La face cachée de la Lune, le lieu d’observation idéal pour l’astronomie et la recherche de civilisations extraterrestres ?<!-- --> | Atlantico.fr
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lune face cachée télescope
lune face cachée télescope
©Juan BARRETO / AFP

Télescope SETI

Des scientifiques de l'université de Berkeley suggèrent d'établir un télescope SETI sur la face cachée de la Lune. Quelles pourraient être les avancées scientifiques suite à cette opération ?

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico.fr : Des scientifiques de l'université de Berkeley préconisent d'établir un télescope SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) sur la face cachée de la Lune, quel est l'intérêt d'une telle proposition à cet emplacement ?

Olivier Sanguy : L’intérêt est le même que pour l’astronomie et plus précisément la radioastronomie, à savoir se protéger de la pollution radio venue des activités humaines. Les radiotélescopes, qui en quelque sorte « écoutent » le cosmos (le Soleil par exemple émet dans le domaine radio et il en est de même pour les galaxies, etc.), sont de plus en plus gênés au sol par l’utilisation que nous faisons de différentes fréquences pour la téléphonie, la diffusion télé et les communications radio en général même s’il existe une coordination internationale pour l’allocation des fréquences. Du coup, placer un radiotélescope sur la face cachée de la Lune a été étudié depuis plusieurs décennies. Notre satellite naturel tourne sur lui-même en synchronisation avec sa révolution autour de notre planète et c’est pourquoi nous en voyons toujours la même face. Ce qu’on appelle la face cachée tourne donc toujours le dos à la Terre et on comprend qu’un radiotélescope à sa surface serait ainsi protégé des interférences radio artificielles venues de notre civilisation, la Lune faisant office de « bouclier ». Il y a aussi une variante qui consiste à placer un radiotélescope sur orbite autour de la Lune.

Qu'espère-t-on découvrir en agissant de la sorte ? Quelles avancées scientifiques cela peut-il amener ?

Pour l’initiative SETI, qui aujourd’hui est essentiellement financée sur fonds privés, l’intérêt est de tenter d’écouter des fréquences que d’autres civilisations utiliseraient pour leurs propres communications, et pas forcément un message qui nous serait destiné. L’idée est qu’avec notre développement technologique, notre planète est devenue un émetteur de signaux radio. Il en serait de même pour d’éventuelles civilisations extraterrestres et en le faisant depuis la face cachée, on se soustrait au « brouhaha » radio que nous générons. Pour l’astronomie, un observatoire ainsi protégé accéderait avec plus d’efficacité à une partie du spectre électromagnétique pollué par notre activité radio. Et on évite aussi le filtre très efficace que constitue notre atmosphère. Depuis la Lune, un radiotélescope pourrait ainsi observer dans les basses fréquences. Les domaines concernés sont à la fois le planétaire, l’étude du Soleil, les galaxies, la cosmologie, etc.

Dispose-t-on des moyens techniques et financiers pour permettre une telle opération ?

Techniquement, on a surtout une idée du défi technologique que cela représente. Et ce serait, il faut le reconnaître, un gigantesque défi. L’environnement lunaire est tout d’abord extrêmement agressif avec des écarts de température énormes entre la journée au Soleil (+120°C) et la nuit à l’ombre (-170°C aisément) qui mettent à rude épreuve les matériaux et les électroniques. Sans oublier que c’est 14 jours terrestres au Soleil suivis de 14 jours de nuit glaciale. La robotique serait très probablement mise en œuvre à la fois pour construire un tel radiotélescope et assurer son fonctionnement. Peut-être avec une intervention ponctuelle de missions habitées à certains stades de l’assemblage. On fait ainsi face à un projet qui nécessitera une coopération internationale afin de partager le coût financier (qui sera cependant un investissement scientifique porteur de découvertes futures) et fédérer les compétences techniques de différents partenaires. Une solution intermédiaire et plus accessible serait un observatoire sur orbite autour de la Lune, sorte de satellite dédié à la radioastronomie qui tournerait donc autour de notre satellite naturel au lieu de tourner autour de la Terre. Cette solution fait appel à des technologies en grande partie connues et cela permettrait d’évaluer l’apport du « bouclier Lune », même si ce sera seulement pendant une partie de l’orbite.

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