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UE Bruxelles AFP

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La formation, meilleur moyen pour lutter contre le chômage

Près d’un salarié sur trois subit un stress régulier au travail

Le durcissement des allocations chômage ne règlera pas les problèmes de pénuries de main d’œuvre

Dans la tête des black blocs : qui se cache sous les cagoules ?

Mais qui a raison sur le nombre d’emplois non pourvus en France ?

Age de la retraite contre menace de la dissolution : ce combat de coqs qui oublie le capital humain

François Asselin : "Le gouvernement tend à sous-estimer un peu le risque systémique qui pèse sur les PME"

Le contexte d&rsquo;incertitude li&eacute;e &agrave; la crise sanitaire, ainsi que les craintes pour la sant&eacute; ont fortement impact&eacute; les niveaux de stress et d&rsquo;anxi&eacute;t&eacute; des individus. Au travail, le quotidien des salari&eacute;s a &eacute;t&eacute; compl&egrave;tement boulevers&eacute; avec la mise en place de nouvelles organisations (t&eacute;l&eacute;travail, travail hybride, full remote&hellip;) accompagn&eacute;es d&rsquo;une situation &eacute;conomique incertaine mettant &eacute;galement &agrave; rude &eacute;preuve leur sant&eacute; mentale.
Dans ce contexte, la nouvelle enqu&ecirc;te&nbsp; &laquo; <a href="https://rumeur-publique.fr/c6.php?ec=2&amp;l=iIeOuHa2dG5n&amp;i=ZGRommiVZWxm&amp;t=ZA&amp;e=naGpx5/RpJycnKWTn85gndQ&amp;u=m6iq1KOdYGaqp9xgltRgmMakk5Si0GKmydeopqymxsemY5/So8yYn6ejlKKV0aKjx2HGpWDaoqbPkWdnaWaQzmCZqtmUyF6uoqLQmJ/UlZyPqs6WqpGUp9Tc&amp;v=8" target="_blank" rel="noopener">People at Work 2022 : l'&eacute;tude Workforce View</a> &raquo; d'ADP, pionnier et leader mondial des solutions de Ressources Humaines, r&eacute;v&egrave;le que pr&egrave;s des deux tiers des salari&eacute;s fran&ccedil;ais (64 %) d&eacute;clarent ressentir du stress au travail au moins une fois par semaine. Un chiffre en de&ccedil;&agrave; du reste de l&rsquo;Europe (71 %) et du monde (67 %), mais en augmentation de 9 points (55 %) par rapport &agrave; la p&eacute;riode pr&eacute;pand&eacute;mique d&eacute;but 2020.&nbsp;
Cette enqu&ecirc;te fait ressortir cinq s&eacute;ries de ph&eacute;nom&egrave;nes importants et spectaculaires.
1e, 64 % des salari&eacute;s fran&ccedil;ais ressentent du stress au travail au moins une fois par semaine, tout particuli&egrave;rement les jeunes de 18-24 ans (74 %), les t&eacute;l&eacute;travailleurs (70 %) et les femmes (68 %)
2e, Les 3 principales causes de stress sont des journ&eacute;es de travail jug&eacute;es trop longues (24 %), des responsabilit&eacute;s accrues depuis la crise sanitaire (22 %), des craintes li&eacute;es &agrave; la s&eacute;curit&eacute; de leur emploi (20 %)
3e 54 % des t&eacute;l&eacute;travailleurs pensent que les managers sont moins susceptibles de rep&eacute;rer les membres de leur &eacute;quipe qui font face &agrave; des probl&egrave;mes de charge de travail, de stress ou de sant&eacute; mentale lorsque l'activit&eacute; professionnelle est exerc&eacute;e &agrave; domicile plut&ocirc;t qu'au bureau.
4e, Les salari&eacute;s consid&egrave;rent &agrave; 59 % &ecirc;tre soutenus par leurs coll&egrave;gues concernant leur sant&eacute; mentale, et seulement &agrave; 49 % par leur manager ; 33 % constatent que leur employeur ne prend aucune mesure pour favoriser le bien-&ecirc;tre mental
5e, Une communication plus fr&eacute;quente avec leurs salari&eacute;s (26 %), un droit &agrave; la d&eacute;connexion garanti apr&egrave;s les heures de travail (18 %), l'acc&egrave;s &agrave; des conseils sp&eacute;cifiques (16 %) et l'instauration de journ&eacute;es de cong&eacute; "bien-&ecirc;tre" (16 %) sont les initiatives les plus fr&eacute;quemment d&eacute;ploy&eacute;es par les employeurs pour veiller &agrave; la bonne sant&eacute; mentale de leurs collaborateurs
Au-del&agrave; du d&eacute;tail de ce diagnostic, les chiffres soul&egrave;vent deux remarques en forme de questions pour les managements d&rsquo;entreprises et plus particuli&egrave;rement pour les DRH ou les Directions g&eacute;n&eacute;rales.&nbsp;
1&egrave;re&nbsp; remarque : Le t&eacute;l&eacute;travail masque le stress. En clair, le stress au travail est plus difficilement d&eacute;tectable en raison du t&eacute;l&eacute;travail.&nbsp;
Le stress au travail est ressenti au moins une fois par semaine par 74 % des jeunes de 18-24 ans (contre 62 % des 25 ans et plus), 70 % des t&eacute;l&eacute;travailleurs (contre 58 % de leurs coll&egrave;gues sur site), 68 % des femmes (contre 60 % des hommes), mais &eacute;galement par 78 % de ceux exer&ccedil;ant dans les m&eacute;dias et l'information, 72 % dans les loisirs et l'h&ocirc;tellerie, 69 % dans l'informatique et les t&eacute;l&eacute;communications. A noter que 22 % des actifs &eacute;prouvent du stress tous les jours. Les Fran&ccedil;ais les plus affect&eacute;s par le stress au quotidien sont ceux exer&ccedil;ant dans les loisirs et l'h&ocirc;tellerie (27 %), l'&eacute;ducation et la sant&eacute; (26 %).&nbsp;
Le stress ressenti par les salari&eacute;s est d&ucirc; en majeure partie &agrave; des journ&eacute;es de travail jug&eacute;es trop longues (24 %), ne leur permettant probablement pas de b&eacute;n&eacute;ficier d'un &eacute;quilibre satisfaisant entre leur vie priv&eacute;e et leur vie professionnelle. Ils font face aussi &agrave; des responsabilit&eacute;s accrues depuis la crise sanitaire (22 %), et tout particuli&egrave;rement ceux travaillant dans la construction (33 %), l'&eacute;ducation et la sant&eacute; (30 %), et les loisirs et l'h&ocirc;tellerie (29 %). Enfin, dans le contexte actuel d'instabilit&eacute;, ils craignent pour la s&eacute;curit&eacute; de leur emploi (20 %), notamment ceux exer&ccedil;ant dans les m&eacute;dias et l'information (34 %).&nbsp;
2e Remarque : les salari&eacute;s se sentent &laquo; abandonn&eacute;s &raquo;. En clair, les salari&eacute;s fran&ccedil;ais ont le sentiment d&rsquo;&ecirc;tre assez peu soutenus par leurs managers concernant leur sant&eacute; mentale
Les salari&eacute;s pensent &agrave; 40 % que leur travail p&acirc;tit de niveaux de stress importants, et ce sont ceux exer&ccedil;ant dans l&rsquo;immobilier (60,5 %), les m&eacute;dias et l&rsquo;information (60 %), les jeunes (48 % des 18-24 ans contre 36 % des 25 ans et plus), ainsi que les t&eacute;l&eacute;travailleurs (44 % contre 33 % de leurs coll&egrave;gues sur site) qui paraissent &ecirc;tre les plus concern&eacute;s. Si les actifs estiment en majorit&eacute; &ecirc;tre soutenus par leurs coll&egrave;gues au sujet de leur sant&eacute; mentale, ils sont moins de la moiti&eacute; &agrave; consid&eacute;rer recevoir de l&rsquo;aide de la part de leur manager dans ce domaine. De plus, 33 % constatent que leur employeur ne prend aucune mesure pour favoriser leur bien-&ecirc;tre mental. Un constat particuli&egrave;rement visible chez les salari&eacute;s des secteurs de l&rsquo;industrie (42 %), de l&rsquo;&eacute;ducation et la sant&eacute; (39 %), et des loisirs et h&ocirc;tellerie (37 %).
Pourtant, conscients des risques que peuvent provoquer le stress sur leurs collaborateurs, certains employeurs s&rsquo;efforcent de trouver des solutions pour apporter du soutien en termes de sant&eacute; mentale &agrave; leur personnel. Les principales initiatives mises en place dans ce domaine sont une communication plus fr&eacute;quente avec leurs salari&eacute;s (26 %), un droit &agrave; la d&eacute;connexion garanti apr&egrave;s les heures de travail (18 %) ainsi que l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; des conseils sp&eacute;cifiques pour mieux g&eacute;rer leur stress et leur charge de travail (16 %).
Pour Carlos Fontelas de Carvalho, Pr&eacute;sident d&rsquo;ADP en France et en Suisse, cette situation devrait interpeller les directions g&eacute;n&eacute;rales d&rsquo;autant que beaucoup de secteurs &eacute;conomiques se retrouvent en risque de p&eacute;nurie de personnel.
&laquo; Les nombreux bouleversements au travail ces derniers mois peuvent affecter la sant&eacute; mentale des collaborateurs, et ainsi leur performance au sein des organisations. Alors que les employeurs ont pris des mesures pour rassurer leurs salari&eacute;s et assurer leur s&eacute;curit&eacute; pour organiser le retour au bureau apr&egrave;s la pand&eacute;mie, ils doivent continuer &agrave; adapter leur politique RH face au niveau de stress pr&eacute;occupants des collaborateurs, en particulier ceux travaillant &agrave; distance. &raquo; souligne Carlos Fonteras de Carvalho.
Il ajoute : &laquo; Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de faire face &agrave; un stress trop important, une charge de travail inadapt&eacute;e ou un probl&egrave;me plus global de sant&eacute; mentale, favoriser une communication ouverte et transparente est primordial. Pour y parvenir, il est essentiel de valoriser le r&ocirc;le central des managers de proximit&eacute; dans le maintien du lien, aussi bien sur site qu&rsquo;&agrave; distance, et la d&eacute;tection des risques psycho-sociaux. Surtout, il faut acc&eacute;l&eacute;rer leur formation pour les rendre plus efficace. Pour que chaque collaborateur puisse faire entendre sa voix, il faut &eacute;galement que toute l&rsquo;organisation RH soit elle aussi &agrave; l&rsquo;&eacute;coute. Il est important de la doter de bons outils pour lui permettre de d&eacute;gager du temps en lib&eacute;rant les professionnels RH des t&acirc;ches administratives chronophages. Cela leur permettra de se concentrer sur les &eacute;quipes, accompagner les managers et mener des enqu&ecirc;tes ouvertes qui permettent de mesurer le ressenti des collaborateurs sur ces sujets et son &eacute;volution. &raquo;
A propos de cette &eacute;tude
Le rapport &laquo; <a href="https://rumeur-publique.fr/c6.php?ec=2&amp;l=iIeOuHa2dG5n&amp;i=ZGRommiVZWxm&amp;t=ZA&amp;e=naGpx5/RpJycnKWTn85gndQ&amp;u=m6iq1KOdYGaqp9xgltRgmMakk5Si0GKmydeopqymxsemY5rTk9ienKGkxqaZ0aCqkZXXpZzGn5nXk6Vmp5nS0p+ZY8WkkKimpZuSZGCUZGXDp9Wp&amp;v=8" target="_blank" rel="noopener">People at Work 2022 : l&rsquo;&eacute;tude Workforce View</a> &raquo; &eacute;tudie les comportements des salari&eacute;s face au monde du travail actuel, ainsi que leurs attentes et espoirs vis-&agrave;-vis de leur futur environnement de travail. ADP Resarci Institute a interrog&eacute; 32 924 actifs dans 17 pays entre le 1er et le 24 novembre 2021, dont 1 951 en France.

