L’informatique quantique pourrait révolutionner l’exploration spatiale<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
L’astrophysique, et par exemple l’étude des trous noirs, repose beaucoup sur des modèles mathématiques très poussés qui exigent une importante puissance de calcul (et donc aussi du temps).
L’astrophysique, et par exemple l’étude des trous noirs, repose beaucoup sur des modèles mathématiques très poussés qui exigent une importante puissance de calcul (et donc aussi du temps).
©DR

Prometteur

Le mariage de l'informatique quantique et de l'exploration spatiale est présenté comme extrêmement prometteur et pourrait remodeler notre compréhension de l'univers.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

Voir la bio »

Atlantico : Le mariage de l'informatique quantique et de l'exploration spatiale est présenté comme extrêmement prometteur et pourrait remodeler notre compréhension de l'univers. Comment ? Grâce à des calculs plus complexes ? 

Olivier Sanguy : En effet, grâce à la capacité de procéder à des calculs complexes et aussi plus rapidement. Lenjeu mathématique est parfois peu connu en matière dexploration spatiale, par rapport à celui du défi de la conception des engins qui a été plus plus vulgarisé. Mais lingénierie demande des calculs poussés bien sûr et accomplir des vols spatiaux aussi. Limportance de la puissance de calcul a donc toujours été présente et dailleurs le film Les Figures de lOmbre de 2016 évoquait ce sujet sur fond de discrimination raciale dans lAmérique des années 1960. On y suit la vie de calculatrices afro-américaines, appelées Human Computers, qui luttent pour être reconnues alors quarrivent à la NASA les premiers ordinateurs. Aujourdhui, la puissance informatique concerne aussi la capacité à gérer plus efficacement du Big Data, cest-à-dire les banques de données qui réunissent les observations de différents télescopes par exemple. Beaucoup de recherches en astronomie reposent sur le traitement et le recoupement de ces nombreuses données. Et là aussi, la puissance de calcul simpose comme un facteur primordial.

L'un des domaines clés où le potentiel de l'informatique quantique est évident selon les chercheurs, c'est l'optimisation des trajectoires dans l'espace. La planification d'itinéraires pour les missions spatiales sera plus efficace ?

Pour simplifier, je vais me permettre une comparaison un peu osée. Conduire vite sur un circuit est à la portée de tout le monde : il suffit dappuyer sur laccélérateur d’une voiture. En revanche, le faire sans sortie de route et avec la plus grande efficacité est une tout autre histoire. Et dans le spatial, tout se calcule avant, on n’improvise rien en matière de trajectoire. Au début de lexploration spatiale, on comptait sur la propulsion dun engin pour mener la mission. Cest toujours le cas bien sûr, mais on a aussi découvert quon pouvait utiliser le survol de planètes pour bénéficier de ce quon appelle une assistance gravitationnelle qui permet d’économiser du carburant (sonde moins massive au décollage, on lutte toujours contre la masse dans le spatial), voire carrément de rendre la mission possible. Des missions comme Pioneer 10 et 11 ou Mariner 10 lancées en 1972 et 1973 ont été parmi les premières à en bénéficier et cela demande des calculs complexes. Une puissance de calcul accrue grâce aux ordinateurs quantiques ouvre la voie à la prise en compte de plus de facteurs, au lieu de les simplifier, pour encore plus optimiser les trajectoires. Les rentrées atmosphériques, ce qui comprend le retour sur Terre dun vaisseau habité, font aussi appel à des modélisations mathématiques. Une puissance de calcul accrue grâce aux ordinateurs quantiques ouvre la voie à la prise en compte de plus de facteurs pour encore plus optimiser et sécuriser certaines étapes dun vol spatial (rentrée atmosphérique, atterrissage, descente sous parachute, etc.).

Autre point important : la réduction des temps de trajet. Est-ce que cela veut dire que nous allons pouvoir aller plus loin dans l'espace et plus vite ? Jusqu'où ?

Une trajectoire plus efficace peut se traduire par un temps de trajet plus rapide vers une destination donnée en effet. Mais attention, des calculs plus poussés et plus précis amèneront avant tout des optimisations. Si on souhaite réduire de façon très importante les temps de trajet, par exemple vers Mars en passant à quelques semaines au lieu de plusieurs mois, loptimisation dune trajectoire ne suffira pas : il faut une évolution notable ou une révolution en matière de propulsion. Par exemple, on mène depuis maintenant quelques décennies des études sur la propulsion nucléaire. Enfin, les ordinateurs quantiques à bord dengins spatiaux posent encore aujourdhui des soucis liés à lenvironnement spatial qui est très agressif (radiations notamment). Linformatique classique embarquée dans des sondes est dailleurs souvent dune performance inférieure à celle quon rencontre quotidiennement sur Terre, ceci, car on cherche surtout la fiabilité et une protection contre les radiations (les deux étant liés dailleurs). Pour optimiser les trajectoires, lordinateur quantique qui sera employé sera dans un premier temps bien à labri sur Terre dans des conditions idéales de fonctionnement.

Enfin, l'informatique quantique pourrait aussi améliorer notre compréhension de la physique fondamentale comme avec les trous noirs. Qu'en est-il réellement ?

Lastrophysique, et par exemple l’étude des trous noirs, repose beaucoup sur des modèles mathématiques très poussés qui exigent une importante puissance de calcul (et donc aussi du temps). Si les ordinateurs quantiques tiennent leurs promesses sur le plan opérationnel, la puissance disponible permettra de faire « tourner », pour ainsi dire, ces modèles plus rapidement et avec encore plus de précision. Cest aussi vrai pour la recherche fondamentale où les mathématiques sont également incontournables.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !