La France, "un pays de salauds ?" : pourquoi il n'est pas de son devoir d’amener tous ses enfants parmi la bourgeoisie<!-- --> | Atlantico.fr
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La bourgeoisie, symbole de réussite ?
La bourgeoisie, symbole de réussite ?
©D.R.

Bonnes feuilles

Lydia Guirous, qui a fui la guerre civile en Algérie, raconte avec force et vivacité son parcours, entre rêve français et désillusions, engagement et lucidité. Son livre est un pamphlet brûlant contre tous les communautaristes. Incapables de s'adapter, réfractaires et violents, ces derniers constituent le terreau de toutes les dérives, celles-là-mêmes qui ont donné les Mohamed Merah ou, plus récemment, les Mehdi Nemmouche. Extrait de "Allah est grand, la République aussi", chez JC lattès (1/2).

Lydia Guirous

Lydia Guirous

Lydia Guirous est essayite, auteure de « Assimilation en finir avec ce tabou français » aux éditions de l’Observatoire et de « Ca n’a rien à voir avec l’Islam ? Face à l’islamisme réveillons-nous » aux éditions Plon, réédition en version augmentée et inédite.

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Aujourd’hui le mérite républicain, dans certaines cités, a cédé le pas au mérite communautaire. Le mérite communautaire consiste à rester dans sa communauté et surtout à ne pas collaborer avec les institutions françaises. Dans une certaine mesure, c’est un acte de résistance politique. Pour nos parents la question était « Q u’est-ce que l’on peut faire pour la France ? », « Que doit-on changer dans nos modes de vie pour nous intégrer ? », « Comment peut-on devenir des Français comme les autres ? » ; pour les intégristes des cités et leurs myriades de petites frappes la question est « Qu’est-ce que l’on peut faire contre la France ? », « Comment peut-on se distinguer ? », « Comment affirmer davantage nos différences ? ». Alors bien sûr on peut pleurer en disant que l’on n’a pas su récupérer ces enfants de la République et que l’école ne joue plus son rôle d’ascenseur social. Mais il faut arrêter de se mentir, pour ne pas dire arrêter les imbécilités, arrêter de manier ces idéologies culpabilisatrices. Tout le monde ne peut pas être polytechnicien, banquier, médecin, avocat, notaire, ministre… Les Français dits « de souche » autant que les autres !

Il y aura toujours de bons élèves et d’autres mauvais. L’égalité a ses limites dans la nature. La République offre généreusement les moyens de la réussite à tous ses enfants. L’école est gratuite et les aides existent. Celui qui travaille parvient tôt ou tard à s’en sortir. Le parcours vers la réussite sera toujours long et pénible pour l’enfant d’ouvrier mais il demeure possible, encore aujourd’hui. Les exemples de personnes connues ou anonymes issues de milieux défavorisés qui ont su s’en extraire par leur travail et leur talent sont nombreux. En politique, d’Anne Hidalgo, élue maire de Paris, à Manuel Valls, Premier ministre, ce sont « tous des enfants d’immigrés », comme dit le slogan des manifestations contre le FN. Ils sont nés à l’étranger et naturalisés. D’autres encore démontrent que l’intégration et le mérite répuallah blicain fonctionnent : Aquilino Morelle, Philippe Seguin, Jeannette Bougrab, Rachida Dati, Fadela Amara, ou Henri Guaino. Dans le monde des affaires, les réussites sont également présentes : Mercedes Erra, fille d’immigrés espagnols, arrivée en France à l’âge de six ans, Hapsatou Sy, fille d’immigrés sénégalais. Dans les médias, on ne compte plus le nombre de journalistes, de chanteurs, d’acteurs d’origine étrangère plébiscités par le public. Il suffit d’allumer son poste de télévision pour le mesurer. La personnalité préférée des Français a longtemps été Zinedine Zidane. Depuis quelques années, c’est au tour d’Omar Sy d’occuper le haut du classement. Parmi les personnalités politiques préférées des français, Rama Yade et Najat Vallaud-B elkacem figurent toujours au sommet du classement. Alors comment peut- on encore oser dire que la France n’intègre pas et que les Français sont racistes ?

La « réussite » ce n’est pas un droit, ce n’est pas plus un devoir. C’est un choix de vie qui impose du travail, des sacrifices, du temps et une dose de chance. L’égalité de droit existe mais l’égalité réelle n’existe pas, c’est une utopie. Évidemment que nous ne commençons pas tous la course de la vie avec les mêmes bagages et au même point de départ. Le chemin à parcourir sera plus long et sinueux pour l’enfant des milieux populaires, et encore plus pour celui qui cumule une origine sociale défavorisée et des origines étrangères. Sa détermination doit être plus grande. Mais la « réussite » n’est pas une fin en soi et ne pas « réussir », est-ce une raison pour en arriver à insulter la France et la République ? Est-ce une raison pour imposer des modes culturels sur la voie publique et mépriser chaque jour dans les rues le principe d’égalité entre les hommes et les femmes avec le port du voile, du niqab ou de la burqa ?…

Pour de nombreux jeunes, le raisonnement est le suivant, « La France n’a pas fait de moi un médecin, c’est un pays de salauds, je les emmerde ». Mais peu de gens osent leur répondre que de très nombreux Maghrébins sont devenus médecins, avocats et que toutes les conditions sont offertes par la France pour y arriver et que ce n’est peut-être pas du devoir de la France d’amener tous ces enfants, français de souche ou issus de l’immigration, parmi la bourgeoisie.

Extrait de "Allah est grand, la République aussi", de Lydia Guirous, publié chez JC Lattès, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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