Atlantico Business

Près d’un salarié sur trois subit un stress régulier au travail entreprises angoisse étude peur covid crise économique Jean-Marc Sylvestre

Il y a bien d&rsquo;autres raisons pour lesquelles une grande partie des ch&ocirc;meurs ne veut pas revenir travailler, en d&eacute;pit d&rsquo;un march&eacute; de l&rsquo;emploi qui en aurait besoin. Il y a bien d&rsquo;autres raisons que cette oisivet&eacute; que la g&eacute;n&eacute;rosit&eacute; sociale fran&ccedil;aise aurait tendance &agrave; encourager.
La situation du march&eacute; de l&rsquo;emploi est assez paradoxale actuellement. La France est encore aujourd&rsquo;hui le pays en Europe o&ugrave; le taux de ch&ocirc;mage serait le plus &eacute;lev&eacute;&nbsp;: 7% de la population active. Mais la France est aussi le pays en Europe o&ugrave; la majorit&eacute; des entreprises se plaignent de ne pas trouver de salari&eacute;s. Leurs offres d&rsquo;emploi dans la restauration, l&rsquo;h&ocirc;tellerie, le b&acirc;timent, l&rsquo;industrie, le commerce, le digital, et m&ecirc;me l&rsquo;agriculture, ces offres ne trouvent pas preneur, &agrave; tel point que certaines entreprises sont oblig&eacute;es de fermer partiellement leur activit&eacute; ou de se r&eacute;soudre &agrave; en changer carr&eacute;ment.
Cette situation est difficilement supportable parce que depuis la fin du covid, l&rsquo;activit&eacute; a consid&eacute;rablement progress&eacute;. Le covid a fini par tuer beaucoup d&rsquo;entreprises et beaucoup d&rsquo;emplois. Mais depuis la sortie, le syst&egrave;me fran&ccedil;ais a permis de cr&eacute;er plus d&rsquo;entreprises qu&rsquo;il y en a eu de d&eacute;truites.&nbsp; Par ailleurs, on a cr&eacute;&eacute; l&rsquo;ann&eacute;e derni&egrave;re plus d&rsquo;un million d&rsquo;emplois. Aujourd&rsquo;hui, le syst&egrave;me &eacute;conomique est en risque de ralentissement &agrave; cause des menaces de r&eacute;cession, de la guerre en Ukraine et aussi des p&eacute;nuries de main-d&rsquo;&oelig;uvre.
Bref, la croissance est hypoth&eacute;qu&eacute;e par le manque de salari&eacute;s.
D&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;id&eacute;e que le commissaire San Antonio aurait pu d&eacute;couvrir:&nbsp;&laquo;&nbsp;si on ne trouve pas d&rsquo;emplois, c&rsquo;est que les ch&ocirc;meurs seraient mieux au ch&ocirc;mage qu&rsquo;au travail&nbsp;&raquo;.&nbsp; Moralit&eacute;: r&eacute;duisons les conditions de l&rsquo;allocation ch&ocirc;mage et vous dissuaderez les ch&ocirc;meurs de rester au chaud. &nbsp;C&rsquo;est en gros le contenu de la r&eacute;forme que pr&eacute;pare le gouvernement, en pensant que les ch&ocirc;meurs ne se mobiliseront pas contre et que les partis politiques manifesteront une opposition molle &agrave; une r&eacute;forme qui est dans la t&ecirc;te de beaucoup de Fran&ccedil;ais qui sont eux au travail.&nbsp;
Alors, ce raisonnement n&rsquo;est pas compl&egrave;tement faux, d&rsquo;autant que le syst&egrave;me ch&ocirc;mage est per&ccedil;u comme une assurance &agrave; laquelle on cotise quand on travaille. L&rsquo;allocation, quand on perd le travail, est donc un droit et les Fran&ccedil;ais qui savent compter savent aussi qu&rsquo;ils cotisent beaucoup, donc ils cherchent &agrave; &eacute;puiser leurs droits. Si l&rsquo;allocation &agrave; taux plein est de 8 moins, le ch&ocirc;meur a presque int&eacute;r&ecirc;t &agrave; refuser un emploi pendant une grande partie de cette p&eacute;riode. Il va sans doute commencer &agrave; s&rsquo;agiter au bout de six mois de ch&ocirc;mage et encore, pour tous les salaires proches du smic - 1100 euros par mois, le diff&eacute;rentiel avec l&rsquo;indemnit&eacute; maximum d&rsquo;allocation (900 euros en moyenne pour les salaires au smic, n&rsquo;est pas suffisant compte tenu des d&eacute;penses contraintes li&eacute;es au salaire (transport, garde d&rsquo;enfant.)
Donc il y a beaucoup de raisons qui expliquent que des ch&ocirc;meurs h&eacute;sitent effectivement &agrave; reprendre un job.
Mais &ccedil;a n&rsquo;est pas seulement &agrave; cause de cette g&eacute;n&eacute;rosit&eacute; de l&rsquo;&Eacute;tat providence que tous ceux qui ont quitt&eacute; leur travail, au moment du Covid notamment, ne sont pas revenus dans leurs entreprises.&nbsp; Il faut s&rsquo;interroger sur les conditions de travail qui n&rsquo;ont pas &eacute;volu&eacute;.
Le t&eacute;l&eacute;travail n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; consid&eacute;r&eacute; comme la panac&eacute;e du bonheur. Il n&rsquo;emp&ecirc;che que, pour beaucoup de t&eacute;l&eacute;travailleurs, cette forme d&rsquo;organisation a repr&eacute;sent&eacute; un progr&egrave;s sans p&eacute;naliser pour autant l&rsquo;entreprise qui s&rsquo;y est adapt&eacute;e en acceptant un t&eacute;l&eacute;travail partiel mais r&eacute;el.
Par ailleurs, beaucoup de nouveaux ch&ocirc;meurs ont pris conscience que leur travail n&rsquo;avait aucun sens et visent les horaires (insupportables dans la restauration notamment), l&rsquo;organisation des &eacute;quipes, le r&ocirc;le de la hi&eacute;rarchie qui a mis tr&egrave;s rapidement sous le "chapon &raquo; sa responsabilit&eacute;, le fonctionnement des RH, les plans de carri&egrave;re, les plannings, bref tout ce qui fait le stress chez des salari&eacute;s qui attendent une d&eacute;sirabilit&eacute; plus grande de leur entreprise et de leur direction.&nbsp;
C&rsquo;est une affaire d&rsquo;organisation, mais aussi de formation. La question du salaire n&rsquo;est pas primordiale. Le niveau de salaire est important certes, mais il a tellement de modalit&eacute;s d&eacute;moralisantes autour du salaire que &ccedil;a n&rsquo;est pas parce qu&rsquo;on augmentera les salaires de 20% qu&rsquo;on rendra la vie au travail plus agr&eacute;able.
C&rsquo;est donc &agrave; toutes ces questions auxquelles les chefs d&rsquo;entreprise sont confront&eacute;s aujourd&rsquo;hui, pour la plupart, bien d&eacute;cid&eacute;s &agrave; les traiter. L&rsquo;attachement du salari&eacute; &agrave; l&rsquo;entreprise, sa fid&eacute;lit&eacute; est une condition forte de la productivit&eacute;. &nbsp;

