept malheureux, ça fait une moyenne de deux par semaine.

Les sept condamnés venaient tous du sud du pays. Une région frontalière du Yémen et négligée par le pouvoir central dont les largesses vont surtout vers la région du centre, celle de la capitale et des villes saintes de la Mecque et de Médine. L’Arabie Saoudite ne disposant pas de code pénal, chaque magistrat applique la peine en fonction de sa compréhension de la Charia. Ainsi, les mêmes faits peuvent donner lieu à des sanctions différentes en fonction du juge. Il est vrai que dans le sud, qui commence à être un peu rétif de par les inégalités de traitement dont il fait l’objet en comparaison avec la région du centre, sept exécutions en un même jour, est de nature à calmer les esprits. Ils avaient entre 20 et 24 ans au moment de leur exécution.

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