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La crise identitaire de l'Islam, une "crise d’identité et de l’immigration culturelle"
©RICHARD BOUHET / AFP

Bonnes feuilles

Jean-Frédéric Poisson vient de publier "L'Islam à la conquête de l'Occident : la stratégie dévoilée", aux éditions du Rocher. Il aborde dans cet ouvrage le document stratégique adopté par de nombreux Etats musulmans, à l'automne 2000. Il est le premier responsable politique français à le commenter pour le faire connaître à l'opinion publique. Extrait 2/2

Jean-Frédéric Poisson

Jean-Frédéric Poisson

Jean-Frédéric Poisson est député des Yvelines et président du Parti Chrétien-Démocrate.

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La crise de l’Islam est aussi une crise identitaire, une « crise d’identité et de l’immigration culturelle » (p. 87). C’est du reste la brutalité de cette crise qui justifie pour une grande part l’élaboration de la Stratégie. Cette identité est « en perdition et inquiète » (p. 40). Avant tout parce que l’islam en tant que religion n’est plus ou pas enseigné correctement aux communautés musulmanes occidentales.

Le premier responsable est le choc des cultures entre le monde islamique et le monde occidental. La collision de ce monde avec la culture islamique – ou du moins le peu de culture islamique portée par les musulmans occidentaux, particulièrement les jeunes – produit des drames sociaux durement ressentis par les musulmans. Les études montrent que « les enfants des immigrés vivent une situation dramatique due particulièrement à l’immigration culturelle, à la perte de l’identité islamique avec son train de conséquences, comme la perte de confiance en soi, l’isolement, le retard dans les études, la mauvaise adaptation à l’environnement extérieur » (p. 87). Qui est responsable de cet état de fait? « Les systèmes éducatifs occidentaux qui refusent de s’ouvrir aux cultures des autres, la société qui rejette tous ceux qui ne s’assimilent pas dans les valeurs et la culture occidentale, sont responsables du drame de ces enfants » (p. 87). De ce fait, les musulmans, et tout particulièrement les jeunes élèves, connaissent à l’égard de leur identité « troubles, inquiétude, et embarras » (p. 42). Mais ce trouble et cet embarras ne concernent pas que les jeunes. C’est la raison pour laquelle la Stratégie invite tous les immigrés à se libérer « de certains comportements, tel l’embarras, la perplexité, l’inquiétude, et la peur de manifester publiquement leur identité » (p. 87). Ceci est d’autant plus dommageable que, faute de connaître précisément leur identité, les jeunes – mais après tout pas seulement eux – courent le risque très grave de la violence ou de l’isolement : « nous sommes en face d’une identité sans référence, exposés à des bourrasques dangereuses susceptibles de la conduire vers la délinquance ou vers le refuge angoissant du repli et de l’isolement » (p. 89). « L’identité sans référence » est ce qui dit le mieux le grave danger qu’encourt l’Oumma. A terme, si on laissait se dérouler le cours des évolutions actuelles, cette identité serait réduite à la conscience de soi et à la seule perception de soi, de son individu propre, déraciné, mal nourri, dé-culturé : l’individualisme occidental aurait alors achevé son œuvre, ayant réduit l’identité à la perception psychologique que chacun a pour lui-même, ce dans quoi l’islam n’a pas place, sinon en étant complètement dénaturé.

Toutefois, en dépit de cette fragilité, les musulmans occidentaux restent profondément attachés à leurs racines : « Au moment même où ces communautés acceptent de s’intégrer socialement dans les pays d’accueil, elles refusent carrément d’abdiquer leur identité et de se laisser assimiler et fondre dans l’autre » (p. 14). C’est pourquoi, au moment d’aborder la définition des objectifs opérationnels de la Stratégie, les auteurs fixent comme le premier d’entre eux « l’affirmation de l’attachement à l’identité islamique » (p. 26), en s’adressant bien entendu aux communautés musulmanes occidentales. Celles-ci doivent impérativement entretenir et conserver cet attachement. C’est à cette seule condition, en « gardant leur identité » (p. 46), qu’elles éviteront des conflits culturels graves, pouvant aller jusqu’à la « dislocation de la personne » (p. 46). De nouveau la Stratégie insiste sur le fait que les musulmans ne peuvent envisager de vivre comme musulmans en dehors de l’Oumma, même fragilisée. La solidité de la communauté est la solidité de la personne. Si la première est atteinte, la seconde est détruite.

Extrait du livre de Jean-Frédéric Poisson, "L'Islam à la conquête de l'Occident : la stratégie dévoilée", publié aux éditions du Rocher. 

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