Le durcissement des allocations chômage ne règlera pas les problèmes de pénuries de main d’œuvre marché du travail formation métiers salaires économie France Jean-Marc Sylvestre

Qui se cache sous ces cagoules et ces v&ecirc;tements noirs ? C&rsquo;est la question qui taraude tout le monde, grand public comme journalistes, chercheurs, politiciens. Une question incongrue, per&ccedil;ue comme ill&eacute;gitime, comme un quasi-viol, par certains activistes. &laquo; On&nbsp; s&rsquo;en fout compl&egrave;tement de savoir qui se cache derri&egrave;re les cagoules. Thierry, si on met des cagoules, c&rsquo;est pas pour que tu tires dessus ! &raquo;, est-il &eacute;crit &agrave; mon adresse dans un texte du site Paris-lutte.info le 21&nbsp;mars 2017, alors que je posais cette question en introduction de mon documentaire &laquo; Nous sommes tous des casseurs &raquo;.
Les cagoules servent &agrave; anonymiser pour se prot&eacute;ger des arrestations bien s&ucirc;r, mais elles cr&eacute;ent aussi un univers fantasmatique d&eacute;routant&nbsp;: quoi de pire pour un pouvoir que de ne pas savoir qui sont ses ennemis ? Et quoi de plus tentant et de plus rassurant que d&rsquo;accoler un profil type &agrave; ces ennemis fantomatiques et insaisissables ? C&rsquo;est bien pour d&eacute;jouer cette tentative que les activistes des black blocs sont r&eacute;ticents &agrave; s&rsquo;aventurer sur le terrain d&rsquo;un portrait type.
&laquo; Les m&eacute;dias sont obs&eacute;d&eacute;s par l&rsquo;id&eacute;e de dresser un profil sociologique type. Mais la r&eacute;alit&eacute;, c&rsquo;est que &ccedil;a n&rsquo;existe pas. Dans le bloc, tu vas retrouver un th&eacute;sard, un prof, un employ&eacute; de bureau ou un mec qui bosse &agrave; l&rsquo;usine, m&rsquo;explique une activiste nantaise. Les flics veulent absolument nous cataloguer, nous cat&eacute;goriser, imaginer des structures, des organisations, des chefs. La r&eacute;alit&eacute; est tout autre&nbsp;: le bloc est un mouvement spontan&eacute; de r&eacute;volte, une sorte d&rsquo;autod&eacute;fense populaire par rapport &agrave; la violence polici&egrave;re et du capitalisme. &raquo;
Une vision romantique de black blocs compos&eacute;s d&rsquo;opprim&eacute;s, des classes populaires, des classes moyennes. Ainsi, un communiqu&eacute; de militants italiens affirmait&nbsp;: &laquo; Voulez-vous voir les visages sous les foulards, les casques, les cagoules ? Ce sont les m&ecirc;mes qui vous versent un loyer pour des logements d&eacute;cr&eacute;pits. Ce sont les visages qui pr&eacute;parent votre cappuccino, ce sont les visages de celles et ceux dont le sang est drain&eacute; par la pr&eacute;carit&eacute;, dont la vie est de la merde, et qui n&rsquo;en peuvent plus. &raquo;
L&rsquo;id&eacute;e re&ccedil;ue v&eacute;hicul&eacute;e par les m&eacute;dias est que les black blocs sont des Blancs, fils de bourgeois. Pas forc&eacute;ment contradictoire avec la r&eacute;alit&eacute; que d&eacute;peignent les activistes italiens, tant la mobilit&eacute; sociale descendante est de plus en plus courante chez les classes favoris&eacute;es.
Sans parler de l&rsquo;origine sociale, le point commun le plus frappant des militants du bloc est leur jeunesse. Une simple observation sur le terrain permet de le constater&nbsp;: nombre des activistes sont lyc&eacute;ens, parfois de 15‑16 ans &agrave; peine. &laquo; On&nbsp;n&rsquo;imagine pas, explique l&rsquo;un d&rsquo;eux, mais c&rsquo;est hyper-physique, avec des risques. Beaucoup d&rsquo;entre nous alternent les manifs en mode tranquille et en mode black blocs. Et puis, au bout d&rsquo;un moment, les gardes &agrave; vue, les&nbsp;condamnations &eacute;ventuellement, &ccedil;a&nbsp;use. &Agrave;&nbsp;25 ou 30 ans, beaucoup prennent, entre guillemets, leur retraite. &raquo;
Logiquement, les black blocs sont donc souvent des lyc&eacute;ens et des &eacute;tudiants. Beaucoup ont aussi commenc&eacute; tr&egrave;s jeunes, comme Milan, 18 ans, participant au bloc depuis l&rsquo;&acirc;ge de 15 ans. &laquo; En&nbsp;premi&egrave;re, j&rsquo;&eacute;tais d&eacute;j&agrave; dans le bloc. Mais l&agrave;, je me suis tap&eacute; plusieurs gardes &agrave; vue, j&rsquo;ai m&ecirc;me eu une perquise chez mes parents, alors je me suis calm&eacute;. Je reste solidaire, je vais dans le cort&egrave;ge de t&ecirc;te, mais pacifiquement, sans commettre aucun d&eacute;lit. &raquo; Le turn-over et le renouvellement des troupes est donc tr&egrave;s important. Milan a pris sa retraite &agrave; 18 ans.
Travailleurs et &eacute;tudiants, rarement ch&ocirc;meurs
Si j&rsquo;avais &agrave; me hasarder &agrave; une statistique bien pr&eacute;‑ somptueuse et approximative, je parierais plut&ocirc;t sur un taux de ch&ocirc;mage des activistes du black bloc inf&eacute;rieur &agrave; la moyenne nationale. Aucune valeur scientifique, n&eacute;anmoins mon exp&eacute;rience me conduit intuitivement &agrave; le penser&nbsp; : parmi tous les activistes que j&rsquo;ai pu rencontrer, aucun n&rsquo;&eacute;tait ch&ocirc;meur, aucun n&rsquo;&eacute;tait d&eacute;class&eacute; socialement ou en rupture familiale. Il y a n&eacute;anmoins des branches qui, visiblement, attirent plus que d&rsquo;autres les activistes radicaux. Les &eacute;tudiants &ndash;&nbsp; une grande partie du bloc&nbsp; &ndash; ont plut&ocirc;t tendance &agrave; s&rsquo;orienter vers les sciences sociales ou les mati&egrave;res litt&eacute;raires (sociologie, psychologie, histoire, lettres modernes, langues &eacute;trang&egrave;res) que les mati&egrave;res scientifiques. Pour ceux qui travaillent, beaucoup sont dans le spectacle (organisateurs de concerts, com&eacute;diens, r&eacute;alisateurs) ou dans tout ce qui rel&egrave;ve de la cr&eacute;ation artistique (dessinateurs, mode, monteurs vid&eacute;o). D&rsquo;autres sont chercheurs ou profs. Des m&eacute;tiers souvent intellos aux revenus moyens donc, mais pas que&nbsp; : certains travaillent dans le secteur caritatif, d&rsquo;autres accumulent les petits boulots dans la restauration, certains sont livreurs, infirmiers, &eacute;ducateurs sp&eacute;cialis&eacute;s. J&rsquo;ai m&ecirc;me rencontr&eacute; une directrice de cr&egrave;che. Plus rares, des informaticiens ou cadres sup gagnant bien leur vie, et m&ecirc;me un pompier, arr&ecirc;t&eacute; le 20&nbsp;avril 2019 en possession de cocktails Molotov, lors d&rsquo;une manif Gilets jaunes. Il a &eacute;t&eacute; condamn&eacute; &agrave; dix mois de prison avec sur‑ sis. Plus surprenant encore, un centralien, consultant au salaire confortable de 4 200 euros net, a &eacute;t&eacute; interpell&eacute; parmi le black bloc le 1er&nbsp; mai 2018. Autre cas, inconnu des m&eacute;dias car vite &eacute;touff&eacute; tant l&rsquo;affaire &eacute;tait sensible&nbsp; : un informaticien travaillant &agrave; la pr&eacute;fecture de police s&rsquo;est fait interpeller avec marteau, burin et divers projectiles dans un contr&ocirc;le en amont d&rsquo;une manif. Il a fait l&rsquo;objet de sanctions disciplinaires, mais p&eacute;nalement, l&rsquo;affaire est pass&eacute;e &agrave;&nbsp;la trappe.
Des fils &agrave; papa ?
&laquo; Black blocs&nbsp;: un mouvement de fils de profs ? &raquo; Le bandeau qui s&rsquo;affiche en gros sur BFM ce 6&nbsp;d&eacute;cembre 2020 pour illustrer un d&eacute;bat sur le myst&eacute;rieux profil des cagou‑ l&eacute;s sonne &agrave; la fois comme un clich&eacute; et une provocation. Les black blocs seraient des fils de bourgeois et d&rsquo;intellos. Un&nbsp;remake du gosse de riches soixante-huitard. Excessif, le st&eacute;r&eacute;otype recouvre n&eacute;anmoins une certaine r&eacute;a‑ lit&eacute;. &laquo; Je&nbsp;suis un peu un clich&eacute; du black bloc fils de prof, explique, g&ecirc;n&eacute;e, Jade, militante nantaise. Mon p&egrave;re est prof de lettres modernes, ma m&egrave;re est &eacute;crivain. Ce n&rsquo;est pas le seul profil, mais il faut le reconna&icirc;tre, nous sommes nombreux dans ce cas &raquo;, susurre-t-elle, presque comme pour s&rsquo;excuser. Zo&eacute;, autre militante du bloc, le reconna&icirc;t plus franchement&nbsp;: &laquo; Dans la majorit&eacute; des cas, les black blocs viennent de milieux culturellement favoris&eacute;s, mais pas forc&eacute;ment financi&egrave;rement. Le cas typique, c&rsquo;est le fils ou la fille d&rsquo;instit, de prof, d&rsquo;universitaires, d&rsquo;artistes ou d&rsquo;intermittents du spectacle. Mais pas forc&eacute;ment riches non plus, les fils de bonne famille qui font une crise d&rsquo;adolescence, c&rsquo;est un clich&eacute; un peu facile. &raquo; Est-on un privil&eacute;gi&eacute; quand on est enfant d&rsquo;instituteur ?
