La dette publique n’a rien de grave… c’est la dépense publique et sociale qui est gravissime<!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno Le Maire est resté à Bercy à son poste de ministre parce qu'il a fait le job, estime Jean-Marc Sylvestre.
Bruno Le Maire est resté à Bercy à son poste de ministre parce qu'il a fait le job, estime Jean-Marc Sylvestre.
©LOIC VENANCE / AFP

Atlantico Business

Avec plus de 3000 milliards d'euros, l'endettement public de la France peut nous mener à la catastrophe... Sauf que la dette publique n’a rien de dangereux, c’est la dépense publique et sociale qui est devenue incontrôlable.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Soyons clairs : la dette publique n'est pas un problème mais une opportunité de s'attaquer aux vrais dysfonctionnements ;à savoir, la dérive incontrôlée de la dépense publique. Et cet exercice va bien au-delà de la seule responsabilité du ministre de l'économie Bruno Le Maire sur lequel tout le monde tombe à bras raccourcis, mais concerne l'ensemble de la gouvernance, exécutif et législatif, administration et même l'immense majorité de l'opinion publique.

Soyons clairs, nets et précis, tout le monde s'étonne que le ministre de l'Economie soit resté à son poste, à tel point d'ailleurs qu'il va battre le record de longévité aux commandes des finances de l'État... Mais Bruno Le Maire est resté à son poste parce qu'il a fait le job. Alors on lui reproche d'avoir tiré les chèques pendant le Covid, on lui reproche d'avoir mal réparti les baisses d'impôts, et on lui reproche d'avoir laissé filer la dette publique... Mais soyons sérieux dans le contexte actuel, avec la pseudo-majorité politique, il a fait le job.

D’abord , il a certes géré le « quoi qu'il en coûte » mais il n'y avait pas d'autres solutions pour sauver le système économique et social du pays. La vraie difficulté a été de trouver l'argent pour le financer. Il a fallu lever entre 200 et 300 milliards d'euros par an. Parce que l'argent magique ne tombe pas du ciel, il provient des comptes épargne, donc des épargnants français et étrangers. Un pays comme une entreprise peut emprunter de l'argent à condition d'offrir aux épargnants une garantie de rémunération et de remboursement. Et la France, malgré ses 3000 milliards de dettes, n'a jamais eu de problèmes particuliers pour lever de l'argent. Le pays est donc crédible parce que les marchés savent qu'il est solvable, le consentement à l'impôt existe, les réserves d'épargnes sont gigantesques et les programmes de réformes ou les engagements ont toujours paru crédibles. Le problème, c'est que cette dette ne comporte pas de mécanisme d'amortissement évident. C'est une dette qui ne sert qu'à financer des dépenses de fonctionnement et notamment des dépenses sociales, et qu'au bout du compte, les crises succèdent aux crises et du coup, le système ne dégage pas de marges pour enrayer le processus d'endettement.

Alors à qui la faute ? À l'ensemble de la gouvernance, mais aussi à la société qui s'est installée dans une logique d'assistance avec un État et une administration qui s'y complaisent. Et c'est cet équilibre qui n'est pas viable parce qu'il n'y a pas de force de rappel pour réduire le besoin de financement. Faute d'une croissance extrêmement forte, il faudrait nécessairement réduire le volume des dépenses sociales et publiques. Mais dans ce cas-là, il faudrait une restructuration de l'État profond et de son administration qui devrait passer par une réduction du périmètre de l'action publique et sociale et un changement total du management public.

Mais ce chantier-là est impossible à ouvrir et à mettre en œuvre parce que la gouvernance n'a pas de majorité politique, mais surtout parce que la société française n'est pas prête à un tel changement. Donc à terme, cet endettement va, comme en Grèce il y a dix ans, nous conduire à des défauts de paiement et sans doute des difficultés de financement, et dans ce sens, les marchands de mauvaises nouvelles et les marchands de la peur ont raison d'alerter le chaland.

Mais a contrario, les difficultés probables sont telles qu'elles peuvent provoquer un sursaut de lucidité. D'où l'idée que cet endettement monstrueux pourrait contribuer à nous convaincre qu'il faudrait nécessairement tailler dans les dépenses publiques. Tous les pays en difficultés sont passés par là où la Grèce est passée.

D'où l'idée que la dette ne sera pas un problème mais plutôt une opportunité à reformer le portefeuille de dépenses. La crise de la dette peut nous rendre intelligent. Qui sait ?

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