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Un agriculteur en pleine récolte dans ses champs. La nouvelle PAC va subventionner l'agriculture biologique.
Un agriculteur en pleine récolte dans ses champs. La nouvelle PAC va subventionner l'agriculture biologique.
©JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Effets néfastes des subventions

La nouvelle PAC va subventionner l'agriculture biologique mais en délaissant les agriculteurs qui font de la culture intensive. Cela risque d'augmenter les importations.

Xavier Hollandts

Xavier Hollandts

Xavier Hollandts est professeur de stratégie à KEDGE Business School et spécialiste des politiques agricoles.

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Atlantico : Aujourd'hui, le Parlement européen devrait approuver la réforme de la politique agricole commune (PAC). Que va changer cette nouvelle version si elle est adoptée ?

Xavier Hollandts : La PAC va se « verdir » et mettre l’accent sur l’écologie. Il y a une volonté d’augmenter le nombre d’agriculteurs bio en soutenant la conversion d’une agriculture conventionnelle vers celle-ci. Mais il y a un paradoxe car dans certains cas les subventions vont baisser pour les agriculteurs déjà engagés dans le bio.

Suffisamment de moyens seront-ils mis en oeuvre pour atteindre cet objectif ?

Les déclinaisons nationales feront leur grand retour avec cette PAC par les plans stratégiques nationaux (PSN). Ils vont permettre d’ajuster les plans de la PAC au niveau de chaque État afin de tenir en compte les réalités agricoles des pays.

Néanmoins, il est très difficile d’intégrer toutes les réalités des pays et de la diversité. Quand on parle d’agriculture on devrait plutôt dire les agricultures car on il existe différents types d’agricultures et d’exploitations agricoles. Cette politique qui va se décliner pays par pays laissera pour compte certaines agricultures comme les agriculteurs conventionnels qui pourraient souffrir de cette nouvelles. Ceux qui se sont engagés dans l’agriculture raisonnée (HVE) vont être délaissés alors qu’ils font correctement leur travail.

Aussi, la PAC ne réglera pas le problème du soutien sur le long terme car s’il est possible d’avoir des aides pendant deux trois ans la suite n’est pas assurée. Pour aider les agriculteurs, il faudrait que les marchés soient bien orientés et on voit à l’heure actuelle sur le lait bio qu’il y a plus d’offre que de demandes, donc le prix a chuté… Le problème n’est donc pas réglé.

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La PAC ne réfléchit-elle donc pas sur le long terme ?

La PAC a abandonné depuis plusieurs années lajustement des prix avec la fin des quotas. Différents quotas ont été supprimés secteur par secteur et la régulation des marchés qui permettait aux agriculteurs de se projeter sur le long terme n’existe plus.

Avec les déclinaisons nationales de la PAC, des pays seront plus protecteurs que d’autres et voudront s’orienter vers des marchés internationaux. Il y aura donc des distorsions à l’intérieur même de l’Union européenne. Avec les mécanismes de protection, il y avait un ajustement des prix au niveau européen jusqu’au milieu des années 2010.

N’y a-t-il pas un risque que la PAC devienne une niche bio ?

Le risque existe. Et certains experts évoquent même une baisse des rendements avec le bio. Dans des exploitations biologiques, il peut y avoir plus de pertes car on se défend moins contre les ravageurs ou les éléments. Ainsi, il pourrait y avoir un effet pervers à la PAC où l’on importerait plus de produits.

Serions-nous alors perdants sur le marché international ?

Sachant que certains pays s’engouffrent dans la production industrielle avec un volume important, ils jouent sur les prix et ils vont vouloir trouver des débouchés et peut-être intégrer les marchés européens.

Y a-t-il un autre point intéressant à aborder à propos de la PAC ?

La mise en avant d’un projet tel que « de la fourche à la fourchette » est une tendance intéressante. On veut rapprocher le producteur du consommateur et cela répond aux nouvelles attentes des consommateurs car l’on veut développer des circuits plus courts. Il s’agit d’un point positif car on veut nourrir plus qualitativement les européens avec des productions européennes et c’est l’enjeu principal

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