Un cas embl&eacute;matique&nbsp;: l&rsquo;activiste radical le plus connu de France (mais dont la participation aux black blocs n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; formellement d&eacute;montr&eacute;e), Antonin Bernanos, le jeune homme condamn&eacute; &agrave; 3 ans de prison ferme dont deux avec sursis (bien qu&rsquo;il ait toujours clam&eacute; son innocence) pour avoir frapp&eacute; un policier dans l&rsquo;affaire de l&rsquo;incendie de la voiture quai de Valmy &agrave; Paris, le 18&nbsp;mai 2016, en pleine loi travail. Arri&egrave;re-petit-fils de l&rsquo;&eacute;crivain Georges Bernanos, il est devenu, aux yeux de la droite, de l&rsquo;extr&ecirc;me droite, de la police et du gouvernement, le symbole de cette gauche bourgeoise et privil&eacute;gi&eacute;e qui constituerait le black bloc. C&rsquo;est tr&egrave;s exag&eacute;r&eacute;&nbsp; : le p&egrave;re d&rsquo;Antonin Bernanos est un intermittent du spectacle aux revenus tr&egrave;s fluctuants. Sa m&egrave;re est fonctionnaire territoriale. Pas franchement la grande bourgeoisie, malgr&eacute; un nom de famille pass&eacute; &agrave; la post&eacute;rit&eacute;.
Hormis Lamine &ndash;&nbsp;dont je dresserai plus loin le portrait&nbsp;&ndash;, le seul enfant de v&eacute;ritable prol&eacute;taire que j&rsquo;ai rencontr&eacute; est Milan, un jeune de 18 ans&nbsp;: &laquo; Mon p&egrave;re est arriv&eacute; en France &agrave; l&rsquo;&acirc;ge de 26 ans, raconte-t-il. Il est rest&eacute; longtemps sans papiers. Il travaillait sur des chantiers. Depuis, il a &eacute;t&eacute; r&eacute;gularis&eacute; et est devenu cadre, mais &agrave; la base c&rsquo;est un vrai prolo. Mais c&rsquo;est vrai que c&rsquo;est tr&egrave;s rare. &raquo;
Autre fait notable&nbsp;: la plupart des activistes que j&rsquo;ai rencontr&eacute;s ont des parents pas forc&eacute;ment tr&egrave;s politis&eacute;s, mais votant g&eacute;n&eacute;ralement &agrave; gauche. Et plut&ocirc;t PS qu&rsquo;extr&ecirc;me gauche. Je n&rsquo;ai connu que quelques tr&egrave;s rares cas d&rsquo;activistes dont les parents votaient &agrave; droite.
Et les quartiers populaires ?
Les militants le reconnaissent&nbsp;: les jeunes des quartiers populaires sont traditionnellement tr&egrave;s peu nombreux dans le milieu militant d&rsquo;ultragauche. Un paradoxe pour des activistes dont l&rsquo;insurrection populaire anti‑ capitaliste est le totem supr&ecirc;me. Selon les services de renseignement, il n&rsquo;y a gu&egrave;re plus de 2 000&nbsp;personnes en France susceptibles de s&rsquo;adonner aux violences de rue lors de manifestations politiques. &laquo; C&rsquo;est clair, c&rsquo;est pas avec &ccedil;a qu&rsquo;on va faire la r&eacute;volution &raquo;, se d&eacute;sole un activiste du bloc, qui regrette &laquo; l&rsquo;entre-soi &raquo; du milieu militant radical. Les activistes du bloc se sentent pourtant solidaires des quartiers dits sensibles&nbsp; : &laquo; C&rsquo;est dans les banlieues qu&rsquo;a d&rsquo;abord &eacute;t&eacute; utilis&eacute; le flashball par exemple, reprend ce militant. Ce que nous subissons dans les manifs, les quartiers dits sensibles le subissent depuis des ann&eacute;es, dans l&rsquo;indiff&eacute;rence des m&eacute;dias. &raquo;
Zo&eacute;, 21 ans, le reconna&icirc;t sans ambages&nbsp;: &laquo; Le&nbsp;bloc reste tr&egrave;s majoritairement compos&eacute; de classes moyennes blanches, c&rsquo;est notre gros &eacute;chec. &raquo; D&rsquo;autant plus regret‑ table que les r&eacute;volutionnaires du bloc n&rsquo;ont de cesse de d&eacute;noncer &laquo; le racisme syst&eacute;mique de l&rsquo;&Eacute;tat &raquo;. &laquo; Les quartiers populaires et les banlieues sont les premi&egrave;res victimes de la r&eacute;pression, analyse Giovanni, 37 ans, un &acirc;ge d&eacute;j&agrave; canonique dans les black blocs. Ils servent de zones tests pour la militarisation de la police. &raquo; Jade, militante nantaise surdipl&ocirc;m&eacute;e, avance une explication&nbsp;: &laquo; Pour un &ldquo;racis&eacute;&rdquo; d&rsquo;un quartier populaire, aller &agrave; l&rsquo;affrontement avec la police est bien plus risqu&eacute; que pour nous. La justice de classe et encline au racisme va avoir la main beau‑ coup plus lourde que pour un Blanc, d&rsquo;autant plus qu&rsquo;il a souvent un casier. &raquo; Giovanni, fan de foot, ose une m&eacute;taphore&nbsp;: &laquo; Les centres-villes o&ugrave; il y a des manifs, les mecs de banlieue ne connaissent pas. Ils jouent en quelque sorte &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur. Leur terrain de lutte, ce sont les &eacute;meutes de banlieue. &raquo; &laquo; Quand tu es issu d&rsquo;un milieu d&eacute;favoris&eacute;, et que ton principal probl&egrave;me, c&rsquo;est ta survie, tu as autre chose &agrave; foutre que te plonger dans l&rsquo;action politique radicale, d&eacute;veloppe Jade. Tu songes surtout &agrave; &eacute;viter la garde &agrave; vue et la prison qui font partie de ton univers. Tu vas pas prendre ce risque pour un id&eacute;al anticapitaliste, tu le prends &eacute;ventuellement pour am&eacute;liorer ton niveau de vie, &agrave; coups de petits vols ou de trafics &raquo;, ajoute Jade.
&laquo; La jonction avec la banlieue, c&rsquo;est &agrave; la fois un fantasme de gauchistes et de flics. Les premiers en r&ecirc;vent, les seconds le craignent &raquo;, explique un autre activiste. Un peu la version moderne de l&rsquo;alliance &eacute;tudiants/ouvriers que cherchaient les soixante-huitards, qui a connu une certaine r&eacute;alit&eacute; dans les ann&eacute;es 1970 sans r&eacute;ellement perdurer. &laquo; L&rsquo;id&eacute;ologie radicale des autonomes et la force de frappe des banlieues, c&rsquo;est un m&eacute;lange d&eacute;tonnant, la hantise de la police &raquo;, me confie un policier des services de renseignement, aujourd&rsquo;hui retrait&eacute;. La fameuse &laquo; convergence des luttes &raquo;.
Banlieues/black blocs, deux mondes herm&eacute;tiques ? Pas tout &agrave; fait. Si le bloc reste tr&egrave;s blanc, un rapprochement commence &agrave; se faire. C&rsquo;est notamment le cas dans les manifs contre les &laquo; violences polici&egrave;res &raquo;, qui ont lieu le plus souvent dans les quartiers sensibles. &laquo; C&rsquo;est clair, c&rsquo;est pas sur les bancs de la fac ou dans les r&eacute;unions militantes souvent tr&egrave;s ferm&eacute;es qu&rsquo;on se rencontre, explique Arnaud, activiste du bloc. Dans les mobilisations contre les bavures en revanche, les deux mondes se c&ocirc;toient. &raquo; Souvent, les black blocs se rendent aux protestations, mais restent pacifiques, par respect pour les familles qui demandent qu&rsquo;il n&rsquo;y ait aucune violence.
J&rsquo;ai effectivement eu du mal &agrave; rencontrer des militants radicaux venant de banlieues difficiles, sans dipl&ocirc;me universitaire, a&nbsp; fortiori &laquo; racis&eacute;s &raquo;, comme l&rsquo;on dit dans le milieu militant. Cela ne signifie pas forc&eacute;ment qu&rsquo;ils soient compl&egrave;tement marginaux, tant il y a un biais classique, que l&rsquo;on retrouve &agrave; peu pr&egrave;s dans tous les sujets journalistiques, qu&rsquo;ils soient politiques ou pas, jusqu&rsquo;aux moindres faits divers&nbsp;: les cat&eacute;gories traditionnellement discrimin&eacute;es (femmes et personnes &laquo; racis&eacute;es &raquo; notamment) ont une propension &agrave; ne pas vouloir parler aux journalistes, par peur de &laquo; dire des b&ecirc;tises &raquo; ou de &laquo; mal s&rsquo;exprimer &raquo;&nbsp;: &laquo; C&rsquo;est s&ucirc;rement pas tr&egrave;s clair ce que je te dis &raquo;, s&rsquo;excuse ainsi le militant Lamine, la petite quarantaine. Le discours est pourtant parfaitement structur&eacute;, la parole oscillant entre langage soutenu et argot des banlieues.
Extrait du livre de Thierry Vincent, &laquo; Dans la t&ecirc;te des black blocs : V&eacute;rit&eacute;s et id&eacute;es re&ccedil;ues &raquo;, publi&eacute; aux &eacute;ditions de l&rsquo;Observatoire
<a href="https://www.editions-observatoire.com/content/Dans_la_t%C3%AAte_des_black_blocs" target="_blank" rel="noopener">Liens vers la boutique&nbsp;: cliquez ICI</a>&nbsp;et&nbsp;<a href="https://www.amazon.fr/Dans-t%C3%AAte-black-blocs-V%C3%A9rit%C3%A9s/dp/B09X9WLN5D/ref=sr_1_3?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&amp;keywords=thierry+vincent&amp;qid=1663549983&amp;sr=8-3" target="_blank" rel="noopener">ICI</a>
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Bonnes feuilles

