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La fin du salariat : et si l'avenir du marché de l'emploi était dans le travail indépendant ?
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Le buzz du biz

Le monde du travail change et grâce à Internet notamment, l’esprit d’entrepreneuriat se diffuse. Ainsi, en France, Manuel Valls vient de conforter la réussite du régime des auto-entrepreneurs. Un tel succès pour ces "indépendants" de toutes sortes qu'il suscite de nouvelles opportunités.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Le monde du travail change et grâce à Internet notamment, l’esprit d’entrepreneuriat se diffuse. C’est une effervescence continue qui anime l’économie et bouleverse les relations professionnelles, permettant une indépendance toujours plus grande des salariés et également une division mondiale du travail toujours plus accentuée.

Dans la répartition internationale du travail, cette dynamique induit une spécialisation des pays développés sur les emplois les plus qualifiés et les plus innovants, mais aussi une délégation (voire une robotisation) des fonctions les plus répétitives (y compris dans les professions réputées "intellectuelles" comme les avocats). Dans son dernier livre (The New Geography of Jobs), l’économiste Enrico Moretti montre que ces emplois génèrent une forte demande de services, qualifiés ou non (femmes de ménages, conseils juridiques, etc. : à Londres par exemple), et suscitent donc une dynamique favorable à l’activité locale, non délocalisable.

Au niveau individuel, la dynamique nouvelle de l’organisation de l’activité conduit à une indépendance plus grande des salariés, comme l’explique Dennis Pennel dans Travailler pour soi. Aux Etats-Unis, on estime qu’il y aurait près de 42 millions de personnes à leur compte, qui interviennent pour des missions ponctuelles (des « freelancers »). En France, la réussite du régime des auto-entrepreneurs ne se dément pas : il vient d’être conforté par Manuel Valls.

Le succès de ces "indépendants" de toutes sortes suscite, en lui-même, de nouvelles opportunités. Outre-Atlantique, Avbl se présente comme le « AirBnB des talents » : designer, créateur, ou couturière… le site vous propose les freelances près de vous, disponibles pour une mission. Son fondateur, Ryan Hooks explique que puisque "la technologie nous libère, nous devenons moins nécessaires pour les fonctions routinières" et donc plus disponibles pour des activités nouvelles, indépendantes et ponctuelles avec des partenaires sans cesse différents.
Tout cela suppose de penser différemment les relations de travail, la réglementation et la fiscalité. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la France est mal partie.

Selon les dernières statistiques publiées par l’Acoss, l’emploi à domicile a diminué fortement au dernier trimestre 2013 (-2,6%) : sur un an, la baisse est supérieure à 3%. Ces chiffres confirment ceux de l’été 2013. La raison est assez simple : depuis le 1er janvier 2013, la pression fiscale a très fortement augmenté pour ces activités.

De son côté, le régime des auto-entrepreneurs a traversé de brutales turbulences avec le précédent Gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Il a fallu l’obstination et la mobilisation d’acteurs convaincus, comme Aurélien Sallé (qui continue d’ailleurs à promouvoir l’amélioration du dispositif), pour sauver les meubles et le dispositif.

Freelance et emplois à domicile sont les témoins d’une nouvelle organisation du travail et, partant, de la société. Ils sont, les uns et les autres, des opportunités d’activités nouvelles pour les plus et les moins qualifiés. Pour pouvoir se développer, ils ont besoin d’une certaine stabilité mais surtout de dispositifs incitatifs, simples et clairs. Dans la société contemporaine, où l’économie bouillonne de tous côtés, la simplicité devrait être la règle. Si l’on veut qu’ils puissent être un relais de croissance et qu’un Avbl français émerge demain, il faut les libérer !

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