La NASA est sur le point d’entrer en contact avec l’astéroïde Bennu et voilà ce que ça pourra nous apporter<!-- --> | Atlantico.fr
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nasa astéroïde Bennu
nasa astéroïde Bennu
©AFP via Nasa/Goddard/Arizona State University/

Osiris Rex

La Nasa est parvenue à établir un contact entre sa sonde et l'astéroïde Bennu. Dans la nuit du 20 au 21 octobre 2020, le bras robotisé d'Osiris-Rex a pu toucher sa surface. Que peuvent nous apprendre les particules qui seront rapportées ?

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico.fr : La sonde de la Nasa Osiris-Rex devait entrer en contact cette nuit avec l'astéroïde Bennu pour effectuer des prélèvements. Comment s'est déroulée l'opération ?

Olivier Sanguy : À l’heure où je réponds à votre question, la NASA annonce que la sonde suit sa programmation de façon nominale. Car l’opération est automatisée et sous la direction d’un ordinateur de bord. Bennu est bien trop loin de la Terre pour procéder à une quelconque télécommande directe de la sonde : les signaux radio mettent trop de temps. L’agence américaine devrait donner des nouvelles assez rapidement mercredi. Les premières données émises par la sonde indiquent toutefois que la procédure de prélèvement s’est déroulée correctement.

Le retour sur Terre d'Osiris-Rex est espéré fin 2023. Que peuvent nous apprendre les particules rapportées ?

En effet, le 24 septembre 2023, OSIRIS-REx aura accompli son voyage de retour et larguera vers la Terre une capsule contenant les précieux échantillons de l’astéroïde Bennu d’environ 500 m de large. Ces prélèvements peuvent nous apprendre beaucoup de choses. Les astéroïdes sont considérés comme les « laissés pour compte » de la formation du Système solaire. À ce titre, ils témoignent des conditions qui régnaient lorsque les planètes, et donc la Terre, se sont formées. Ce sont de véritables témoins très peu changés de ce passé très lointain (il y a un peu plus de 4 milliards d’années). En bref, comprendre les astéroïdes, c’est aussi comprendre l’origine de la Terre. L’intérêt d’un tel retour est de pouvoir analyser des morceaux d’astéroïdes avec des laboratoires au sol qui disposent, on le comprend, de bien plus de possibilités que les instruments embarqués sur des sondes (même si ces derniers sont de véritables chef-d’œuvre de technologie). On compte aussi en apprendre beaucoup sur la nature de ces objets dont certains pourraient un jour menacer notre planète d’une collision. Si on veut mettre sur pied des missions spatiales chargées de les dévier de leur trajectoire, connaître exactement leur composition et leur cohésion sont des prérequis indispensables. D’ailleurs, notez qu’OSIRIS-REx veut dire Origins Spectral Interpretation Resource Identification Security Regolith Explorer. Vous noterez les termes Security pour la sécurité de notre planète que je viens d’évoquer, tandis que Resource Identification est là pour le volet de l’identification des ressources. Ceci, car à plus long terme, certains caressent l’idée d’exploiter les astéroïdes pour leurs ressources. Mais en l’état actuel des technologies, ce qu’on ramènerait de ces objets couterait bien trop cher pour servir de base à un modèle économique.

Qu'en est-il des opérations précédentes ? En 2010 puis en 2019, le Japon avait déjà envoyé une sonde prélever des particules à la surface d'un astéroïde.

Avec la mission Hayabusa, l’agence japonaise JAXA a en effet ramené en 2010 des échantillons de l’astéroïde Itokawa. Malheureusement, le système de collecte n’a pas fonctionné comme prévu et la quantité saisie fut beaucoup plus faible qu’espéré. Toutefois, avec environ 1500 particules, cette mission a marqué une indéniable première. Le Japon a initié une autre mission similaire appelée Hayabusa2. Cette fois-ci, c’est l’astéroïde de 1 km de large Ryugu qui était visé. Tout indique que le système de collecte a été efficace. La capsule hébergeant les échantillons sera larguée le 6 décembre prochain et se posera sous parachute en Australie. Ce qui va se dérouler dans les années à venir pourrait du coup marquer des avancées significatives dans notre connaissance des astéroïdes. Il ne faut pas oublier que les scientifiques vont en effet pouvoir analyser avec précision des échantillons venant de 3 astéroïdes différents (Ryugu, Bennu et dans une moindre mesure Itokoawa) et prélevés sur place (au contraire des météorites ramassées sur Terre et qui sont bien en majorité des fragments d’astéroïdes, mais qui ont subi des altérations du fait de la rentrée atmosphérique). La comparaison entre  tous ses échantillons sera sans aucun doute aussi passionnante qu’instructive.

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