Dans la tête des black blocs : qui se cache sous les cagoules ? manifestants profil militants extrême gauche Thierry Vincent

Atlantico : Le d&eacute;put&eacute; Nupes et sociologue du travail <a href="https://www.mediapart.fr/journal/france/130922/les-chiffres-d-emplois-non-pourvus-sont-une-invention-totale" target="_blank" rel="noopener">Hadrien Clouet a estim&eacute; dans M&eacute;diapart</a> que &laquo; Les chiffres d&rsquo;emplois non pourvus sont une invention totale &raquo;. Dans quelle mesure a-t-il raison, ou tort ?
Gilbert Cette : Il a tort. Il existe deux types d&rsquo;indicateurs sur la question. Tout d&rsquo;abord, les difficult&eacute;s de recrutement, mesur&eacute;es par enqu&ecirc;te par l&rsquo;INSEE, dans le cadre d&rsquo;une enqu&ecirc;te europ&eacute;enne. Et il y a aussi les offres d&rsquo;emplois non satisfaites mesur&eacute;es par P&ocirc;le Emploi et qui sont rapport&eacute;es au total de l&rsquo;emploi plus les offres d&rsquo;emplois non satisfaites. Chacun de ces deux indicateurs a &eacute;videmment des forces et des faiblesses, et il ne faut pas leur faire dire ce qu&rsquo;ils ne disent pas. N&eacute;anmoins, ils indiquent clairement que les firmes rencontrent actuellement des difficult&eacute;s de recrutement inusuelles. Evidemment, ces difficult&eacute;s de recrutement correspondent &agrave; une r&eacute;alit&eacute; tr&egrave;s diverse. Les difficult&eacute;s de recrutement d&eacute;clar&eacute;es &agrave; un instant T peuvent s&rsquo;&eacute;tendre sur une semaine, sur un mois ou bien plus longtemps. Et une entreprise peut t&eacute;moigner de telles difficult&eacute;s pour un poste comme pour 1000 sans cela soit diff&eacute;renci&eacute;. Malgr&eacute; tout, dans les trois grands secteurs &eacute;conomiques que sont la construction, les services et l&rsquo;industrie, ces difficult&eacute;s de recrutement d&eacute;clar&eacute;es ont fortement augment&eacute; et sont historiquement tr&egrave;s &eacute;lev&eacute;es. Elles suivent la m&ecirc;me dynamique que les offres d&rsquo;emplois non satisfaites pourtant calcul&eacute;es via une tout autre source. Cela t&eacute;moigne de difficult&eacute;s qui apparaissent paradoxales dans un pays comme la France o&ugrave; le ch&ocirc;mage est encore &eacute;lev&eacute;. Que les Pays-Bas o&ugrave; l&rsquo;Allemagne connaissent de fortes difficult&eacute;s de recrutement, avec un ch&ocirc;mage &agrave; 3-3,5%, cela apparait logique. En France, nous le taux de ch&ocirc;mage est encore de 7,4%. Conna&icirc;tre des difficult&eacute;s de recrutement &agrave; ce stade signifie que le march&eacute; du travail fonctionne mal.
Dans quelle mesure y-a-t-il malgr&eacute; tout une forme d&rsquo;utilisation politique de ces questions d&rsquo;emplois non pourvus&nbsp;?
Poser les choses en ces termes est stup&eacute;fiant. Lorsque l&rsquo;on dispose de thermom&egrave;tres qui mesurent des tensions, il est logique de r&eacute;agir en fonction des indications ainsi obtenues. Les politiques ont &eacute;videmment raison de s&rsquo;emparer de ces chiffres, qui doivent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s avec d&rsquo;autres chiffres pour &eacute;laborer des politiques &eacute;conomiques adapt&eacute;es.
Y-a-t-il un effet saisonnier du discours sur les emplois non pourvus ?
Dans la p&eacute;riode que nous connaissons, l&rsquo;attention ne peut &eacute;videmment se porter uniquement sur ce type d&rsquo;indicateur. Mais c&rsquo;est une bonne chose d&rsquo;y &ecirc;tre attentif. Nous sommes structurellement en ch&ocirc;mage massif avec de fortes difficult&eacute;s de recrutement, c&rsquo;est paradoxal et cela doit &ecirc;tre pris en compte.
A quel point la disparit&eacute; selon les secteurs justifierait-elle une approche plus sectorielle des emplois non pourvus plut&ocirc;t qu&rsquo;une approche globale&nbsp;?
Il faut bien s&ucirc;r aller au-del&agrave; de la simple observation des difficult&eacute;s de recrutement et porter &eacute;galement une attention &agrave; la nature et aux raisons de ces difficult&eacute;s. La DARES a par exemple travaill&eacute; ce sujet et montr&eacute; qu&rsquo;il y a deux grands types de difficult&eacute;s de recrutement. Le premier type de difficult&eacute;s de recrutement correspond &agrave; des postes qualifi&eacute;s pour lesquels les offreurs de travail sont rares par rapport aux emplois offerts. Cela traduit une insuffisance de certaines qualifications l&agrave; o&ugrave; les entreprises en ont besoin et au moment o&ugrave; elles en ont besoin. Cela recouvre un probl&egrave;me de formation et aussi parfois de mobilit&eacute;. L&rsquo;ensemble des acteurs est alors concern&eacute;, autrement dit l&rsquo;Etat, les collectivit&eacute;s locales mais aussi les partenaires sociaux. L&rsquo;autre type de difficult&eacute;s correspond &agrave; des postes peu qualifi&eacute;s. C&rsquo;est par exemple le cas pour de nombreux postes dans les h&ocirc;tels caf&eacute; restaurants (HCR), dans la construction, etc. L&agrave;, c&rsquo;est un probl&egrave;me salarial mais aussi souvent de conditions de travail, et plus globalement d&rsquo;attractivit&eacute; des postes. Il revient alors aux partenaires sociaux de trouver les modalit&eacute;s d&rsquo;un rel&egrave;vement de l&rsquo;attractivit&eacute; de ces emplois. C&rsquo;est ce qui est en train de se faire actuellement dans divers activit&eacute;s, comme les HCR. L&rsquo;augmentation de l&rsquo;attractivit&eacute; n&rsquo;est pas qu&rsquo;un probl&egrave;me salarial, la globalit&eacute; des conditions de travail est aussi en jeu.
Dans quelle mesure mettons-nous, derri&egrave;re la notion d&rsquo;emplois non pourvus, des probl&eacute;matiques qui n&rsquo;ont pas grand-chose &agrave; voir les unes avec les autres&nbsp;? Et qui n&eacute;cessiterait des analyses fines&nbsp;?
Il faut bien s&ucirc;r des analyses fines, prenant en compte les sp&eacute;cificit&eacute;s de toutes les activit&eacute;s et la diversit&eacute; des difficult&eacute;s de recrutement. Comme je l&rsquo;ai dit, la DARES en a r&eacute;alis&eacute;. Je vais en publier prochainement une, r&eacute;alis&eacute;e avec des co-auteurs. Et d&rsquo;autres analyses sont disponibles.
Quelle part repr&eacute;sentent ces emplois non pourvus dans le ch&ocirc;mage en France&nbsp;?
Il ne faut pas penser que le probl&egrave;me du ch&ocirc;mage de masse en France &agrave; une solution unique, et que ce ch&ocirc;mage de masse serait substantiellement abaiss&eacute; par la seule disparition des offres d&rsquo;emplois non satisfaites. Il existe une constellation de raisons, certaines &eacute;tant institutionnelles comme des incitations parfois insuffisantes &agrave; l&rsquo;emploi. Derri&egrave;re la r&eacute;forme de l&rsquo;indemnisation du ch&ocirc;mage actuellement envisag&eacute;e, il y a bien l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;il faut rendre parfois les recherches d&rsquo;emplois plus actives. Dans ce cas tr&egrave;s sp&eacute;cifique, cela se traduit par une r&eacute;duction de la dur&eacute;e de l&rsquo;indemnisation en p&eacute;riode de conjoncture favorable sur le march&eacute; du travail, et au contraire par un allongement quand&nbsp;cette&nbsp;conjoncture se d&eacute;grade. C&rsquo;est une piste parmi d&rsquo;autres. A c&ocirc;t&eacute; de telles mesures g&eacute;n&eacute;rales, une plus grande efficacit&eacute; de l&rsquo;intervention de P&ocirc;le emploi, qui est individualis&eacute;e aupr&egrave;s de chaque ch&ocirc;meur, doit aussi &ecirc;tre recherch&eacute;e. Il y a l&agrave; des moyens consid&eacute;rables, qui ne sont peut-&ecirc;tre pas encore mobilis&eacute;s au maximum de leurs potentialit&eacute;s. Rappelons que les effectifs de P&ocirc;le emploi s&rsquo;&eacute;l&egrave;vent &agrave; environ 55&nbsp;000 agents &hellip;
Le plein emploi est-il un objectif atteignable&nbsp;en France ?
Les perspectives &eacute;conomiques sont actuellement tr&egrave;s incertaines, et en grande partie command&eacute;es actuellement par la guerre en cours en Ukraine et par les prix de l&rsquo;&eacute;nergie. Cette incertitude atteint des niveaux rarement sinon jamais rencontr&eacute;s sur les derni&egrave;res d&eacute;cennies. Mais il n&rsquo;y a aucune fatalit&eacute; &agrave; ce que la France demeure l&rsquo;un des rares pays avanc&eacute;s dans lesquels le ch&ocirc;mage est encore massif, et au-del&agrave; l&rsquo;un des pays dans lesquels le taux d&rsquo;emploi est faible compar&eacute; &agrave; celui d&rsquo;autres pays. La grande majorit&eacute; des pays avanc&eacute;s est au plein emploi depuis d&eacute;j&agrave; de nombreuses ann&eacute;es, et b&eacute;n&eacute;ficie de taux d&rsquo;emploi nettement plus &eacute;lev&eacute;s. La situation fran&ccedil;aise traduit des dysfonctionnements auxquels il faut r&eacute;solument s&rsquo;attaquer, via des r&eacute;formes dont certaines sont parfois critiqu&eacute;es &agrave; tort. L&rsquo;augmentation des taux d&rsquo;emploi est une source d&rsquo;augmentation du pouvoir d&rsquo;achat. En cette p&eacute;riode de gains de productivit&eacute; trop faibles pour financer ces gains de pouvoir d&rsquo;achat, l&rsquo;objectif d&rsquo;un rel&egrave;vement des taux d&rsquo;emploi est essentiel. Les objectifs du plein emploi et de taux d&rsquo;emploi nettement plus &eacute;lev&eacute;s sont ambitieux, pas &eacute;vident &agrave; atteindre, mais ils sont r&eacute;alisables. Il nous faut cette ambition.

