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La face sombre du “sharenting” : pourquoi vous devriez arreter de poster des photos de vos enfants sur les réseaux sociaux
©Reuters

Surexposition

Partager une photo de son enfant sur les réseaux sociaux peut avoir des conséquences plus importantes qu'on ne le pense, avec un risque, à terme, que celui-ci s'identifie plus au travers du regard des autres que du sein.

Florence  Millot

Florence Millot

Psychologue pour enfants.

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Atlantico : Le "sharenting" est devenue une pratique de plus en plus populaire en Angleterre, et sur les réseaux sociaux en général. Celle-ci consiste à publier plus ou moins massivement du contenu familial sur facebook, instagram ou twitter, et notamment des photos de ses enfants. Quelles sont les conséquences psychologiques de ces publications de photo sur les enfants ?

Florence Millot : Le risque est que, lorsqu’un enfant comprend que pour être aimé par ses parents ou être aimé de l’extérieur il faut savoir faire quelque chose qui correspondent à une attente extérieur - à savoir être beau, fort, drôle et les mettre sur les réseaux sociaux, une fois adulte, celui-ci, pris dans ce piège affectif, continue de toujours rentrer dans ce mécanisme pour pouvoir plaire. C’est-à-dire que ce temps normalement destiné à apprendre à s’aimer soi-même, à se construire en fonction de ses propres valeurs et désirs, a été mis en suspend pour toujours plaire à l’autre.

Quelle est la pression exercée par de telles publications sur ces enfants, pour apparaître comme "les plus beaux" ou ceux ayant "la meilleure vie" ?

La difficulté qu’il peut y avoir, c’est que l’enfant reste bloqué et cherche toujours à être aimé de l’extérieur de lui-même, en faisant toujours plus, quitte à faire des choses qui ne lui correspondent pas car personne n’a pris de temps pour lui apprendre. Pour reconnaître un besoin chez soi, que ce soit affectif, de temps, de sécurité, il faut être capable de le nommer et savoir ce qu’il se passe au fond de soi. Et parfois, quand on est enfant et que personne n’a répondu à ces besoins, on se retrouve avec des adultes qui ne savent nommer leurs besoins et qui essaient tout et n’importe quoi. Ça peut être Facebook, des comportements addictifs etc, qui sont des stimulations pour aller bien.

Comment peut on anticiper les effets de long termes de telles pratiques sur ces enfants, une fois devenus adultes ? Quels en sont les risques ?

C’est important, lorsqu’on est parents, d’expliquer à son enfants qui souhaitent être sur les réseaux sociaux que, quoi qu’il arrive, c’est un peu comme un jeu. Il peut avoir un plaisir énorme mais ce n’est pas la réalité. Le problème est que l’enfant s’identifie à une photo, à cette autre monde. Et la difficulté c’est que l’enfant, quand il le vit de l’intérieur, il sait que ce n’est pas forcément cette réalité-là qu’il va offrir à l’autre. Mais il va la donner quand même. Et c’est ça qui va parfois créer des ressentis anxiogènes car là où il y avait un rêve d’être une star, il peut y avoir  une prison de verre. C’est-à-dire un sentiment d’être emprisonné, et de ne pas pouvoir aller vers les autres. A force de toujours exposer des choses positives vers l’extérieur - un sourire, des beaux-voyages etc -, un enfant, comme un adulte, peut ne plus s’autoriser à dire qu’il se sent mal. Et malgré la beauté, l’argent, les voyages ou les chansons, ces personnes peuvent ne pas se sentir accomplie, sans comprendre pourquoi. Parce que le bonheur tant convoité n’est pas au rendez-vous. Le jeune adulte peut se rendre compte qu’il s’est trompé de chemin. Pour conclure, les enfants n’ont pas le même développement émotionnel que nous. Ils sont beaucoup plus fragiles. Si celui-ci a envie de partager sa vie sur les réseaux sociaux, il faut le faire mais en lui expliquant bien qu’il faut différencier ce qu’il se passe pour ne confondre, et que le bonheur peut résider dans des choses plus simples.

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