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L’Oréal, Gucci, Hermès, LVMH, Danone... mais que font les entreprises françaises de tout l’argent qu’elles gagnent ?
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Atlantico Business

Alors que les résultats semestriels des grandes entreprises françaises marquent une fois de plus une progression des profits, beaucoup commencent à s’interroger sur ce qu’elles en font.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les résultats financiers des grandes entreprises françaises ont rarement été aussi florissants qu’au cours de ce premier semestre de 2018. Et cela dans presque tous les secteurs. Dans l'industrie automobile chez PSA groupe - Peugeot, Citroën - et Renault, dans l’industrie pétrolière, dans le luxe évidemment, dans les services, l'assurance et les banques et même dans l’agro-alimentaire.

L‘Oréal, par exemple, a surpris tous les analystes qui s’attendaient à de bons résultats, certes, mais pas à des croissances à deux chiffres, idem chez Gucci qui affiche une croissance de chiffres d’affaires de 44% pour ce premier semestre, trois fois plus fort que Louis Vuitton ou Hermès, avec des profits en hausse de 62,1%. 

Dans l’automobile, les deux constructeurs français ont battu leur record de ventes historique. Dans le pétrole, la hausse de l‘or noir a fait flamber les profits de Total, 28% de hausse au 1er semestre avec un résultat net de 6,3 milliards de dollars. 

Dans l’agro alimentaire, Danone a publié ce week end des résultats semestriels en forte progression grâce aux performances en chiffre d’affaires de sa nutrition infantile en Chine et à la solide progression de ses eaux. Mais aussi grâce aux efforts de compétitivité consentis depuis plus d’un an. 

Quand les chefs d’entreprise se plaignent que les entreprises sont mal aimées des français, ils ont raison mais ils sont aussi un peu responsables de ce désamour parce qu’ils n’expliquent pas clairement à qui revient le mérite de cette fortune retrouvée et surtout, ils n‘expliquent pas du tout ce qu‘ils font de tout cet argent. 

La saison des résultats semestriels devrait être une formidable période de pédagogie pour les clients, les salariés, les électeurs. Il n’en est rien ou presque. 

Le résultat, c’est qu’un certain nombre  de représentants politiques et syndicaux profite de ces publications pour rappeler une fois de plus que l’entreprise accumule les profits, au profit des actionnaires et des grands capitaines d‘industrie. Du coup, on voit arriver sur les plateaux de télévision, des pseudos politique d’extrême droite ou gauche qui viennent crier au complot et à l’injustice. 

Et pourtant les chefs d’entreprise seraient quand même parfaitement capables d’expliquer d’où vient l’argent que leur entreprise a gagné et ce qu’ils en font une fois qu’il est gagné

1er question : Mais d’où vient l‘argent ? L’argent gagné par les entreprises est la différence entre le produit de leurs ventes et les couts qu’elles engagent pour fabriquer et vendre. C’est tout simple, les enfants, qui dès leur plus jeune âge jouent à la marchande, savent cela. Les ventes globales dépendent de l’évolution des marchés et de la capacité de dirigeants à profiter de la conjoncture générale pour gagner en part de marché. Bref, l’argent gagné l’est aussi par des gains de productivité et de compétitivité. 

La grande majorité des entreprises riches sont sur des marchés qui progressent très vite et surtout qui savent mieux que d’autres, augmenter leur part de marché. La majorité des grandes entreprises françaises travaillent dans les pays émergents. 

2e question, Mais où va l’argent ? Vulgairement, on pourrait se demander « où va tout ce pognon-là » pour reprendre l’expression du président de la République. Cet argent n’est évidemment pas perdu ou jeté par les fenêtres. 

Théoriquement, il prend trois directions. 

D’abord une grande partie reste dans l’entreprise où il est investi dans des recherches de produits nouveaux, de process nouveaux et de marchés nouveaux. Normalement, il doit servir à l’entreprise pour financer ses investissements. Quand on regarde les chiffres du 1er semestre, le principal moteur de la croissance qui est un peu molle (moins de 2% sur l’année) c’est l’investissement.  

Ensuite, une autre partie du résultat va aux actionnaires sous forme de dividendes. Ils ont déjà été gâtés l'année dernière, ils le seront une fois de plus cette année. L’instauration de la flat tax, l’imposition unique de 13% sur les fruits du capital ont favorisé les distributions de dividendes. Que deviennent ces dividendes ? ils ne restent pas sous un matelas, ils sont recyclés dans la consommation (assez faiblement), ils reviennent dans le système de production via des souscription d’actions soit directement sur les augmentations de capital, soit par des achats en bourse, ce qui soutient les cours. La bonne tenue des indices sur tous les marchés prouvent que l’argent distribué revient dans le circuit de production. L’argent des dividendes revient dans la machine à produire de la richesse. 

Enfin, l’argent des dividendes devrait revenir en partie aux salariés si les outils de l’intéressement ou de la participation fonctionnaient très bien. Ils servent aussi à financer des augmentations de salaires pour attirer des meilleurs talents.

En clair, l’argent de ce premier semestre va d’abord en financement d’investissement. Et sans doute en épargne qui, elle s’investit en assurance-vie laquelle vient financer le budget. 

Par conséquent, les résultats d’entreprise de ce semestre montrent que la situation économique s’est très nettement améliorée, mais la majorité des populations n’en a pas profité. Le chômage n’a pas baissé, la consommation n’a pas progressé faute de pouvoir d’achat. Ce qui explique la grogne de l’opinion publique à qui on a beaucoup parlé de réformes, mais à qui on a présenté assez peu de résultats.  D’où la fragilité politique du président de la République. La promesse avait été entendue, elle n’a pas été encore tenue. 

Il faut qu’à la fin de l’année, cette amélioration de la conjoncture et de l’activité des entreprises se voient à trois niveaux 

Un, au niveau de l’emploi.

Deux, au niveau du pouvoir d’achat.

Trois, au niveau fiscal. 

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