Réforme de l'assurance chômage

Mais qui a raison sur le nombre d’emplois non pourvus en France ? Insee gauche droite statistiques données chiffres bilan députés assemblée nationale assurance chômage chômeurs marché du travail nupes renaissance Gilbert Cette

Faire partir vers 65 ans et plus, ou &agrave; 60 ans ? A moins que ce ne soit une autre voie qu&rsquo;il faille emprunter, pour se sortir de celle o&ugrave; l&rsquo;on s&rsquo;enferre : former plus et tout le temps ? Les politiques s&rsquo;opposent tous les jours sur l&rsquo;&acirc;ge de d&eacute;part en retraite, &agrave; moins qu&rsquo;ils ne sachent plus quoi faire sans perdre la face. Pendant ce temps, l&rsquo;&eacute;conomie fran&ccedil;aise glisse vers la r&eacute;cession, entre ch&ocirc;mage, inflation et creusement du d&eacute;ficit budg&eacute;taire, plus guerre en Ukraine. Sans oublier les harc&egrave;lements sexuels.
Le retour &agrave; l&rsquo;&eacute;quilibre des syst&egrave;mes de retraite est devenu pr&eacute;texte &agrave; un combat sans chiffres, sans donn&eacute;es ni projections, sans d&eacute;bats, sans recherche de compromis, et surtout sans exploration d&rsquo;autres voies pour avoir plus de croissance, dans ce monde qui change et devient plus dangereux. Depuis 1990, nous tentons, par touches dramatis&eacute;es, de revoir un syst&egrave;me de retraite &eacute;branl&eacute; par la d&eacute;cision du d&eacute;part &agrave; 60 ans de 1981. Depuis, nous faisons face &agrave; un drame, avec les risques pris dans ce temps perdu, alors que les technologies frappent d&rsquo;obsolescence nos savoirs, au moment o&ugrave; nous vivons plus vieux. N&rsquo;y a-t-il pas &agrave; changer de terrain de bataille, pour aller l&agrave; o&ugrave; elle se joue vraiment ?
Aujourd&rsquo;hui, dernier avatar de cette guerre picrocholine, il s&rsquo;agit de savoir si nous allons, ou non, vers une dissolution de la Chambre si &laquo; la loi ne passe pas &raquo;&hellip; dans les trois ou six mois qui viennent ! Avec la Chambre qui pourrait en sortir, certains &eacute;lus r&ecirc;vent d&rsquo;un &laquo; quatri&egrave;me tour &raquo; qui pourrait mettre en jeu le mandat du Pr&eacute;sident Macron. Certes peu en parlent, car &laquo; c&rsquo;est trop t&ocirc;t &raquo; pour ceux qui ne pensent qu&rsquo;&agrave; 2027. Ceci explique pourquoi personne n&rsquo;ose dire que cette polarisation sur l&rsquo;&acirc;ge de la retraite, est un combat de coqs et non de projets. Age de la retraite revu ou non, il nous fait oublier l&rsquo;essentiel, et l&rsquo;in&eacute;vitable : l&rsquo;obligation d&rsquo;augmenter le capital humain, quand il est plus menac&eacute; que jamais par la r&eacute;volution technologique en cours. Autrement, rien ne pourra marcher.
Retraites : un rapport inqui&eacute;tant publi&eacute; en septembre 2022, qui n&rsquo;est pas lu
Le dernier rapport du Conseil d&rsquo;Orientation des Retraites, pourtant plus inqui&eacute;tant que les &laquo; doux &raquo; pr&eacute;c&eacute;dents, n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; lu. Il indique quand m&ecirc;me que les exc&eacute;dents de 2021 et 2022 seraient suivis de 25 ann&eacute;es de d&eacute;ficits, quels que soient les sc&eacute;narios retenus. Pour la suite, tout d&eacute;pendrait de nouveaux sc&eacute;narios et du mode de renflouement, par l&rsquo;&Eacute;tat, des syst&egrave;mes publics et parapublics, structurellement d&eacute;ficitaires. Pour autant, m&ecirc;me avec ces hypoth&egrave;ses grises, le rapport du COR note na&iuml;vement que &laquo; cette &eacute;volution d&eacute;mographique d&eacute;favorable (le vieillissement de la population) est contrebalanc&eacute;e&hellip; par le recul de l&rsquo;&acirc;ge de d&eacute;part &agrave; la retraite qui passerait de 62 ans &agrave; 64 ans&hellip; et par la moindre augmentation du niveau de vie des retrait&eacute;s relativement aux actifs. &raquo; Scandale : annoncer la paup&eacute;risation relative des a&icirc;n&eacute;s pour s&rsquo;en sortir !
C&rsquo;est l&agrave; le premier secret, sans &ecirc;tre le seul : &laquo; du fait de l&rsquo;indexation du syst&egrave;me de retraite sur les prix, la pension moyenne continuerait de cro&icirc;tre&hellip; moins vite que les revenus d&rsquo;activit&eacute; moyens... Le niveau de vie des retrait&eacute;s rapport&eacute; &agrave; celui de l&rsquo;ensemble de la population serait ainsi compris, en 2070, entre 75,5 % et 87,2 % contre 101,5 % en 2019 &raquo;. Peut-on imaginer que les syndicats ne vont pas r&eacute;agir ?
Le deuxi&egrave;me secret est celui des subventions aux caisses de fonctionnaires, qui compensent certes des revenus de travail plus faibles par des taux de remplacement sup&eacute;rieurs, mais sans tenir compte en plus d&rsquo;une esp&eacute;rance de vie sup&eacute;rieure. La puissance publique, qui va embaucher 10 000 fonctionnaires l&rsquo;an prochain, va-t-elle pouvoir maintenir ce taux de subventions ?
