L'UDI est-elle le parti qui travaille le plus en France en ce moment ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Le parti de centre-droit dirigé par Jean-Louis Borloo ne parvient pas à s’imposer dans le paysage politique français.
Le parti de centre-droit dirigé par Jean-Louis Borloo ne parvient pas à s’imposer dans le paysage politique français.
©Reuters

Besogneuse

L'UDI, le nouveau parti de centre-droit, se lance à l'assaut du pouvoir. L'ambition affichée de Jean-Louis Borloo : supplanter l'UMP. Mais quelle est la nature de son offre politique ?

Alexandre Vatimbella

Alexandre Vatimbella

Alexandre Vatimbella est le directeur de l’agence de presse LesNouveauxMondes.org qui est spécialisée sur les questions internationales et, plus particulièrement sur la mondialisation, les pays émergents et les Etats-Unis.

Il est également le directeur du CREC (Centre de recherche et d’étude sur le Centrisme). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages (dont Santé et économie, Le Capitalisme vert, Le dictionnaires des idées reçues en économie, Le Centrisme du Juste Equilibre, De l’Obamania à l’Obamisme).

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A l’ère du tout médiatique, il est indispensable d’exister à tout prix en faisant le buzz le plus souvent possible, surtout quand on a un handicap conséquent en matière notoriété. C’est le cas actuellement de l’UDI (Union des démocrates et indépendants), le parti de centre-droit et de droite modérée dirigé par Jean-Louis Borloo, qui ne parvient pas, pour l’instant, à s’imposer dans le paysage politique français. A sa décharge, l’absence d’élections en 2013 lui permet, sans doute, de se structurer dans le calme mais, en revanche, ne lui donne guère la tribune escomptée afin de se faire connaître et de faire connaître ses propositions à une majorité de Français.

Les interventions emphatiques, voire les gesticulations parfois surréalistes, de son président, prêt à ferrailler avec tout le monde, affirmant péremptoirement que l’UDI sera bientôt le premier parti de France ainsi qu’un parti de masse et donnant des leçons tant à la droite qu’à la gauche n’ont pas donné jusqu’à présent des résultats probants.

Quant au fameux "shadow cabinet" dont il avait promis de dévoiler la composition le 6 mai dernier, jour anniversaire de l’élection de François Hollande, on l’attend toujours…

Peut-être qu’à l’UDI on s’est rendu compte qu’installer, selon les indiscrétions de Paris Match, Yves Jégo comme contre-premier ministre et Hervé Morin comme contre-ministre des finances de ce contre-gouvernement n’étaient pas particulièrement glamour et risquaient de ne pas séduire beaucoup de Français…

On le voit, le chemin conduisant l’UDI au nirvana politique sera sans doute encore très long.

Son programme économique est à l’unisson de ces couacs. On allait voir ce qu’on allait voir, nous affirmaient les responsables de l’UDI. Il devait, selon le pacte fondateur du parti, "promouvoir une économie libérée des carcans pour une croissance équitable", ainsi que permettre de créer des emplois en provoquant "un choc de compétitivité pour l'industrie et les services par un allégement - transfert massif des charges sociales", tout en mettant en place "un Etat plus économe des deniers publics, une décentralisation maîtrisée et une réelle maîtrise des comptes".

Mais pour l’instant, pas de programme révolutionnaire à l’horizon, tout juste quelques propositions faites récemment dans le cadre de cette "union républicaine" inventée par Jean-Louis Borloo (qui n’est pas, a-t-il juré, une "union nationale", ni une opération marketing…) autour de "dix décisions vitales pour sortir de la crise" et d’un certain nombre de mesures qui leur sont associées.

Sensée attirer l’attention des médias, des politiques et, in fine, des électeurs, cette union républicaine semble avoir fait un terrible flop avec les réactions négatives du PS et, pire, l’absence de réactions de l’UMP, même si le calendrier proposé par Jean-Louis Borloo court toujours.

Parmi les dix thèmes retenus par l’UDI, certains ont un aspect économique: relancer la croissance; logement; fiscalité; retraite; dépenses publiques; formation professionnelle; Europe.

Cependant, la cohérence des mesures prônées semble avoir été largement sacrifiée pour plaire à toutes les composantes (n’oublions pas qu’elles sont huit!) de l’UDI. Car si l’ensemble de la formation de centre-droit s’est rallié à la rigueur, une partie, en revanche, milite pour une forte austérité alors qu’une autre est plutôt en faveur de mesures significatives de union républicaine.

Du coup, on aboutit à un vaste programme de relance de type keynésien (grands travaux, relance du bâtiment) et, dans le même temps, à un appel à réduire les déficits publics, donc un appel à la rigueur, de dix milliards d’euros par an…

En outre, L’UDI appelle à ne pas augmenter la fiscalité jusqu’en 2017 en France mais souhaite dans le même temps à la mise en place de plusieurs taxes au niveau européen (comme la taxe carbone aux frontières de l’Europe, celle sur les fiouls des cargos ou encore celle sur les transactions financières)!

Par ailleurs, les mesures ne sont souvent que des généralités ("prise de conscience" qu’il faut acheter français ou européen…) ou, au contraire, des micro-mesures dont plusieurs sont manifestement interventionnistes, donc un appel à plus d’Etat, donc des dépenses publiques en hausse (avec notamment la création d’une agence nationale de la formation professionnelle, d’une agence nationale de la rénovation thermique ou d’un établissement public foncier et le maintien de l’Agence nationale des services à la personne) le tout agrémenté de quelques cadeaux fiscaux (baisse de la TVA dans certains secteurs, défiscalisation des heures supplémentaires, prêts à taux zéro).

Sans parler de la constitution sous l’égide des instances européennes de "groupes industriels de taille mondiale" pour concurrencer ceux des Etats-Unis et de Chine.

On se retrouve donc face à des mesures qui, si on les prend une par une ne sont pas dénuées d’intérêt, voire de pertinence, mais qui sont inapplicables toutes ensemble au vu de la situation actuelle de l’économie de la France et/ou de leurs caractères antinomiques.

Voilà une sorte de quadrature du cercle qui laisse penser que le document a été élaboré à la va-vite et qu’il est plus un catalogue de propositions qu’un programme cohérent.

On est loin, en tout cas, d’une réflexion d’inspiration réellement libérale qui est pourtant le positionnement de l’UDI. Il faudra sans doute à cette dernière mettre à plat ce qui unit les différentes visions qui la traversent afin de rendre une copie plus sérieuse et plus crédible. Est-ce possible? Là est sans doute son défi principal…

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