L’un des volcans actifs les plus dangereux d’Europe vous est probablement… totalement inconnu<!-- --> | Atlantico.fr
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Le volcan Marsili est situé à 175 kilomètres au sud de Naples.
Le volcan Marsili est situé à 175 kilomètres au sud de Naples.
©GABRIEL BOUYS / AFP

Monstre sous-marin

Le volcan Marsili, situé dans la Méditerranée à environ 175 km au sud de Naples, est le plus grand volcan actif d'Europe. Son éruption pourrait provoquer un tsunami destructeur.

Nicola Mari

Nicola Mari

Nicola Mari est chercheur postdoctoral en géosciences planétaires à l'université de Pavie (Italie). Ses travaux visent à révéler la géochimie de la surface des laves de Mercure et à calibrer l'instrument VIHI embarqué de la mission BepiColombo. Dans le cadre de son doctorat à l'université de Glasgow (Royaume-Uni), il a utilisé la géochimie sur des météorites martiennes (coulées de lave martiennes) pour révéler la température et la composition intérieures, les processus volcaniques et l'évolution planétaire de Mars.

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Atlantico : En 2019, vous avez publié une étude (ici, en anglais) sur le volcan Marsili, le plus grand mont sous-marin connu en Europe, situé dans le bassin Tyrrhénien, dans la Méditerranée. Votre étude explique qu'il existe une forte probabilité qu'il génère un tsunami volcanique dans un futur proche. Comment anticipez-vous ce phénomène ? Peut-on dater la menace ?

Nicolas Mari : L'évent du volcan Marsili se trouve à environ 500 mètres en dessous du niveau de la mer. Une éruption ne présenterait donc aucun risque pour la population qui vit sur les côtes tyrrhéniennes de l'Italie. Cependant, le véritable risque qui pourrait être lié au volcan Marsili est principalement lié à la possibilité de générer un tsunami volcanique en raison de l'effondrement d'un de ses flancs. Pourquoi ? Parce que ses flancs sont instables en raison de l'activité hydrothermale constante. La menace est donc élevée et pourrait survenir à tout moment. Malheureusement, il n'existe aucun moyen d'anticiper ce phénomène car l'étude et la surveillance des volcans sous-marins sont beaucoup trop difficiles et coûteuses par rapport aux volcans terrestres. 

Quelle serait la gravité d'un tsunami causé par le Marsili ? Des pays autres que l'Italie pourraient-ils être touchés ?

La seule façon de le calculer serait d'estimer le volume de la masse de matériaux qui serait déplacée par l'effondrement du flanc du bâtiment volcanique du Marsili. Là encore, pour les volcans sous-marins, ces estimations sont très difficiles. En outre, il est crucial de connaître la hauteur exacte de la vague du tsunami afin d'évaluer si elle pourrait atteindre les terres, et donc pas seulement les plages - cette hauteur dépendra de la masse de matériaux qui sera détachée des flancs du volcan. Mais on s'attend à ce que la vague du tsunami n'atteigne que les côtes tyrrhéniennes de l'Italie et pas d'autres pays.

Vous avez mené une analyse qualitative de la perception des risques qui a révélé le manque d'information des habitants de la côte vis-à-vis du volcan et des risques qu'il représente. Comment expliquez-vous qu'un mont sous-marin connu depuis plus d'un siècle par les scientifiques ne soit pas une préoccupation majeure pour la population, surtout si le risque de tsunami est élevé et a été souligné depuis des années ?

C'est une question difficile qui peut dépendre de plusieurs facteurs sociaux. C'est une mauvaise chose et cela est probablement dû au très petit nombre de campagnes de communication des risques en Italie. Cependant, en même temps, la population italienne n'est souvent pas bien éduquée ou intéressée par les conséquences des risques naturels.   

Que peut-on faire pour minimiser le nombre de victimes d'un éventuel tsunami dans cette région ?

La façon de réduire au minimum le nombre de victimes est de mettre en œuvre correctement un système d'alerte rapide aux tsunamis le long des côtes tyrrhéniennes du sud de l'Italie. Cela pourrait se faire, par exemple, en mettant en place une sorte de système dans lequel une bouée déclenchée par une vague de tsunami est reliée à un dispositif qui peut envoyer une alerte par SMS aux personnes vivant dans le sud de l'Italie. Une autre façon de minimiser le risque est de construire un système de protection contre les vagues sur les côtes ou d'installer des voies préférentielles pour courir/atteindre des terrains plus élevés (routes du tsunami) sur les plages. Enfin, des campagnes de communication et de sensibilisation au risque de tsunami doivent être menées en permanence.

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