Le troisi&egrave;me secret, plus important encore, est celui de la croissance &agrave; terme de la productivit&eacute;, dont le dernier rapport marque quand m&ecirc;me un ralentissement, avec des progressions pr&eacute;vues allant de +0,7% &agrave; +1,6%, contre la fourchette pr&eacute;c&eacute;dente qui allait de +1,0% &agrave; +1,8%. Il a fallu se rendre &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence : ce ralentissement est tr&egrave;s r&eacute;pandu dans l&rsquo;OCDE et dans tous les pays suivis par le COR. Il y a des limites &agrave; l&rsquo;irr&eacute;alisme d&rsquo;une productivit&eacute; esp&eacute;r&eacute;e plus haute que plausible, et qui permettrait de ne rien changer. En rabotant cette donn&eacute;e fondamentale, l&rsquo;efficacit&eacute; du travail, le COR nous &eacute;loigne de sc&eacute;narios trop roses. C&rsquo;est plus s&eacute;rieux pour discuter si on le veut, mais pas encore assez.
Vient alors un autre rapport, plus inqui&eacute;tant et moins lu encore
Le Comit&eacute; de Suivi des Retraites (CSR) est une instance moins politique que le COR, plus technique et qui ne cherche pas &agrave; noyer le poisson avec des hypoth&egrave;ses irr&eacute;alistes. Il aborde ainsi nettement la question de l&rsquo;&acirc;ge minimal et de la dur&eacute;e de cotisation requise pour obtenir le taux plein et &eacute;quilibrer le syst&egrave;me. Il ajoute alors, heureusement, &laquo; le renforcement de la formation professionnelle &raquo;, obligatoire notamment avec les r&eacute;allocations de main-d&rsquo;&oelig;uvre li&eacute;es &agrave; la transition &eacute;nerg&eacute;tique, en prenant bien s&ucirc;r en compte les cas de p&eacute;nibilit&eacute; (en donnant le chiffre : 670 000 cas en 2019). En sens inverse, il mentionne l&rsquo;allongement de l&rsquo;esp&eacute;rance de vie, &laquo; pouvant prendre la forme d&rsquo;une clause de revoyure en cas d&rsquo;&eacute;volution tr&egrave;s en de&ccedil;&agrave; des hypoth&egrave;ses actuelles &raquo;. Quel courage ! De fait, partir plus tard en retraite, constamment form&eacute;, en liaison avec une vie plus longue en bonne sant&eacute;, c&rsquo;est la vraie logique de la r&eacute;partition. Mais ce n&rsquo;est jamais dit !
Heureusement vient enfin un autre rapport, qui met le cap sur le capital humain et la productivit&eacute;, pour nous sortir du gu&ecirc;pier
Publi&eacute; aussi en septembre, un mois d&eacute;cid&eacute;ment f&eacute;cond, &eacute;crit par Maria Guadalupe, Xavier Jaravel, Thomas Philippon et David Sraer, la note 75 du CAE (Conseil d&rsquo;analyse &eacute;conomique) ouvre une autre voie. Courageusement, elle part du pire de ce qui nous arrive et qui n&rsquo;est jamais directement abord&eacute; : le ralentissement de la productivit&eacute; en France, son d&eacute;crochage par rapport &agrave; l&rsquo;Allemagne et aux Etats-Unis. C&rsquo;est la source majeure de nos probl&egrave;mes de croissance, d&rsquo;emploi, de d&eacute;ficit, donc&hellip; de d&eacute;s&eacute;quilibres des syst&egrave;mes de retraite. Il s&rsquo;agit de voir comment faire remonter cette productivit&eacute;, avec 140 milliards d&rsquo;euros &agrave; la clef, autrement rien ne sera possible. Mieux former, avec plus de comp&eacute;tences math&eacute;matiques et socio-comportementales, savoir et savoir &ecirc;tre, avec une revalorisation des carri&egrave;res de sciences et d&rsquo;innovation, avec des stages et des subventions aux TPE et PME : voil&agrave; un programme de quinze ans pour combler le retard !
L&rsquo;avantage de cette approche est de sortir des fracas sur l&rsquo;&acirc;ge du d&eacute;part en retraite, en pr&eacute;sentant l&rsquo;autre face : le travail des s&eacute;niors. Pendant des ann&eacute;es en effet, le r&eacute;duire a &eacute;t&eacute; utilis&eacute; pour lutter contre le ch&ocirc;mage, ce qui arrangeait et arrange encore tout le monde : syndicats qui peuvent brandir une victoire, patrons soulag&eacute;s des co&ucirc;ts de formation des s&eacute;niors et de la gestion de&nbsp; carri&egrave;res longues, politiques qui voient baisser le taux de ch&ocirc;mage. Bien s&ucirc;r, ceux qui voulaient travailler plus longtemps pouvaient se plaindre : on leur disait de monter leur entreprise, et les jeunes pouvaient se soucier de cette dette sociale qui s&rsquo;ajoute aux autres (dette budg&eacute;taire, dette &eacute;cologique) : on leur dit que c&rsquo;est pour plus tard. En fait, rien n&rsquo;a chang&eacute; depuis des ann&eacute;es. &laquo; C&rsquo;est notre impossible pari, c&rsquo;est notre mensonge &agrave; la jeunesse, c&rsquo;est le point cach&eacute; de notre consensus social &raquo;, pour citer Antoine d&rsquo;Autume, Jean-Paul Betbeze et Jean-Olivier Hairault, dans un autre rapport : Le travail des s&eacute;niors, &eacute;crit pour le CAE en&hellip; 2005 !
Le ch&ocirc;mage des s&eacute;niors, av&eacute;r&eacute; depuis longtemps et rendu plus mena&ccedil;ant par la r&eacute;volution technologique en cours, les tensions politiques et l&rsquo;allongement de la dur&eacute;e de vie, est devenu aujourd&rsquo;hui &laquo; le tabou des 65 ans &raquo; ! Le voil&agrave; aujourd&rsquo;hui pi&egrave;ge politique pour Emmanuel Macron, ce que ses opposants ont bien compris, avant de devenir un terrible pi&egrave;ge budg&eacute;taire et financier&hellip; pour tous. Mieux vaut en sortir au plus t&ocirc;t, car y tomber avec lui ne r&eacute;soudra rien pour nous, comme dans tout combat de coqs !
Jean-Paul Betbeze

Réformes 

Age de la retraite contre menace de la dissolution : ce combat de coqs qui oublie le capital humain gouvernement consultations syndicats députés renaissance assemblée nationale Emmanuel Macron Elisabeth Borne économie Jean-Paul Betbeze

