La moindre ambition des femmes responsables de leur moindre réussite : une étude publiée par Harvard trouve une tout autre explication <!-- --> | Atlantico.fr
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En matière d'égalité professionnelle, il a souvent été reproché aux femmes de ne pas suffisamment se donner les moyens.
En matière d'égalité professionnelle, il a souvent été reproché aux femmes de ne pas suffisamment se donner les moyens.
©Reuters

Le sage montre la lune...

En matière d'égalité professionnelle, il a souvent été reproché aux femmes de ne pas suffisamment se donner les moyens. Une récente étude vient désormais souligner le rôle crucial du couple et donc du partenaire en matière d'égalité hommes-femmes au travail.

Anne Solaz

Anne Solaz

Anne Solaz est directrice de recherches à l'Ined (Institut National d'études démographiques). Economiste, ayant pour thématiques de recherche : la fécondité, la conciliation famille-travail , la répartition du travail domestique, les inégalités sur le marché du travail et le divorce.

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"Les femmes ne se donnent pas suffisamment les moyens de réussir". Telle est l'une des explications avancées quant à la persistance des inégalités hommes-femmes dans le domaine professionnel. Sheryl Sandberg elle-même, directrice générale de Facebook, s'en était fait l'écho dans son livre Lean In en 2013, invitant les femmes à ne plus se sous-estimer et à s'imposer davantage.

Sauf que les résultats d'une étude réalisée auprès de 25 000 diplômés d'Harvard pourraient bien démentir ces affirmations. Les trois auteures, des universitaires spécialisées sur l'évolution des femmes dans le monde professionnel ont choisi de se pencher sur le cas des étudiants et des étudiantes de l'école de commerce de Harvard.

Les ambitions des hommes et des femmes ne sont pas si différentes que cela et les deux genres definissent le succès de manière similaire. La réussite est, pour eux, synonyme de postes à hautes responsabilités. Néanmoins, à  ambitions égales, 57% des hommes parviennent à occuper des postes de management contre seulement 41% des femmes.

Finalement, l'étude suggère que la capacité des femmes à pulvériser le plafond de verre repose en partie… sur leur partenaire ! Il semblerait que plus les femmes se trouvent dans un couple inégalitaire lorsqu'il s'agit de s'occuper des enfants, moins elles sont satisfaites de leur carrière… 

Atlantico : Quels sont  les facteurs permettant d'expliquer les différences d'évolution de carrières entre les hommes et  femmes ?

Anne Solaz : On constate que les carrières se creusent au moment de la naissance des enfants et plus particulièrement pour le 2e enfant. Souvent, c'est la femme qui réduit son temps de travail ou s'investit moins. Et d'un autre côté, c'est à ce moment-là du cycle de vie que l'homme connait des promotions.

Il y a plusieurs facteurs explicatifs. Tout d'abord, dans la sphère professionnelle, il peut y avoir des discriminations particulièrement dans l'accès, pour les femmes, à des postes à fortes responsabilités. Aussi les femmes s'orientent vers des emplois dans lesquels la conciliation famille et emploi est plus facile mais ils sont aussi moins rémunérateurs. Par ailleurs, les femmes font plus souvent des études littéraires... qui débouchent vers des emplois moins rémunérateurs. Le choix des disciplines et de l'emploi se font avant la formation du couple et l'arrivée du premier enfant. Donc c'est souvent la femme qui fait des concessions professionnelles, notamment car elle a un salaire moins élevé que son partenaire. Cela peut être dangereux pour l'indépendance financière des femmes, particulièrement en cas de séparation conjugale.

Dans quelle mesure cela peut-il être lié au manque de structures d'accueil pour les enfants ?

Certaines femmes renoncent à rester sur le marché du travail car elles n'ont pas trouvé de mode de garde adéquat mais ce problème est limité en France. En matière de garde d'enfants, la France est plutôt avantagée relativement à d'autres pays européens. Ce sont plutôt des femmes peu diplômées qui resteront au foyer s'occuper de leurs enfants. Moins parce qu'elles n'ont pas trouvé de mode de garde qu'en raison du coût de la garde élevé relativement à leur salaire.  

Dans quelle mesure le couple peut-il plomber l'égalité professionnelle ou au contraire la booster ?

Dans les couples de cadres, la carrière des femmes pâtit des mobilités géographiques de leurs couples, notamment car elles ne peuvent pas (re)trouver de travail dont les responsabilités correspondent à leur expérience et à leur niveau de compétences.

Mais dans les couples atypiques où les femmes sont plus éduquées que les hommes, l'homme prend plus en charge les enfants (mais pas tant que cela) et les mères continuent à conserver leur rôle maternel. Les normes de genre restent donc fortes. Si aujourd'hui, les hommes participent davantage aux tâches parentales, leur investissement dans les tâches domestiques est stable depuis 30 ans.

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