La génération Y face à la crise : le logement, c’est les parents <!-- --> | Atlantico.fr
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Accéder à un logement autonome sonne souvent l’heure de l’indépendance pour les jeunes adultes, mais beaucoup éprouvent des difficultés à franchir cette étape.
Accéder à un logement autonome sonne souvent l’heure de l’indépendance pour les jeunes adultes, mais beaucoup éprouvent des difficultés à franchir cette étape.
©DR

Mon coloc, c'est Papa

Portrait-robot de ceux qui réinventent le concept "d'adulte". Quatrième volet : le logement (4/4)

Nadine  Dussert

Nadine Dussert

Nadine Dussert, Directrice générale de l’Union nationale pour l’habitat des jeunes.

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A (re)lire :

L'épisode 1 : La génération Y face à la crise : enquête sur les jeunes adultes du 21e siècle

L'épisode 2 : La génération Y face à la crise : engagement et vie sentimentale ne font plus bon ménage

L'épisode 3 : La génération Y face à la crise : des salariés qui ne veulent plus être les petits soldats de l’entreprise

Atlantico :Accéder à un logement autonome sonne souvent l’heure de l’indépendance pour les jeunes adultes, mais beaucoup éprouvent des difficultés à franchir cette étape. Quelles sont ces difficultés ?

Nadine Dussert : Les jeunes sont pris dans la tenaille de leur solvabilité. L'entrée dans la vie active est complexe et les conditions ne sont pas forcément au rendez-vous, y compris pour ceux qui ont un emploi. Même pour les jeunes les mieux lotis, il peut y avoir sur certains territoires un écart entre leur salaire et l'offre de logements. La plupart du temps, les jeunes font donc face à un problème de moyens pour survivre et/ou développer des projets : formation, recherche d'emploi, etc.

Au manque d'emplois s'ajoute un autre élément : le manque de logements, en particulier de petits logements. Ces derniers sont de plus en plus demandés, à cause de l'augmentation du nombre de foyers isolés, composés d’une ou deux personnes (divorces, jeunes qui s'installent, etc.) Il faut donc développer une offre suffisante de petits logements, qui manquent sur certains territoires, et sont chers quand ils existent.

Ces deux critères font que les jeunes, par rapport aux générations précédentes, sont dans une situation plus difficile.

On a beaucoup parlé de « génération Tanguy », qui préfère rester par facilité chez ses parents. Ce n'est donc pas du tout votre analyse ?

Ce terme de "génération Tanguy" est lié à un film. Je trouve ce terme déplaisant, car pour beaucoup, ces jeunes sont assignés à résidence. Ce n'est pas par choix, par volonté de mettre leur argent ailleurs. La plupart du temps, quand ils restent chez leurs parents, c'est parce qu'ils n'ont pas les moyens d’en partir.

Ce n'est donc pas par peur de l'engagement ?

Peut-être pour une petite part d'entre eux. Mais le plus grand nombre se demande tout simplement comment faire pour quitter le foyer familial. Est-ce que les parents pourront continuer à les aider ? Combien toucheront-ils d'APL ? Et une fois qu'ils auront un logement, comment payeront-ils l'alimentation, le téléphone, les transports ? Autant de questions que se posent les jeunes, dont la volonté de décohabiter est donc malmenée.

Certains d'entre eux se débrouillent. Il y a une grande solidarité entre jeunes, ils essayent de trouver les comportements adaptés. Mais ça ne suffit pas à prendre en charge toutes les situations et à pallier une vraie politique de jeunesse en France.

Cette solidarité passe-t-elle par la colocation, par exemple ?

Oui, par exemple. La colocation n'est pas forcément facile. Si elle peut être intéressante et tout à fait festive, elle peut aussi être compliquée ; et tous les jeunes ne sont pas nécessairement préparés à cela.

Un parcours de jeunesse, çcela devrait être un terrain d'expérimentations, mais ces terrains doivent permettre aux jeunes de retomber sur leurs pattes. L'idée n'est pas que le parcours soit totalement sécurisé, mais au moins qu'il permette d'avancer, de se construire positivement. Or, aujourd'hui, si on n'a pas de boulot, si on ne sait pas quoi faire de ses études, c’est très difficile.

Le fait de rester plus tard chez leurs parents a-t-il un impact sur les jeunes, au niveau personnel ?

Je ne sais pas si on a le recul suffisant pour dire s'il y a un impact. Mais la décohabitation permet de construire ses propres repères et de ne pas forcément être dans la reproduction familiale. Est-il possible d'avoir d'autres projets, de s'émanciper par rapport à ses parents lorsqu’ils continuent de financer ? Ça se fait sans doute en partie, car il y a une force de la jeunesse. Mais c'est probablement moins facile que lorsqu'on part seul à l'autre bout du territoire pour construire ses propres repères. 

Propos recueillis par Morgan Bourven

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