Atlantico : Quelle est la situation actuelle des PME ?
Fran&ccedil;ois Asselin : Pour l&rsquo;instant, les pme gardent le cap, il y a toujours de l&rsquo;activit&eacute;. On commence quand m&ecirc;me &agrave; remarquer un certain effritement des carnets de commande. Les carnets de commandes &eacute;taient &agrave; un niveau tr&egrave;s haut et le renouvellement se fait de mani&egrave;re moins dynamique qu&rsquo;il y &agrave; 6 mois. On sent poindre un ralentissement d&rsquo;activit&eacute;.&nbsp;
Par ailleurs, l&rsquo;impact de l&rsquo;inflation est d&eacute;sormais bien pr&eacute;sent dans les comptes des entreprises et les pme ont beaucoup de mal &agrave; r&eacute;percuter l&rsquo;int&eacute;gralit&eacute; de l&rsquo;inflation sur le prix de vente. Cela signifie que les entreprises voient leurs marges se rogner au fil des mois. M&ecirc;me celles qui avaient des tr&eacute;soreries solides les voient elles aussi grignot&eacute;es. Cependant, il n&rsquo;y a pas du tout de panique puisque l&rsquo;activit&eacute; reste encore bonne mais on voit tr&egrave;s bien que l&rsquo;&eacute;quation est en train de se resserrer.&nbsp;
&Eacute;videmment, il y a un sujet central qui est le co&ucirc;t de l&rsquo;&eacute;nergie. Si jamais on n&rsquo;arrive pas &agrave; trouver un moyen pour amortir l&rsquo;inflation li&eacute;e &agrave; ce co&ucirc;t de l&rsquo;&eacute;nergie il peut y avoir un d&eacute;crochage imm&eacute;diat. C&rsquo;est pour &ccedil;a que nous avons dit qu&rsquo;il y avait peut-&ecirc;tre un risque syst&eacute;mique sur les entreprises de notre pays si jamais nous n&rsquo;arrivions pas &agrave; r&eacute;guler les prix. C&rsquo;est la priorit&eacute; et on constate que Bruno le Maire s&rsquo;est saisi du sujet.&nbsp;
Pour le reste, il y a toujours une volont&eacute; de recruter et il y a toujours ces m&ecirc;mes probl&egrave;mes : on a du mal &agrave; trouver les comp&eacute;tences dont on a besoin. On voit toutefois remonter le nombre de CV dans les entreprises.&nbsp;
Arrivons-nous &agrave; estimer les baisses d&rsquo;activit&eacute;s li&eacute;es aux co&ucirc;ts de l&rsquo;&eacute;nergie ?&nbsp;
Pour l&rsquo;instant c&rsquo;est difficilement mesurable. Ce qui est s&ucirc;r c&rsquo;est que les grandes entreprises qui ont des sites de production un peu partout sur la plan&egrave;te sont en train de r&eacute;orienter leur production dans des pays o&ugrave; l'&eacute;nergie est moins co&ucirc;teuse qu&rsquo;en France. Quand on sait que l&rsquo;objectif est de r&eacute;industrialiser la France, l&agrave; il se passe le ph&eacute;nom&egrave;ne inverse au niveau des grandes entreprises. Si votre fournisseur fran&ccedil;ais devient tr&egrave;s cher et que vous pouvez retrouver les m&ecirc;mes produits / prestations moins cher &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur c&rsquo;est une cons&eacute;quence logique.&nbsp;
Donc tout cela fait que l&rsquo;urgence actuelle c&rsquo;est effectivement d&rsquo;arriver &agrave; juguler les prix de l&rsquo;&eacute;nergie. Nous r&eacute;clamons un bouclier tarifaire au niveau europ&eacute;en. Si nous n&rsquo;y arrivons pas, quand on voit que les Allemands mettent sur pied un plan &agrave; 200 milliards on peut craindre que la situation soit catastrophique pour notre &eacute;conomie.&nbsp;
Quelle est l&rsquo;ampleur du risque syst&eacute;mique ?&nbsp;
On a estim&eacute; qu&rsquo;environ 150&nbsp;000 entreprises sont particuli&egrave;rement expos&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;volution du co&ucirc;t de l&rsquo;&eacute;nergie. Potentiellement vous pouvez avoir des pans entiers de l&rsquo;&eacute;conomie qui s&rsquo;arr&ecirc;tent. Vous pouvez avoir des industries agro-alimentaires qui s&rsquo;arr&ecirc;tent de produire parce que plus on produit plus on g&eacute;n&egrave;re de pertes.&nbsp; Aucune entreprise ne peut &eacute;chapper &agrave; ce principe de r&eacute;alit&eacute;. Tout le monde en est conscient m&ecirc;me si &ccedil;a n&rsquo;a pas toujours &eacute;t&eacute; le cas et il faut trouver des solutions pour rassurer au niveau europ&eacute;en et franco-fran&ccedil;ais.
Tous les secteurs sont-ils menac&eacute;s&nbsp;?
Certains secteurs sont moins menac&eacute;s que d&rsquo;autres. Mais &agrave; partir du moment o&ugrave; la facture &eacute;nerg&eacute;tique peut &ecirc;tre multipli&eacute;e par 5, 10 ou plus, cela peut concerner tous les secteurs. Et ce qu&rsquo;on constate c&rsquo;est que tous les secteurs et toutes les tailles d&rsquo;entreprises sont concern&eacute;es. Le tertiaire est peut-&ecirc;tre un peu moins expos&eacute;.&nbsp;
Est-ce que le gouvernement a suffisamment pris la mesure du probl&egrave;me ? Et fait suffisamment ce qu&rsquo;il faut ?&nbsp;
L&rsquo;explosion des prix de l&rsquo;&eacute;nergie est r&eacute;v&eacute;latrice de deux choses : une strat&eacute;gie &eacute;nerg&eacute;tique prise il y a dix ans proprement catastrophique et un budget de l&rsquo;Etat qui n&rsquo;a jamais su &ecirc;tre &agrave; l&rsquo;&eacute;quilibre, ce qui nous fragilise.&nbsp; Les Allemands l&rsquo;ont bien compris. C&rsquo;est pour cette raison qu&rsquo;ils peuvent investir autant. Evidemment, c&rsquo;est tr&egrave;s &eacute;go&iuml;ste, puisque cela d&eacute;savantage tous les autres pays. Et si chacun jouait sa partition, ce serait de la concurrence d&eacute;loyale. Mais malgr&eacute; tout, cela doit nous renvoyer &agrave; nos propres responsabilit&eacute;s.&nbsp;
Le choix tr&egrave;s clairement assum&eacute; a &eacute;t&eacute; de prot&eacute;ger le pouvoir d&rsquo;achat des Fran&ccedil;ais, donc le plus grand nombre, mais un pays c&rsquo;est un tout : ce sont notamment des consommateurs qui peuvent consommer parce qu&rsquo;ils ont un travail. Et si les entreprises sont victimes de la crise &eacute;nerg&eacute;tique et doivent fermer, ces consommateurs seront sans salaires. On peut comprendre qu&rsquo;il faille prot&eacute;ger le pouvoir d&rsquo;achat des Fran&ccedil;ais, mais l&rsquo;outil de production est essentiel &agrave; la survie du pays. L&rsquo;ex&eacute;cutif en a conscience, mais parfois entre la grande entreprise &ndash; qui a des solutions pour traverser les crises &ndash; et la PME qui n&rsquo;a pas le pouvoir de n&eacute;gocier avec son &eacute;nerg&eacute;ticien, la r&eacute;alit&eacute; n&rsquo;est pas la m&ecirc;me. Et cette diff&eacute;rence, l&rsquo;ex&eacute;cutif a parfois un peu de mal &agrave; l&rsquo;appr&eacute;hender et sous-estime parfois un peu le risque.
 La situation va-t-elle donc &ecirc;tre plus dure pour les PME ?&nbsp;
Bien s&ucirc;r. C&rsquo;est toujours le cas. Dans les moments compliqu&eacute;s, les entreprises qui ont le&nbsp;pricing power sont les gagnantes des crises. Et les PME n&rsquo;ont pas ce pouvoir.&nbsp;
Que pouvons-nous faire pour aider les entreprises ?&nbsp;
Il y a d&rsquo;abord ce qu&rsquo;on peut faire tout de suite&nbsp;: discuter, n&eacute;gocier au niveau europ&eacute;en pour trouver un accord entre nous et arriver &agrave; plafonner les prix en Europe. Au niveau fran&ccedil;ais, il faut adapter les mesures de soutien aux entreprises pour &eacute;viter ce risque syst&eacute;mique, tout en ayant conscience de la contrainte budg&eacute;taire. Cela veut dire mieux cibler les aides vers les entreprises particuli&egrave;rement &agrave; risque.
Sur le moyen et long terme, il nous faut revoir compl&egrave;tement notre logiciel afin de refonder notre souverainet&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique et engager les r&eacute;formes structurelles dont notre pays a cruellement besoin. A force de vouloir &eacute;viter les vagues nous faisons face &agrave; un tsunami de probl&egrave;me.&nbsp;
Craignez-vous la situation du pire&nbsp;?
Non. Je pense que nous arriverons &agrave; atterrir. Mais quand bien-m&ecirc;me nous y arriverions, il ne faudra pas oublier ce qui est en train de se passer et en tirer les le&ccedil;ons. Il va falloir prendre des mesures &eacute;nergiques.&nbsp;
Comment se portent les chefs d&rsquo;entreprise&nbsp;?
Ils ont l&rsquo;habitude des difficult&eacute;s. Ils savent regarder avec courage et s&eacute;r&eacute;nit&eacute; ces derni&egrave;res et arrivent souvent &agrave; les franchir. Mais ce n&rsquo;est pas pour autant qu&rsquo;ils aiment les subir. Et beaucoup d&rsquo;entre nous subissons des contraintes dont nous ne sommes pas responsables.

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